Rien de mieux que d'être chez soi

Voilà quelques mois que la quatrième Grande Guerre était terminée. Les terres dévastées se faisaient remodeler, les villages détruits se reconstruisaient, la population entière se mobilisait pour se relever de cette épreuve… La paix régnait, mais pour combien de temps? Cette question tracassait Sasuke depuis peu, étonnant n’est-ce pas? Il avait connaissance que les démons à queue vagabondaient à l’heure actuelle, les ayant vus se libérer de la statue d’Obito. Il considérait cela comme une abomination, et plusieurs partageaient sa vision. Cela l’inquiétait grandement de les savoir quelque part, quand abattraient-ils leur courroux? L’ébène tentait donc de trouver des informations à ce sujet, toutefois rien de très concluant ne lui était parvenu. De ce fait, il partait souvent de la maison dans laquelle le trio avait établi résidence. Sa vision sur le monde changeait lentement. Isolé dans son coin, il pouvait y songer, tranquille. Seuls Nëssa et Madara traînaient avec lui, heureusement le couple ne s’imposait pas à lui, ne le dérangeait pas outre mesure. Leur compagnie lui paraissait donc agréable pour cette raison. D’ailleurs, aujourd’hui, il se trouvait avec eux, à leur domicile. En fait, à l’extérieur, il admirait le paysage. Après tout, c’était l’un de ses passe-temps favoris. Tâchant de ne penser à rien, ses orbes sombres allaient et venaient sur le décor paisible qui le bordait. Décidément, ils avaient choisi un excellent lieu pour habiter, loin des regards indiscrets, loin du reste de la civilisation. La nature demeurait reine de l’endroit, parfait ainsi.

En dépit des efforts mis, le plus jeune Uchiha ne parvint pas à calmer ses songes. Il s’interrogeait beaucoup sur son avenir, sur ses prochaines actions et ce qu’il devait faire pour son projet. L’adulte trouvait qu’il prenait trop son temps, que tout était long, néanmoins il avait conscience que précipiter les choses ne lui apporterait rien de bon. Ce genre de réflexion le faisait inévitablement serrer des dents. Déjà, il s’était senti un peu inutile durant la bataille décisive, incapable de mettre fin à cette guerre par ses seuls actes. Voilà que maintenant son nouveau monde devait attendre, et qu’en plus il devait obtenir de l’aide pour l’accomplir… Sa récente escapade le lui avait bien démontré. En effet, il rentrait chez lui complètement bredouille. Contacter Orochimaru constituait une idée qui germait dans son esprit, seulement il possédait encore un minimum de logique pour se dire que c’était complètement stupide, surtout trop tôt. La patience ne représentait pas son point fort, il lui fallait davantage travailler là-dessus. Pourtant, de son vécu, il savait pertinemment que toutes actions irréfléchies l’avaient mis dans une sale galère, bien que chaque fois, par miracle, il s’en était sorti. Pousser sa chance pourrait lui jouer un mauvais tour. Sérieusement, même en se remémorant cela, il continuait de désirer ardemment tout mettre en œuvre vite…

Dure réalité qu’il souhaitait oublier pour l’instant. Après tout, ça faisait quelques jours qu’il n’avait pas vu Nëssa, et il voulait la trouver. Sans doute était-elle à l’intérieur. Être senseur l’aiderait grandement à chercher moins longtemps. Pourquoi fallait-il qu’il ne possède pas ce don? Bref, à pas lents il se dirigea vers la porte coulissante style japonais, l’ouvrit ensuite presque sans faire de bruit. Non pas qu’il ne souhaitait guère que les occupants l’entendent arriver, ça n’était tout simplement pas son genre que de faire des entrées remarquées. Le ténébreux retira ses sandales, puis se déplaça avec aisance dans cette habitation. En passant devant sa chambre, il constata sans surprise qu’elle était telle qu’il l’avait laissé à son départ. Rapidement, l’héritier de son clan déposa sur une quelconque commode ses armes, puis entreferma la porte avant de changer de vêtement. Il opta pour un simple kimono entièrement noir. Prêt, il avait en tête de se nettoyer, un bon bain serait relaxant, lui permettrait de s’évader de ses questionnements l’espace de quelques minutes. C’est donc dans cet esprit qu’il sortit de sa chambre, se dirigeant machinalement vers sa destination qui lui faisait bien envie. Le déserteur de la feuille y serait sans doute parvenu s’il n’avait pas au détour failli renverser la pauvre kunoichi aux longs cheveux blancs. La surprise apparut durant quelques secondes sur son facies, avant qu’un fin sourire ne se forme. Maintenant plus grand d’une dizaine de centimètres qu’elle, il se recula de deux pas afin de ne pas la regarder de haut. Il prit la parole le premier.

-Nëssa, je suis rentré, annonça-t-il simplement, bien que cela soit un peu stupide.

Certes, elle constatait bien à ce moment son retour, mais il ne savait pas trop quoi dire d’autre. Puis, le nukenin se souvenait à la perfection que ça fonctionnait ainsi dans la maison de son enfance, avant que le drame ne s’abatte sur eux. Il y avait un peu de nostalgie sous cette manie, il ne voulait pas s’en départir. Ses yeux noirs l’observèrent alors, cette femme si délicate. La revoir lui apportait toujours autant de sérénité, comme si ses plans se taisaient dans son esprit, comme si la normalité d’une famille sans tracas existait pour lui. Cependant, il constatait bien que la belle ne semblait pas être au meilleur de sa forme. Était-ce encore cette maudite maladie qui la rongeait? Parfois, Sasuke regrettait vraiment de n’être allé à Konoha comme prévu, ou bien de ne pas avoir protégé plus que ça Tsunade lors du combat contre Obito et son armée. Désormais, l’ex-Hokage gisait dans un coma duquel les chances qu’elle en revienne s’amincissaient de jour en jour… Personne d’autre ne pourrait aider Nëssa, et cette réalité le rendait malade. Une fois de plus, par son idiotie, un proche en souffrait. Quand est-ce que cela cesserait enfin? Son regard devait s’être fait plus dur, son sourire fana légèrement. Il eut un mouvement, son bras droit s’était élevé, comme pour la toucher, se réconforter aussi lui-même, mais il laissa tomber le projet, comme si tout son courage s’évaporait. La malédiction des Uchiha semblait tout à coup assez réelle, y mettre fin pressait.

-Tout va bien? demanda-t-il, à voix basse, contrastant fortement avec le ton de ses pensées.

Ce n'est pas moi...

Nul besoin d’être ninja médecin pour constater que Nëssa n’allait pas bien. Son état semblait franchement pire qu’il y a quelques jours lorsque Sasuke quitta pour sa quête d’information. À la voir ainsi, il regrettait de l’avoir laissé, de n’avoir été là pour elle. Quel idiot il faisait! Ses projets seraient donc inévitablement reportés, mais qu’importe, ça ne le gênait pas outre mesure. À partir d’aujourd’hui, et ce jusqu’à ce qu’elle aille mieux, l’ébène choisit de rester à la maison, afin de prendre soin de la belle. Certes, il ne serait sans doute pas des plus utiles, seulement le jeune adulte pourrait accomplir certaines tâches pour l’aider. Cuisiner, ranger, s’occuper de l’extérieur, la déplacer lorsqu’elle en aurait besoin… Il le voyait bien, elle tremblait, peinait à tenir debout. La kunoichi ne pourrait pas le tromper sur ce point. L’inquiétude augmentait à mesure que les secondes défilaient, pour atteindre un point culminant quand la détentrice du meiton ouvrit la bouche. Cette dernière ne le reconnaissait pas, le confondant avec Madara! La stupéfaction le gagna totalement, une gamme d’émotion le traversa, puis il tenta d’en faire le tri avant d’être submergé. L’Uchiha avait peur pour cette femme qu’il voyait comme une mère, comme une protectrice, quel serait son avenir si sa maladie continuait sa progression? Il ne voulait pas la perdre, oh non! Il avait besoin de se rassurer sur ce point. Néanmoins, un pic de jalousie vient également pointer le bout de son nez. Il aspirait d'être reconnu pour qui il est, non pas pour une quelconque ressemblance avec le ninja légendaire. Blessant que de toujours être comparé, que de porter ce poids sur ses épaules. Le considérait-elle seulement pour ça? Cette question persisterait sans doute pour toute son existence…

Bref, prenant conscience de son temps de réaction extrêmement lent, il lui fallait maintenant agir. Les interrogations et les paroles exprimées par Nëssa l’avaient un peu troublé. Si seulement elles lui étaient réellement destinées. Il ne resterait plus si loin, il serait prêt à lui dire ce qu’il faisait de ses journées, si seulement… Le ténébreux vivait un tel malaise, comme presque jamais il n’en avait eu. Ça le déroutait, ses propres réactions, ses propres pensées. Il souhaitait que tout s’arrange, pratiquement qu’un miracle ne s’abatte… Impossible avec lui dans les parages. Sa courte vie se résumait bien à un mot : misérable, ou peut-être bien maudite. Pourquoi est-ce que le destin s’acharnait sur eux? L’héritier de l’éventail mit enfin fin au fil chaotique de ses songes lorsqu’il prit conscience que son interlocutrice ferma les yeux, s’adossant contre le mur. Le simple effort de se lever semblait l’avoir totalement épuisée. Son instinct le poussa à faire quelque chose, de sans doute stupide, mais le temps pressait. À la remarquer ainsi, il s’était rapproché, au point que son corps touchait celui de la femme. Un doux murmure s’éleva alors de ses lèvres, se nichant presque directement dans l’oreille droite de la belle.

-Accroche-toi à moi, je te ramène dans ta chambre.

Le voir attentionné de cette façon relevait du domaine de la rêverie pour le commun des mortels. Toutefois, dans cette maison, il se permettait d’être moins sévère, surtout à l’égard de celle qui l’avait recueilli comme son fils. Sasuke serait bien ingrat de ne pas se montrer sympathique envers elle. Il l’aida à passer ses bras autour de son cou, ce à quoi elle n’opposa aucune résistance. Évidemment, puisqu’elle le prenait pour son chéri. Ça avait le don de laisser un arrière-goût amer pour le noiraud. Bref, il parvint à la soulever sans mal, Nëssa n’était vraiment pas lourde. Il fit le trajet doucement, tâchant de ne pas trop la brasser. Arrivé, il la déposa délicatement sur son lit. Où était donc Madara, alors que sa tendre avait besoin de lui? Qu’avait-il de plus important à faire? Si depuis les quelques jours de son départ elle était devenue si faible, il devait l’avoir constaté lui également. Tout ça intriguait fortement notre héros. Seulement, il analyserait la question plus tard. Avant qu’il ne se produire une stupidité, il valait mieux faire comprendre à la kunoichi qu’il n’était malheureusement pas celui qu’elle pensait… En arriver là démotivait l’ébène. Malgré ça, il se pencha au-dessus d’elle, puis lui parla à nouveau à voix basse.

-Tu peux te reposer maintenant... Madara n’est pas présent, c’est moi, Sasuke.

L’Uchiha souhaitait que ses mots suffisent afin qu’elle se rende compte de qui elle avait en face. Ses sens devaient être hautement affectés pour qu’elle ne puisse faire la différence. Certes, leur chakra et leur physique se ressemblaient un peu, cependant pas au point de confondre ainsi, pas pour un senseur aussi doué que Nëssa. Il espérait vraiment qu’elle retrouve ses esprits, que la brume qui l’aveuglait s’évapore. En attendant, le survivant du massacre de son clan décida de poursuivre la conversation. Arriverait-elle à suivre le mouvement? Aurait-il dû lui laisser plus de temps avant de s’embarquer sur du sérieux? Ça, il le constaterait bien assez tôt.

-Si tu as besoin de quelque chose, dis-le-moi, mais… c’est ta maladie qui te met dans cet état? demanda-t-il, sans grande conviction d’obtenir tout de suite une vraie réponse.

Sa main droite alla se déposer délicatement sur le front de son interlocutrice, ce petit contact le rassura, bien qu’il cherchait par la même occasion à voir si elle faisait de la fièvre. N’étant pas médecin, il ne saurait que faire après son bilan. Le nukenin tentait juste de se rendre utile.

Blessé

Son constat n’était pas des plus rassurants… L’inquiétude ressentit jusqu’à présent ne fit qu’augmenter drastiquement. La femme qu’il venait de déposer dans son lit n’allait pas bien. Même, affirmer cela n’était pas suffisamment puissant pour décrire son état. Comment avait-ce arriver si rapidement? Le regret d’être parti l’empoignait fortement, de même que la culpabilité associée. Certes, un jeune dans son genre ne pouvait pas s’empêcher de vivre, de quitter quand cela lui chantait. Néanmoins, puisqu’il avait conscience de la précarité dans laquelle se trouvait Nëssa, il ferait plus attention. D’ailleurs, dès que Madara mettrait les pieds dans la maison, il projetait de lui parler, d’homme à homme. Il ne fallait plus laisser la maîtresse de Pépite seule, jamais. Pour cela, il suffisait que les deux discutent, prennent le temps de partager leur expédition à l’extérieur. Simple comme bonjour, toutefois très efficace! Minimiser le danger qu’elle se blesse, qu’elle fasse des efforts non nécessaires, voilà ce que Sasuke avait en tête. Vivement que son ancêtre revienne afin qu’il lui expose ses idées. Bref, pour le moment, il devait se concentrer sur sa malade. Sa main paraissait froide sur le front de la belle… la fièvre n’était pas des moindres. Peut-être que des compresses la soulageraient, ou bien des médicaments. Y en avait-il non seulement dans la maison? Devait-il la couvrir avec les fins draps ou cela ne ferait qu’empirer le tout? En fait, son esprit s’emballait puisqu’il ne savait pas du tout quoi faire. Le déserteur de la feuille se retrouvait dans une situation bien délicate qu’il ne maîtrisait pas. La peur s’insinuait dans ses veines, une peur comme peu il avait pu en vivre. La possibilité de perdre un proche le faisait toujours réagir au quart de tour.

Étonnamment, ce fut son interlocutrice qui arrêta ses songes chaotiques, avec ses paroles. Elle s’excusa tout d’abord, affirmant qu’elle ne désirait point l’importuner avec ses problèmes… Au contraire! Le noiraud se montrait tout disposé au dialogue, brûlant d’envie de savoir. Si seulement il connaissait la suite d’avance, probable qu’il aurait souhaité faire la sourde oreille. Le ténébreux s’installa à ses côtés, assis sur le bord du lit. Sa main glissa, allant délicatement poser le bout de ses doigts sur ceux de Nëssa. Trop timide pour affirmer une meilleure prise que cela, il lui laissa le choix à elle de s’accrocher par ce simple touché. La kunoichi ferma à cet instant les yeux. Il se plut à croire que ça en était la raison, cependant il n’était pas idiot. La fatigue se faisait trop forte pour elle. S’endormirait-elle? Si oui, il resterait à ses côtés pour la surveiller. Pensant ainsi, l’ébène fut surpris lorsque sa voix faible retentit de nouveau. Ce qu’elle affirma, par contre, eut l’effet d’un poignard au cœur… Son facies changea du tout au tout, pour passer par un air complètement béat, mutant en tristesse, avant qu’inévitablement, une colère et une haine sourde ne surgissent. Ces émotions n’étaient pas dirigées contre elle, plutôt contre la situation, contre le destin, contre ceux qui s’acharnaient sur lui. Pourquoi dès qu’il touche un bonheur tout s’écroule? Non, y croire serait de renoncer, et un Uchiha n’abandonne pas. D’ailleurs, Madara semblait partager son point de vue, puisque la raison de son absence se trouvait dans la quête d’un remède. À deux, se relayant, parviendraient-ils à mettre la main sur quelque chose de concluant? Sasuke le voulait de tout cœur.

-Il est hors de question que tu meures, Nëssa. Nous ferons tout pour toi!

Sa voix tremblotait, puisque des larmes s’écoulaient sur ses joues. Il avait beau être un criminel, avoir tué de nombreuses personnes, être à l’origine de plusieurs émois dans ce monde, le survivant du massacre de son clan n’en demeurait pas moins humain. S’attaquer aux gens qu’il aime déclenche de vives réactions. Sa main avait d’ailleurs un peu plus enserré les doigts de cette femme qu’il voyait comme une mère. Il serait là, toujours auprès d’elle. Quand cette mauvaise passe deviendra un souvenir, la belle continuerait de sourire et de rire. Impossible que tout se déroule différemment. À ce moment, Pépite fit son entrée dans la pièce. Comme pour se rassurer, l’Uchiha le laissa venir près de lui, tandis que son autre main se nicha instantanément dans l’épaisse fourrure de la bête. Lui aussi semblait inquiet. Après tout, il partageait un lien spécial avec sa créatrice. Cette technique devait être la mieux placée pour connaître l’état de la compagne du ninja légendaire, donc la voir ainsi confirma un peu tout le reste précédemment mentionné. Le comble fut lorsque Nëssa exprima son souhait que son mari soit gentil envers le dernier descendant de sa lignée. Non, ils ne seraient pas qu’eux deux! Impossible! L’impulsivité le gagna à cet instant, lui qui tâchait de demeurer calme et maître de la situation. Lamentable échec quand il se leva, lâchant et le tigre et son amie. Bien que ses pleurs ne s’étaient pas entièrement tus, il scanda de vive voix le fond de sa pensée.

-Tu ne peux pas abandonner! Tu ne peux pas me laisser! Tu vas guérir, ça ne peut pas être autrement! Après ses paroles, il se mordit la lèvre inférieure. C’était stupide de s’emporter ainsi, ça ne réglerait rien. Ça, Sasuke en avait bien conscience, néanmoins il ne contrôlait plus rien. Au moins, il parvint à reprendre plus calmement. J’ai besoin de toi, tu es importante pour moi… bats-toi…

La demande était très faible, la force de crier s’était évaporée à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Que pouvait-il faire? Encore une fois, son impuissance l’enrageait. Face à ses ennemis, l’issue paraissait claire. Aujourd’hui, devant ce problème, rien ne l’était. Serrant les poings, en dépit de son envie de trouver une solution, de son envie de se combattre à sa place, il ne pouvait qu’assister à la déchéance de la première femme qui avait su capter son attention depuis sa propre mère… Quelle désolation!

Douceur

Il y avait une forte part d’égoïsme dans les paroles de l’ébène. Il aimait Nëssa, ne voulait pas la perdre, mais il ne se souciait pas réellement de ce qu’elle pensait, ne cherchant pas à le lui demander. Il ne se voyait pas continuer si elle partait. Par contre, la belle semblait si résolue face à son destin tragique… apaisée même. Ça devait être difficile que de survivre avec une telle maladie, devenir de plus en plus faible au point de ne plus pouvoir simplement se lever de son lit sans un grand effort. Il ne comprenait pas ce que c’était, cependant, s’il prenait la peine de s’imaginer à sa place, alors sa perception pourrait fortement changer. En fait, l’exemple que le ténébreux aurait pu employer est lorsqu’il faillit se rendre aveugle suite au combat l’opposant à Danzô. L’utilisation abusive du Mangekyo sharingan, son arme la plus puissante, aurait pu à jamais éteindre sa lumière. Qu’est-ce qu’un Uchiha dépourvu de ses yeux? Rien du tout, un ancien guerrier seulement inutile. Possible que la kunoichi se soit sentie ainsi, il y a quelque temps. Aujourd’hui, elle semblait résolue et ça blessait le pauvre jeune adulte qui ne savait plus comment y réagir. Lorsque Sasuke ne maîtrisait plus la situation, bien souvent ses émotions prenaient le relais. L’ex-Konohajin se trouvait un peu idiot d’avoir agi de la sorte, mais il n’y pouvait pas grand-chose. Visiblement, le clan de l’éventail possédait des hommes proches de leur sentiment, au point que c’était ça, leur moteur pour progresser. L’amour, la haine, un fil les séparaient, trop d'êtres chers et en même temps si éloignés…

La culpabilité fit davantage son chemin lorsque Nëssa s’adressa de nouveau à lui, s’excusant. Décidément, elle le faisait beaucoup trop souvent, et de son côté trop peu. Elle n’avait pas à le faire, c’était lui le crétin qui s’énervait facilement, ne se souciant pas des souhaits des autres, ne pensant qu’à son nombril. Certes, devoir affronter la mort d’un proche lui faisait terriblement peur. Sans elle, vers qui se tournerait-il? Sur le coup, l’Uchiha ne put y trouver une réponse. Néanmoins, certaines paroles de son aîné lui revinrent en tête. Retourner à Konoha? Est-ce que le village serait prêt à le reprendre en dépit de son ancienne vie, et ce, même si Naruto insisterait et l’aiderait dans sa démarche? Difficile de le savoir et risqué pour son existence. Pourquoi maintenant qu’il croyait avoir une sorte de famille fallait-il qu’un drame éclate? Injuste! Comment passer par-dessus, poursuivre sa route si la mort continuait de faire des ravages autour de lui? Pour la toute première fois, le torrent de ses pensées l’amena à parler de lui, à se dévoiler un peu plus. Il prenait conscience de ses erreurs. Voilà que le noiraud devenait plus mature.

-Ne t’excuse plus, c’est moi qui n’a pas à m’emporter…

Ses yeux ne lâchaient pas ceux rougeoyants de son interlocutrice. Il lui fut donc aisé de constater un petit signe de contrariété après ça. Qu’avait-il dit de mal? Cependant, sa première déduction fut rapidement démentie, alors que Nëssa lui dévoila qu’elle n‘avait plus la force de le serrer contre elle ni plus que de lui partager ses émotions. Quelle malédiction! Il ne pouvait pas rester là sans bouger après un tel discours, hors de question. De ce fait, le nukenin s’approcha, retournant sur le lit. Sans un mot, il espérant que ses gestes suffiraient pour s’exprimer, Sasuke vint se coucher à sa droite, lui offrant par la suite un câlin du mieux qu’il put dans cette situation. Ils demeurèrent ainsi durant quelques instants. Naturellement, le dernier descendant de la lignée maudite fut le premier à bouger, se retirant, puisqu’il ne souhaitait pas la gêner par sa présence si trop prolongée. Il retourna s’asseoir sur le bord du lit, toujours silencieux. Pépite entra en scène à ce moment, tirant la couverture avec sa gueule, recouvrant la belle. La manœuvre surprit l’ébène, ne s’attendant pas à cela de la part d’une technique. En y repensant bien, cette bête possédait des émotions, agissait comme si elle était vivante. Le tout paraissait plus réaliste ainsi. Il les observa tous deux, jusqu’à ce qu’un murmure s’échappe des lèvres de la détentrice du don du sang. Des mots qui le laissèrent sans voix, un air béat au visage. Il mit donc quelque temps à réagir, mais il le fit avant qu’elle ne semble endormie.

-Moi aussi, Nëssa.

Peu de gens lui avaient dit cette petite expression. Sa mère et son frère devaient bien être les seuls. En un sens, ça lui faisait plaisir qu’une personne extérieure à sa famille les verbalise à son égard. Malheureusement, de son côté, Sasuke était incapable de faire la réciproque, bien que le sentiment soit présent dans son cœur. Ça n’était tout simplement pas son genre de le communiquer, il le montrait juste par ses actions. Du moins, il souhaitait que ça paraisse vraiment. Bref, en voyant que la kunoichi au chakra sombre fermait les yeux, le survivant du massacre de son clan se dit que ça devait être cette fois pour réellement trouver le sommeil. Elle ne devait plus avoir la force de lutter et il ne ferait rien pour l’interrompre, ça constituerait un acte totalement stupide de sa part. Malgré ça, il ne put s’empêcher de lui parler à voix basse.

-Je reste avec toi jusqu’à ce que Madara revienne. Tu ne seras pas seule.

L’Uchiha se pencha alors, allant déposer un doux baiser sur le front brûlant de sa malade. Un peu gêné de son geste, ses joues prirent une fine coloration rosée. Il détourna ensuite un peu les yeux, observant l’entrée de la pièce. Pourvu que l’escapade de son ancêtre rapporte des solutions à ce maudit problème.