- Ne bouge pas. Tu vas voir, je m'occupe de tout.

Ma bien-aimée s'est enfin endormie. Sa dernière nuit n'a pas été de tout repos, entre ses crises de somnambulisme et ses symptômes qui deviennent de plus en plus inexplicables. Elle parvient difficilement à rester sage au lit. Nëssa vient de fermer l'oeil. Je veille sur ma douce, m'assurant de son état. Assis sur le bord du meuble, mes yeux la scrutent de haut en bas. Ma légendaire pupille n'arrive pas à démasquer efficacement son flux de chakra. Impossible pour moi de savoir ce qui se passe à l'intérieur de son corps.

Hélas, inattendue présence d'une puanteur familière rompt mon moment de réflexion. Naotaka Shoryu, que fabrique cet idiot au centre de mon territoire? N'a-t-il pas compris la règle? C'est d'une insolence certaine qu'il pénètre chez le grand Uchiha Madara.

Prêt à lui refaire le portrait, je serre les poings de colère, mais redescends rapidement sur terre. Ma compagne vient de trouver le sommeil et il est hors de question de laisser qui que ce soit la troubler, surtout pas ce crétin de première. Je quitte silencieusement la chambre, tout en réfléchissant où cacher le futur cadavre du Tsuchikage le plus stupide de l'histoire.

- Silence.

Mon regard peu joyeux passe en vitesse sur le faux Hashirama, avant de se fixer vers le sale amant de ma femme. Aucun clone ne peut échapper au pouvoir de mes pupilles, et celui-là ne fait pas exception à la règle. Quel con! Décidément, les shinobis sont aptes à nommer n'importe qui en guise de leader du village.

- Tu es venu pour voir Nëssa?
Sache qu'elle dort en ce moment, alors ferme là.

Je croise les bras, tandis qu'une grosse peluche en forme de lapin captive mon attention. Compte-t-il l'offrir en cadeau à la belle? Et pourquoi une telle visite? S'il souhaite tant la rencontrer, il n'a qu'à attendre son tour.

Mon attention se porte sur la grosse peluche qu'il tient sous son épaule. Si ce n'est pas pour donner en cadeau à ma compagne, je ne comprends pas son utilité. Il est probable qu'il s'agisse d'une supercherie, bien que mon dojutsu ne détecte rien de spécial. Le nouveau Tsuchikage affirme que la belle lui a offert cela dernièrement. Ça me parait ridicule de se balader tout le temps avec un jouet dans les bras, tel un enfant de trois ans.

Mon visage reste de marbre face aux paroles débiles de l'amant de ma femme. Certes, je souhaite lui faire ravaler la monnaie de sa pièce, mais un sentiment d'une puissance inimaginable m'en empêche. Nëssa, encore et toujours, revient au centre de mes obligations. Moi qui m'est juré de ne jamais franchir des pas de travers quand une chose la vise personnellement, la mort de Naotaka via mes propres mains ne m'attirerait que des problèmes embarrassants auprès de la demoiselle de mon coeur.

Je serre les poings afin de contenir la gamme d'émotions négatives qui me passent par la tête et mes yeux affichent malgré tout une mine sévère.

- Toi, discuter?

Cet abruti s'invite dans mon domaine sans même avoir la bonté de cogner à la porte et il espère pouvoir bavasser avec moi en toute tranquillité? Une seule envie : le tirer par la fenêtre. Du calme Madara, ne cède pas à la colère, pas devant lui

Grâce à un mystérieux miracle, ma haine s'apaise et laisse sa place bien chaude à de la curiosité. Cet homme qui est loin de m'apprécier me propose soudainement de régner sur un tout Nouveau Monde. Il me prend pour qui, celui-là? Un idiot? Ma confiance ne sera pas facile à obtenir. Pour le moment, il me raconte des histoires un poil difficiles à envisager.

Je décide d'adopter un ton narquois et un léger rictus surgit d'entre mes lèvres. Il ne manque pas de courage à me regarder ainsi dans le blanc des yeux, signe qu'il est sérieux au sein de ses paroles et qu'il n'a surtout rien a perdre. Le moindre faux pas lui coûtera l'inestimable.

- J'ai du mal à te croire. Qu'as-tu derrière le crâne, Shoryu?

Mon regard dérive quelque peu vers la pièce où sommeille ma douce moitié. De mes yeux capables de percevoir les chakra au travers de plusieurs types d'obstacles, je peux alors m'assurer que tout se passe bien de son côté.