La délicatesse d'un décor peu déformé par les activités humaines, encore occupés à se sortir du poids des grandes nations pour s'en prendre à ces paysages. De l'herbe, des fleurs, des arbres et une faune sauvage propre à ses conditions ... Le genre d'endroit idéal pour combler l'exigence de ma requête, m'étant auparavant enquis de la méthode à employer ou plutôt à suivre sans m'y borner. Plus que le calme et l'absence de mes semblables, l'intérêt se situait dans l'élimination des perturbations relatives à l'esprit, afin de débuter le perfectionnement sur les bases de la raison. En soi, même une foule portée par le même élan de sagesse exposerait des qualités identiques ; Concept malheureusement trop loin encore de nos habitudes de vie. En ce sens, l'objectif de mes nombreux détours ces dernières années convergèrent tous vers cette unique aspiration, de détruire lentement l'être conditionné et d'y induire la connaissance pure, non de tel ou tel élément, mais de l'ensemble.

Ma silhouette prospérait dans la position du lotus, assit sur un lit de verdure agréable avec au creux de mes cuisses l'imbrication de mes deux mains, l'une posée sur la paume de l'autre. Tout autour affluait les mouvements perpétuels d'une existence presque innocente, sans impliquer la moindre gêne. En effet, contrairement aux tourmentes des primates à notre image, ce flot continu se limitait à balayer mon individualité sans y entrer en conflit. Que ce soit le vent effleurant la peau, l'eau humidifiant l'air ou les insectes de passage, nulle inquiétude à ce sujet, sauf si mes pulsions menaient à y nuire ... Une règle imposable à chacun d'ailleurs. Les menaces à craindre appartenaient plutôt à mes congénères. Du moins, sous les limites de la cohérence ou de la destinée incombant à l'univers en général. C'était bien le point de départ à cette initiative de méditation ne se suffisant point au silence et l'apparence.

La finitude s'avérait insatisfaisant au fil des jours, à l'instar des créations issues de nos pensées instables. Là, perdu au milieu de ce coin paradisiaque, avec cette baisse de garde évidente, milles morts risquaient de m'atteindre à la moindre seconde. Des situations qui défilaient très rapidement le long d'une riche imagination, avec à la clef l'indifférence mondaine. Oui, la possibilité persistait. Pourtant, l'idée n'effrayait plus cette âme imperturbable. L'intime conviction présente en mon coeur m'éloignait des tourmentes de l'absurde, puisque d'après ce postulat, l'ordre supérieur de sentir le monde environnant pouvait aussi cesser d'un instant à l'autre. Une inconnue l'en empêchait, non traitée à ce stade. Dorénavant conscient, ces paupières s'éteignaient lourdement, afin d'entamer le contrôle de soi, d'arrêter de se diluer et donc de se concentrer ...

Le niveau initial dans cet exercice consistait à se rendre compte de sa véritable nature, celle de toute chose liée au domaine du matériel, ceci afin de combattre les traces de l'ego. Une étude simple y menait aisément ... À commencer par cette tenue assez représentative de l'image transmise aux autres. Rien de bien particulier n'ornait les contours de ma consistance charnelle, partagée entre un haut noir et un bas blanc. Juste la cape et les bandages sur mon faciès étaient de mises quant à ne pas attirer l'attention, déployés particulièrement lors de longues expéditions. Il en valait mieux ainsi, histoire de ne pas provoquer les désirs inutiles à la rencontre de populaces peu connues. Mais à mieux s'y attarder d'une observation davantage pertinente, sa constitution réservait un principe élémentaire : Ce qui portait la dénomination de tenue n'existait pas véritablement, impossible à être extrait en un seul bloc palpable. L'objet découlait d'un ensemble de vêtements.

L'on recommençait enfin pour ces vêtements. Un ensemble de tissus aux formes précises laissant paraitre le résultat, encore impossible à être extrait en un seul bloque palpable. Ainsi de suite. Puis, mon esprit patient et méthodique venait à l'appliquer sur cet amas de composant organique censé être le corps. Puis ces organes, puis ces cellules, ainsi de suite. D'un coup, à me réciter cela en une succession de déductions, le déclic s'établissait, libérant l'esprit de sa torpeur usuelle. La conclusion finale s'exprimait de façon évidente dès à présent, au point de jaillir de mes lèvres.

« Ce nom n'existe pas. Ce corps n'existe pas. Seul les sens affirment une existence physique erronée. Le corps n'est pas. »

Peu à peu, la logique s'approfondissait de fondations immuables. En effet, sans la dépendance et la subjectivité des sensations, les objets que nous considérions ne semblaient pas posséder de nature propre. De cela, la prochaine étape concernait les sens en eux-mêmes ...

Depuis un certain temps, le quotidien de la belle était, disons... bouleversé. Non pas par de mauvaises choses, mais par des trucs qu'elle trouvait agréables. Malheureusement, tous ces éléments-là se pointaient au même moment. Dans un futur proche, Nëssa devrait sûrement faire des choix pas toujours amusants. Eh oui, Madara et Naotaka étaient finalement revenus d'entre les morts. La kunoichi aimait indéniablement les deux hommes. Néanmoins, ils ne parvenaient pas à bien s'entendre, aucune harmonie ne semblait être possible. Ils désiraient s'entretuer pour ces raisons idiotes... À vrai dire, la beauté ne comprenait pas la psychologie du sexe opposé. Comment des shinobis aussi puissants qu'eux pouvaient s'en vouloir à mort, tout cela à cause d'une fragile et faible femme ? Bref, cette histoire de triangle amoureux commençait à l'énerver. Elle ignorait quoi faire exactement et comment gérer ses émotions. Devrait-elle tout abandonner et s'enfuir avant que quelqu'un ne soit blessé trop gravement ? Pourquoi était-ce si difficile d'agir de la bonne façon ?

Perdue à l'intérieur de ses éternels songes, la demoiselle réfléchissait sans cesse à cet affreux dilemme qui la tourmentait autant. Elle ne souhaitait clairement pas être la source de divers problèmes. M'enfin, peut-être qu'elle se blâmait trop. Nëssa croyait être la cause première de cette guerre ridicule entre les deux hommes de sa vie, alors qu'il y avait probablement d'autres choses en jeu, mais quoi ? Un grand nombre de gens racontaient que les embrouilles de coeur ne sont que des mésaventures de filles stupides. Hélas, non. Les malaises de la -centenaire- étaient beaucoup plus complexes que ça ! Il s'agissait bien sûr de l'histoire de toute une existence, loin d'une simple amourette d'adolescence... La dernière survivante du clan Eikaeiën devait faire très attention à ses futurs choix et surtout ne pas nuire à ses précieuses valeurs. Sans qu'elle ne le réalise, la kunoichi essayait de rendre tout le monde heureux, laissant sa propre personne un peu en retrait. À ses yeux, il n'y avait rien de plus important que le bonheur d'un individu aimé.

Seule, la femme aux prunelles sanglantes n'arrivait pas à déceler une solution potable, car malgré ses nombreuses années d'expérience au sein de la matière, elle restait toujours aussi ignorante. Le légendaire Uchiha avait constamment pris soin de sa tendre, il s'occupait de tous les petits détails pour qu'elle se sente à l'aise et comme chez soi. Donc, aujourd'hui, c'était normal que la belle éprouve du mal lorsqu'il n'est pas présent afin de prendre les choses en main. Sa dépendance envers lui ne pouvait pas être calculée, tellement qu'elle était immense. Tout, TOUT, ce qu'elle entreprenait tournait autour de son homme. Jadis, personne n'aurait pû croire que cette jeune fille aux allures rebelles se transformerait en une telle femme... Incapable de décider en solitaire, la beauté envisageait peut-être d'aller recueillir des avis extérieurs et neutres. Ces terres étaient hyper peuplée, alors il y avait sûrement au moins un individu possédant les moyens de l'assister. En tout cas, elle ne perdait rien à essayer.

Histoire de trouver des réponses à ses questions, la séduisante femelle prit la décision de s'exiler pendant quelques jours, loin de tous ces gens. En ce moment même, elle marchait sur ces plaines-là. Le grand air l'aidait réellement à mieux aller et à faire le point sur ses pensées. Malheureusement, ce calme ne pouvait pas durer encore longtemps ! Accompagnée de son cher Pépite, ça paraissait évident que la situation allait bientôt basculer.

Puis, soudain, le gros matou blanc remarqua quelque chose, à plusieurs mètres de là. Comme d'habitude, il partit à courir dans sa direction. PAF ! Le tigre bondit, sans aucune hésitation, sur l'homme visiblement en train de méditer. Bon sang ! Pourquoi la créature se comportait-elle toujours d'une telle façon avec les parfaits inconnus ? Paniquée, Nëssa se précipita vers la scène du désastre, espérant que l'étranger ne soit pas blessé ou troublé psychologiquement. Vêtue d'une jolie robe cocktails violette mettant parfaitement en valeur ses divines courbes, la belle n'avait physiquement rien d'une ninja.Toutefois, la quantité de chakra présente à l'intérieur de son corps pouvait la trahir si jamais son partenaire possédait des dons de type senseur. « Pépite arrête ça ! Ce n'est pas gentil. Oh Monsieur, je suis désolée ! Il est un peu stupide, mais ce n'est pas une mauvaise bête. », dit-elle, un peu affolée par la situation actuelle. Comment son interlocuteur allait-il réagir ?