Quiconque aurait rencontré Redrum sur un terrain de combat avant ce jour ne l'aurait sans doute nullement reconnue. La machine à tuer qui avait déjà sévit plusieurs fois dans ce monde n'était plus présente et avait laissé sa place à une jeune femme pleine d'entrain. Une chose inédite chez elle et qui se manifestait en réalité pour la toute première fois en elle. Ce comportement surprenant était causé par une seule et unique chose : sa visite au zoo du pays du feu. Elle en avait entendu parler en longeant les contrées voisines, et s'était dit que ça ne serait sans doute pas une mauvaise idée d'y faire un tour. Pour une personne comme elle, qui n'avait jamais eu de réelle enfance, c'était comme tomber en plein dans celle-ci alors qu'elle était désormais dans l'âge adulte. La belle brune était redevenue la petite Sainan qu'elle avait été jadis, avant que ses " pères " ne la transforment en l'être qu'elle était actuellement. Elle sautillait presque de joie, et ses beaux yeux luisaient d'une petite lumière pleine de malice et de découverte. A vrai dire, malgré son long voyage, elle n'avait rencontré que peu de fois des animaux. A croire que son aura meurtrière faisait mauvais ménage avec ces créatures.
Toutefois, cette dernière n'était plus et aucun animal ne s'était encore sauvé dans la direction inverse à la sienne en geignant à tout va. Tout allait bien et la visite avait quelque chose d'extraordinaire à ses yeux, comme si elle était une gamine de six ans et none une jeune femme de vingt-six. La voir ainsi en aurait étonné plus d'un, et à l'inverse, quelqu'un qui la voyait dans ce monde, serait particulièrement choqué de la voir dans la vie de tous les jours. Avec son expression mauvaise et ses fins sourcils froncés, avec ses lèvres rouges et pulpeuses qui ne daignaient nullement sourire, si ce n'était pour afficher l'une de ces affreuses mimiques narquoises qui, nonobstant cela, lui allait tellement bien.
Néanmoins, il n'y avait plus rien à voir avec la beauté qu'elle affichait habituellement. Si, dans les autres jours, c'était un charme sauvage et sadique, aujourd'hui, il était plus enfantin et candide. Elle avait tous les traits d'un jeune bambin et cela ne la dérangeait nullement. Aujourd'hui était jour de congé et elle ne tuerait personne. Les voix ne se manifesteraient sûrement pas, puisqu'elle n'était plus dans le même état d'esprit qu'habituellement.

Redrum en prenait pleins les yeux, elle découvrait des espèces dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence. Et puis, au bout de quelques temps à se balader au milieu de cette faune en captivité, elle se dirigeait doucement vers un petit stand de nourriture.
Il y en avait beaucoup, tous réuni dans le même endroit, et nul doute qu'ils devaient faire fortune. Les visiteurs affluaient pour voir tout ce beau monde animal, et il y avait toujours un enfant pour avoir une petite faim d'un peu de tout ce qu'il voyait. C'était l'endroit rêvé pour ouvrir un commencer en songeant qu'il marcherait. Il n'y avait nul doute qu'ici, au moins, il ne devait pas y avoir beaucoup de pertes alimentaire comme cela était souvent le cas. Et puis, ces petites échoppes avaient également un certain enchantement en elles-mêmes. Elles étaient faites de telles sortes à pouvoir se fondre totalement dans l'environnement ambiant et, de ce fait, ne dépaysait nullement le visiteur qui se serait trouvé frustré devant des bâtiments en béton dur et froid. Non, définitivement, tout cela lui semblait réellement parfait et n'avait de cesse de la charmer, de l'ensorceler, à tel point qu'elle se pensait être dans un autre monde où beaucoup de choses la concernant n'avaient jamais eu lieu. Comme si beaucoup de facteurs n'entraient plus en jeu et qu'elle était une toute autre personne totalement différente de ce qu'elle était en réalité.
Nonobstant ce bienfait, elle savait également que tout l'entrain qu'elle avait éprouvé ici et que toute les bonnes choses qu'elle avait ressentis finiraient par s'évanouir dans une autre foule de souvenir et que dès qu'elle aurait quitté ce petit coin de paradis, elle retomberait dans une cruelle routine : celle du meurtre. La brune ne le souhaitait pas réellement mais elle était confrontée à cela d'une manière ou d'une autre et savait qu'il n'y avait aucune autre échappatoire. Et puis, elle avait son but et elle ne pouvait se soustraire à cette obligation personnelle qui la poussait à aller toujours plus et à explorer toujours plus de contrées qui lui restaient encore inconnues à ce moment.

Un jus de fruit et une douceur pâtissière en main, elle quittait la zone commerciale pour repartir à l'exploration de ce zoo et de tout ce qu'il renfermait, comprenant les bêtes dont elle ne savait que peu de choses et qu'elle avait hâte de découvrir. Une impatience enfantine était présente en elle depuis le début et ne l'avait toujours pas quitté. En réalité, elle craignait tellement le moment où elle se retrouverait à nouveau confronté à la dure vérité du monde " extérieur " ou du " véritable " monde, elle ne savait pas quelle appellation était la plus correcte. Oui, elle avait réellement peur de la chute, peur de quitter ce monde où plus rien de sa vie n'avait de place. Néanmoins, elle n'oubliait nullement qu'il le fallait à tout prix et qu'elle ne pouvait se soustraire à cela.
Alors, afin de s'esquiver à l'idée de se rappeler de ce genre de choses, elle se dirigeait vers le premier enclos, contemplant l'animal avant de lire la carte. Il s'agissait d'un hippopotame, une créature disgracieuse mais à priori assez agressive. Elle haussait alors le sourcil, penchant la tête comme un chat en se murmurant singulièrement que cet animal semblait plutôt paisible, à barboter dans son eau trouble sans créer le moindre mouvement, que ce soit dans son propre corps ou dans le liquide aqueux où il trônait. La brune restait là un instant à contempler cette bête, l'air interrogateur.

La belle brune avait continué sa promenade, les yeux pleins d'étoiles à chaque fois qu'elle s'arrêtait devant un nouvel animal sauvage. Néanmoins, elle se sentait presque coupable en constatant qu'ils ne possédaient plus de liberté, et qu'il étaient enfermés dans un enclos dont il ne pourrait jamais sortir. Cela lui rappelait amèrement sa propre captivité, ces moments où elle avait été enfermée sans le moindre espoir de pouvoir s'en sortir un jour ou l'autre. Elle comprenait ce qu'ils devaient ressentir, toutefois, il y avait une différence de taille dans leur enfermement et le sien : eux, au moins, étaient bien traités et bénéficier de tout ce dont ils avaient besoin. Ils vivaient dans un paradis artificiel, que les hommes avaient fait de leurs propres mains, cherchant à reproduire leur habitat naturel. Alors, un léger petit sourire prenait place sur ses lèvres en se disant qu'au moins ici, ils ne risquaient pas d'être attaqués à tord. Leurs soigneurs en prenaient soin avec une grande attention et cela ne leur faisait nullement de mal.
Sa joyeuse balade se continuait, passant d'enclos en enclos pour admirer ces bêtes et en apprendre un peu plus sur eux. Elle faisait de nombreuses découvertes dans cet endroit et cela lui plaisait réellement. Elle se sentait bien ici et aurait aimé y rester encore plus longtemps, cependant, elle se disputait singulièrement pour penser à ce genre de choses. Elle enterrait déjà cette visite alors qu'elle ne l'avait même pas finie. Elle avait encore de bonnes choses à voir et le plus important était de continuer tout cela sans penser à ce qu'il y aurait après.

Redrum était arrivée au niveau des enclos des singes. Beaucoup disaient que ces animaux étaient doté d'une certaine intelligence et d'une ressemblance certaine avec les humains dans leurs comportements. Et également, on voyait dans leurs physique qu'ils n'étaient pas loin de celui des mortels qu'ils étaient. Ils leurs manquaient juste la grâce et avaient des poils en trop. Mais sinon, on devinait qu'ils étaient une sorte d'ancêtres à la créature qui peuplaient le plus le monde.
Mais une étrange activité bousculait alors la quiétude de ses lieux, un homme affrontait l'un de ses primates dans une course étrange. Ils se courraient après, cependant que le second grimpait dans un arbre grâce à de nombreuses cabrioles pleine d'agilité et de force. La brune regardait ce spectacle avec un oeil inquiet. C'était étrange que l'un des animaux du zoo soit en liberté alors que tous les autres se trouvaient être enfermés. Peut-être que cet homme l'avait fait sortir de manière illégale. Elle n'en savait rien et s'apprêtait à passer son chemin.

C'est à ce moment que le singe chutait alors, tombant en plein sur la jeune femme qui passait sous lui à ce moment. Elle se sentait alors sonnée et le primat pesait bel et bien son poids. Elle l'avait pris en plein sur elle et avait atteint le sol au moment même où il l'atteignait. Elle se relevait alors doucement, fixant l'homme qui avait lancé cette course et qui la fixait également. Il s'énonçait alors, la traitant de primate pour finalement lui proposer d'épouser ce singe avec un sérieux sans pareil.
Redrum écarquillait alors les yeux avant de se mettre à rire. C'était une proposition étrange qui l'avait propulsé dans une hilarité enfantine qui n'avait rien à voir avec ce qu'elle faisait habituellement, lorsqu'elle se mettait à émettre une assonance semblable mais teintait d'un sadisme sans nom.

- Pardon ? Riait-elle encore. Je ne suis pas vraiment intéressée par les animaux.

A ce moment, elle se retournait doucement sur le singe, le regardant avec gentillesse. Celui-ci se relevait facilement et recommençait sa balade comme si tout était normal. Doucement, ses beaux yeux bleus venaient se reposer sur l'homme face à elle. Malgré cet humour étrange, il conservait son bon sérieux et ne changeait nullement de tête.

L'une des plus grandes faiblesses de l'homme ? Son incapacité à vivre seul. Il ne s'agit pas d'aimer être entouré ou non, c'est un besoin aussi important que celui de se nourrir. Mais comme ils sont interdépendants dans une situation neutre ils peuvent se permettre de regarder l'autre comme un égal; les réactions de chacun face à un nouvel individu dépendent en grande partie de son vécu, cet ainsi que chacun fort de ses expériences décidera de ceux qu'il veut près de lui et de ceux qu'ils apprécient moins. Ainsi les premiers instants d'une rencontre sont décisives pour jauger l'autre, son caractère son attitude, est-il quelqu'un qui a quelque chose d'intéressant à apporter ? Selon nos envies, on cherchera parfois un rival pour ne pas se perdre, un ami pour ne pas tomber, et une amante pour se trouver. Kuroko ne connaissait que trop bien ses limites en termes de séduction, d'ailleurs ce n'était pas ce qu'il cherchait il avait simplement l'impression d'étouffer au milieux des ombres qu'il chérissait tant. Elle n'avait simplement pas eu de chance, ou alors était-elle plutôt chanceuse ? Quoiqu'il en soit, elle était maintenant sans avoir rien demandé le centre de toute l'attention du danseur fantôme, cette femme mystérieuse aux cheveux noir.

Elle se releva avec précaution sous les yeux attentifs de Kuroko, qui jugea qu'elle n'était pas blessé, sa réaction fut bonne. Elle se mit à rire, le jeune homme sentit monter à lui un sentiment de fierté, qu'on ose encore lui dire qu'il était sinistre, et qu'il n'avait aucun humour. En voyant l'air ébahit de la jeune femme, il se rendit compte qu'il avait encore une fois oublié de changer l'expression de son visage en conséquence. Elle affirma avec conviction qu'elle n'était pas intéressé par les animaux, mais la longue expérience de Kuroko envers les femmes lui permit de clairement voir à travers ce mensonge. Ce n'était qu'une rencontre fortuite, il ne nuirait pas à sa réputation, et pour peu qu'il puisse l'aider à assumer sa zoophilie, il aurait fait une bonne action.

" Hora Hora, je ne vous jugerai pas vous savez ? Je ne sais pas si vous avez vu les gorilles, ils sont plus costauds, ils pourraient être votre style vous savez ?"

Il terminait à peine sa phrase que son attention se reporta sur autre chose, le singe qu'il avait poursuivi pendant plusieurs dizaines minutes partaient sans demander son reste, il ne semblait pas peu fier. Ce dernier choc anéanti notre jeune Nara, il ne comprenait pas, comment on pouvait être aussi cruel.

" Tellement... tellement cruel. Pourquoi l'avez vous laissez partir ? Je vois vous êtes bien l'une des leurs. Si vous êtes vraiment une humaine vous devez avoir un nom, si vous n'êtes pas capable de me le donner j'appelle le gardien tout de suite "

Cette fois-ci il se rappela de sourire, même si son sourire ressemblait plus à une grimace que les gamins faisaient pour imiter un clown. Il tendit finalement sa main, c'était le signe que Kuroko l'avait accepté en tant qu'être humain qu'il pouvait fréquenter en se basant uniquement sur ce qu'il savait. C'était devenu beaucoup plus rare maintenant de se saluer ainsi avec une vrai poignée de main, mais l'éducation stricte de sa grand mère l'avait définitivement marqué. Peut-être que cette visite au zoo allait devenir un peu plus intéressante, ouai... il y a vraiment des animaux très étranges ici.

Redrum riait encore légèrement. Cela lui arrivait peu souvent, de se lâcher de cette manière, mais cela lui faisait également du bien d'être un peu hors de son monde habituel et de pouvoir laisser tomber une part de son masque. A moins que son comportement actuel ne soit que le résultat d'un autre voile, qui la forçait à se montrer plus ou moins gaie et vivante lorsque les conditions s'y prêtaient.
Au final, peut-être que la brune jouait tout simplement la comédie, en espérant se sauver de sa condition rien qu'en espérant le meilleur. Beaucoup pensait que le bonheur s'obtenait comme cela : qu'il suffisait de se féliciter de ce que l'on était, de ce que l'on avait et de tout ce que l'on avait accompli pour être réellement heureux sans en demander plus. Mais Redrum se doutait bien que ses paires finissaient toujours par en demander plus, sans quoi, il n'y aurait jamais eu de guerre. Les Hommes ne se seraient jamais battus à mort pour obtenir un bout de terre ou un meilleur pouvoir, si la vie fonctionnait ainsi. Pire encore, des Hommes n'auraient jamais cherchés à faire d'elle une telle machine à tuer s'ils n'en avaient pas eu le besoin. Dans son esprit, tout paraissait réellement simple, les problèmes n'en étaient plus, et le plus gros de conflits étaient facilement susceptibles d'être supprimés. Néanmoins, cela semblait réellement logique aux beaux yeux de la brune : si les choses paraissaient aussi superficielles, c'était qu'elles cachaient forcément une part bien masquée et bien dangereuse. Comme un iceberg dont on ne verrait que la partie émergée en se disant que ce vulgaire caillou ne ferait pas le moindre mal au petit bateau. Et pourtant, à la fin, le navire finissait éventrée et gisait dans l'eau, refermant nombre de cadavres blanchis par les assaut de l'eau qui les lavé entièrement, jusqu'à leur rendre la peau aussi molle que le plus fin des tissus.

Une fois relevée, elle échangeait une légère poignée de main avec l'homme qui venait de poursuivre un singe. Cependant, celui-ci repartait vigoureusement sur l'hypothèse d'une zoophilie prononcée chez la brune, mais elle continuait de rire. Cette situation l'amusait, en temps normal, elle l'aurait énervé à point jusqu'à ce qu'elle cause la mort de ce pitre. Mais il n'en était rien ici, dans ce beau lieu qu'elle prenait délice à découvrir au fur et à mesure que sa balade avançait, au fur et à mesure que de nouveaux paysages se dessinaient sous ses yeux. Elle aimait cet endroit et ne comptait nullement le salir par le sang d'un tel être, si jamais elle devait le tuer, elle prendrait bien évidemment la peine de l'éloigner de ce zoo avant que cela n'arrive.
Toutefois, cela n'était toujours pas au programme. Elle se contentait de garder un sourire sur son visage, l'écoutant attentivement avant de lui répondre d'une voix tâchée d'un accent enfantin. Une nuance que la jeune femme n'avait jamais eue mais qui lui allait tellement bien qu'elle aurait mieux fait de le conserver. On imaginait tellement bien Redrum enfant, lorsqu'on la voyait ainsi. Il suffisait de la rendre plus petite et de lui de grands yeux bien ouvert sur le monde l'entourant pour la visualiser entièrement.

- Non, définitivement, je n'aime pas les gorilles.

La Kunoichi conservait son doux sourire, regardant le singe qui partait. Sans le savoir, elle partageait le geste avec cet homme qu'elle venait de rencontrer. Mais leurs réactions étaient différentes, puisqu'il aurait préféré conserver le singe à ses côtés encore un moment, d'après ce qu'elle pouvait comprendre. Elle souriait alors légèrement devant cette scène, se demandant ce qui avait bien pu se passer entre eux pour que l'Homme se conduise ainsi. Toutefois, elle ne cherchait pas à en savoir plus et se reportait sur Kuroko.
Cette fois-ci, il cherchait à connaître son prénom. Elle se stoppait alors brusquement, elle ne se considérait plus comme étant Redrum, la machine à tuer, dans ce monde. Mais plutôt comme la fille qu'elle avait toujours été : Sainan. Voilà, elle était Sainan et resterait Sainan tant qu'elle serait ici. Ce n'était pas réellement un mensonge, c'était son prénom légitime, mais également celui qu'elle ne dévoilait qu'à peu de monde et qui restait bien souvent inconnu.

- Je me nomme Sainan, et toi ? Annonçait-elle doucement sans se défaire de son petit sourire.

Et puis, tout naturellement, la belle repartait vers l'un des enclos, regardant les animaux contenus dans celui-ci. Elle était réellement prise d'affection pour cet endroit et, bien souvent, elle se trouvait face à des animaux extrêmement mignons. C'est dans ce genre d'instants que ses beaux yeux cobalts se paraient d'un nombre incalculables de jolis étoiles brillants à souhait.