Les pas du Juunin s’enfonçaient dans le sable brûlant de Kaze no Kuni. Une légère brise rendait plus supportable les assauts répétés du soleil, frappant de plein fouet sur l’intégralité du désert. Aux côtés de Haiko, une jeune fille à la chevelure rougeoyante, suivant attentivement les mouvements de l’enfant des cendres. Tout commença tôt dans la matinée, lorsque le ninja fut convoqué dans le saint bureau du Kazekage.

La dernière mission du Yadomaru avait laissé une certaine amertume en lui; il ne cessait de regretter son impuissance face à la mort de l’adolescent qui l’avait accompagné, et s’attendait donc à recevoir le châtiment de son supérieur. Toutefois, la réaction de Gaara ne fut pas celle escomptée, et contre toute attente, ce dernier confia au jeune homme une toute nouvelle tâche. Ce n’était peut-être rien, mais aux yeux du Sunajin, il s’agissait bel et bien d’une seconde chance, d’une occasion de se racheter auprès de son village et de laver ses mains tâchées de sang. Hoshisame Kiomi, fille d’un marchand prénommé Makatsu, avait disparu aux abords de la plage qui bordait les frontières du pays. Il s’agissait de la troisième disparition d’une jeune femme en ce lieu, et ce, dans de très brefs délais. Les forces du village de Suna avaient déjà désigné le probable responsable de ces méfaits; Komura Onoi, ninja spécialisé en Irou Ninjutsu, porté disparu peu de temps avant la disparition de la première victime. L’un des membres de son équipe s’était alors vu administré un sédatif, semblable à celui qui avait été utilisé pour neutraliser le petit ami de Kiomi, la dernière victime en date. La charge qui incombait à Haiko était claire; il devait retrouver l’auteur de ces crimes, et les conseils du Kazekage en la matière furent les bienvenus. La plage était vaste, et quoi de mieux pour arrêter le criminel que de lui tendre un piège ? L’enfant des cendres devait, pour ce faire, recevoir l’aide d’une femme, assez jeune, qui servirait de leurre.

Miyake Kamikage. Heureux hasard ou funeste coup du sort, la jeune fille traînait justement au sein du bâtiment. La proposition du Juunin lui sembla alléchante, puisqu’elle accepta sans trop rechigner, et voilà les deux ninjas en route pour les frontières du pays.

« Nous sommes presque arrivés. », déclara le Yadomaru, tout en pressant le pas.

Le trajet avait été long, et le ninja avait eu le temps de se concentrer davantage sur les faits, aussi exposa-t-il ses conclusions devant la jeune fille.

« Komura, notre principal suspect, faisait auparavant parti d’une équipe, mais étrangement, aucun de ses deux camarades ne sait ce qu’il est advenu de lui. L’un d’eux prétend avoir perdu la mémoire, mais je suis convaincu que Komura agit avec des complices. », affirma-t-il, calmement.

Miyake allait servir d’appât, et il incombait qu’elle soit au courant de tout, au cas où les choses tourneraient mal. Cependant, le Juunin avait tiré des leçons de son précédent échec, et se devait d’aller de l’avant; il ne laisserait personne faire de mal à la Chuunin, il en allait de son honneur, et de celui de tout son clan. L’enfant des cendres ne pouvait plus supporter la mort d’autrui par la cause de ses actes. Ses souffrances psychologiques n’avaient que trop duré; sa tante était morte, au moins pourrait-elle tirer un peu de fierté de l’enfant qu’elle avait élevé. Il était temps que le Sunajin prenne un tant soit peu les devants.

« Comme tu l’as bien compris, tu vas devoir servir d’appât… Cependant, quoi qu’il arrive, je ne laisserai personne te faire du mal, il en va de mon honneur de Juunin, et de Sunajin. »

Telle était la promesse faite par Haiko, alors que les deux ninjas grimpaient au sommet de la dernière dune qui les séparait de la plage. Une fois en haut, la beauté du paysage leur sauta immédiatement aux yeux; les habitants du pays de vent n’avaient que trop rarement l’occasion d’admirer pareil spectacle. Mais l’envoyé du Kazekage ne devait pas pour autant se laisser distraire; il retira le bandeau, ornant le symbole du village de Suna, qui cernait sa taille, et le dissimula au sein de ses vêtements. Pour peu qu’il n’y avait pas de ninja doté de facultés sensorielles parmi ses ennemis, il n’était plus qu’un civil en promenade, aussi invita-t-il Miyake à faire de même.

« Tu es libre de profiter un peu de la plage, si tu le souhaites. Après tout, n’est-ce pas pour cela que nous sommes venus ici ? », demanda-t-il, esquissant un sourire qui depuis trop longtemps n’avait plus orné son visage.