Les cris perçants des bambins s’élevèrent au-dessus des ruelles tandis qu’ils se dispersaient, hurlant à tue-tête, agissant instinctivement, sans le moindre instant de réflexion. Leur manœuvre était futile; dans de telles conditions, ils couraient tous à la ruine. Les enfants furent vite rattrapés, mais ne le surent que lorsque la silhouette d’Haiko émergea du sommet des bâtiments.
« Où comptiez-vous aller ainsi ? S’en est terminé ! », s’exclama le Juunin, virevoltant dans les airs.
De sa manche surgit subitement un parchemin. Le rouleau se déplia, faisant jaillir un épais rideau de fumée. Les petits riaient aux éclats, pendant qu’une nuée d’œufs en chocolat s’abattait sur leurs têtes innocentes. Les friandises étaient emballées dans du papier multicolore, dont la teinte se reflétait au sein de leurs pupilles écarquillées, tellement surprises qu’elles ne savaient plus où en donner.
« Pas de précipitation, il y en aura pour tout le monde, alors ne vous battez pas. », déclara l’enfant des cendres, tout en posant le pied à terre.
Nul doute que le Kazekage aurait pu choisir n’importe quel individu plus adapté à cette tâche ingrate. Un Juunin, fer de lance du pays des vents, dont la mission consistait à divertir les orphelins du village ? Que pouvait-il bien lui être passé derrière la tête ? Les bambins tournaient autour du ninja, dessinant des cercles tout en se goinfrant de chocolateries. Ironiquement, il n’y avait pas une once de tristesse dans leurs visages, d’ordinaires si malheureux. De tristesse ? La conclusion s’en tira d’elle-même lorsque, envisageant ses récentes mésaventures, le Yadomaru se rendit compte de la ressemblance entre la situation de ces orphelins et la sienne. La solitude était le quotidien des gens sans familles, néanmoins, aujourd’hui, les enfants étaient bien loin d’être seuls. Les intentions de Gaara pouvaient-elles seulement être telles ? Quoi qu’il en fût à l’origine, le déclic se fit naturellement dans l’esprit du jeune homme. Peu importe l’intensité de la douleur, tout le monde sait aller au-delà. De curieuses interrogations vinrent interrompre les pensées du Shinobi. Il le réalisait, désormais; les émotions ne pouvaient pas être un frein à l’accomplissement de sa quête. La solitude rendait opportuniste, et le chagrin déterminé. Pour Haiko, il s’agissait d’un pas de plus en direction de la sociabilité, et bien qu’il n’y était pas encore parvenu, il pouvait dès à présent accorder sa confiance à quelqu’un. Ce quelqu’un, c’était lui-même.
« Joyeuses Pâques, les enfants. Dîtes-moi, ça vous dirait d’aller faire un tour ? », demanda-t-il d’un sourire, pour la première fois depuis longtemps, sincère.