Du Tonc - Surging Memories ♫

On quittait donc le Pays de l'Herbe pour rentrer chez nous. Enfin. Je n'aimais guère me balader si sauvagement, et encore moins lorsque l'on frôlait ainsi l'incident. Je prenais malgré tout plaisir à être accompagné de Nëssa, mais il fallait bien l'avouer, ce n'était pas tellement mon genre de faire les courses. Durant ces deux longues années de tranquillité, j'avais pu m'adonner à des plaisirs plus quotidiens, plus normaux. Désamorcer ma haine et mes désirs vengeurs pour me concentrer sur des choses plus saines. J'avais par ce biais pris une certaine maturité, une prudence plus encline à l'analyse. J'avais toujours été plutôt impulsif, lorsque mon sang ne faisait qu'un tour dans mes veines, ma colère s'acharnait dans une rage aveuglante. Jusqu'aujourd'hui cela ne m'avait pas réellement porté préjudice, j'avais certes fais quelques mauvais choix mais je m'en étais toujours sortis. Chose à mette plus sur mon talent que sur la chance, mais comme tout, j'étais conscient que mes limites pouvaient être traîtres. Bien que je sois devenu plus sage et plus maître de mes émotions, il ne fallait pas oublier que la routine paisible de ces deux dernières années jouaient énormément, je ne savais pas comment je réagirais si on portait de nouveau atteinte à des choses qui me sont chères. Serais-je calme si on s'en prenait à Nëssa ? À la mémoire de mon clan ? Je ne pourrais vraiment le dire, après tout, j'avais encore un orgueil et une fierté à rude épreuve. Néanmoins, l'incident du jour avait réussi à montrer une chose, j'étais naturellement plus rapidement porté vers une solution posée qu'une explosion de colère. L'homme qui m'avait reconnu, il y a quelques années, aurai tété neutralisé d'une toute autre manière. Loin d'un aspect pacifiste et rusé, mais proche d'un excès de rage et de mépris. Au jour d'aujourd'hui, j'avais ce regard méprisant mais je savais contrôler ma rage et tout ça amenait une meilleure sûreté. Je n'étais plus seul, je n'avais plus besoin de sauvegarder uniquement ma survie, désormais, on comptait sur mon retour. Je me devais d'être prudent.

Ma mentalité avait donc évolué au fur et à mesure que mon entourage se déviait de ses habitudes. Je n'étais plus au milieu de mon groupe de vagabonds ou de ninja de Konoha. Je n'avais plus à faire semblant, je n'avais plus à retenir une affection par peur d'être faible, par peur de l'échec. Je me libérais doucement des étreintes d'une réserve autrefois prédominante. Je voulais apprendre, et j'essayais d'imposer cette voie à mon existence. On dépassait lentement les villageois, les routes, et on arrivait bientôt au sentier menant à notre cachette. Enfin seuls, nous n'avions plus à nous cacher, à baisser nos regards, à subir les regards accusateurs et jugeurs d'autrui. C'était encore quelque chose que je n'appréciais pas. Devoir être caché, restreindre ma liberté simplement parce que les autres, les paysans, les ninjas, tous, étaient bloqués dans une mélasse de mauvais jugements. Sans en souffrir réellement, passant plutôt dans une catégorie plus insouciante, j'avouais que l'irritation des regards trop insistants était tout de même bien présente. Et cela attisait doucement un mépris cynique face à ces êtres qui constituaient une humanité que je trouvais décadente et exécrable. Je voulais tout changer, vivre dans un monde qui me plaisait, qui ressemblait à mes rêves. Un Nouveau Monde qui était palpitant et apprécié, quelque chose d'utile, d'agréable.

On rentrait enfin chez nous, dans cette cachette qui avait été élu domicile depuis la fin de la grande guerre. Je partageais ma vie avec Nëssa et Madara, bien que nos liens soient différents, pour ne pas dire opposés, ils restaient les deux personnes faisant partie intégrante de ma famille. Nëssa avait ce rôle protecteur et valeureux, elle m'offrait le soutien, l'amour, la douceur et l'apprentissage d'une définition plus saine de la vie. Madara lui m'apportait l'exemple d'une puissance presque absolue. Ils étaient le jour et la nuit, et formaient à eux deux mon équilibre. J'étais encore jeune et j'avais long à apprendre. Comme une nouvelle mère et un ancêtre par association avec Nëssa en nouveau père, on était presque une famille nucléaire tout ce qu'il y avait de plus basique. Enfin, ce n'était que la forme, le fond était très loin derrière cette idée. Pépite s'installait sur le canapé, peut-être un peu las et sûrement peu intéressé par la fabrication du gâteau. Il le serait bien plus lorsqu'il faudra le manger. Pour ma part, j'attendais que Nëssa ordonne, chef cuisinière, je me plaçais automatiquement commis. Elle me demanda des tabliers, je cherchais un peu partout dans les placards, prenant les ustensiles qui me semblaient utiles et trouvait enfin les tabliers. Je n'en sortais qu'un pour le donner à Nëssa.

« Hors de question que je ne m'habille avec ça. »

Toujours un peu gamin capricieux, je réfutais l'idée de me vêtir d'un tablier. Essentiellement féminin, et encore bien placé dans cette idée pour moi, il m'était inconcevable de devoir le faire. Je reprenais, changeant de sujet, feignant l'intérêt.

« Bon, on commence par quoi ? La pâte ? »

Prenant en main un rouleau et la farine, j'attendais farouchement les indications, je n'avais jamais fais de gâteau. Et bien que je doutais que cela me soit réellement utile, je me disais que c'était l'occasion aussi de partager quelque chose avec Nëssa. Et surtout, de discuter un peu. C'est alors que j'entamais quelques petits trucs, rassemblant d'abord ce qu'elle avait entreposé, je m'aventurais ailleurs, juste un instant.

« Qu'est-ce qu'on fera, après ? »

Un peu plus sérieux, et le regard plus vague, mes actes se stoppaient u99instant. Je comprenais que ma question n'était pas claire, alors je reprenais avant toute réponse.

« Je veux dire, c'est comme ça que la vie va se poursuivre ? Tout abandonner et agir « normalement » ? »

Il était vrai que je me posais énormément de question sur mon avenir. Étais-je voué à faire des gâteaux dans une parfaite insouciance ? N'avais-je pas de rôle plus important ? Ne devrais-je pas réaliser mes rêves ou quelque chose qui sonnait comme ça ? Je me le demandais, et jusqu'à maintenant, Nëssa avait toujours été des plus attentives et des plus réalistes. Elle était de bon conseil, et son avis importait plus que tout. Je voulais avoir le fond de sa pensée.