Bien avant de voir l'Anbu toquer à ma fenêtre j'avais senti sa présence. Pas son chakra, non, celui-ci était parfaitement dissimulé. Mais un léger bruissement de son habit l'avait trahit, une erreur classique mais courante. Je vis enfin la cape noir de l'Anbu dépassé de ma fenêtre ouverte, la lumière émanant de mon appartement, jouait avec les reflets de sa cape. J'observais son masque, curieux de savoir à qui j'avais à faire, un masque d'écureuil. Tiens? Celui-ci m'était inconnu, un nouveau promu sans aucun doute. Son inexpérience devait sans doute expliquer sa petite erreur lors de son arrivé. C'est d'une voix que je jugeais encore un peu trop juvénile qu'il s'adressa à moi.

- "Raikage-sama vous attend dans son bureau." Me dit-il en posant rapidement son genou à terre. Oui, en tant que bras droit du Kage, il me respectait. Je me contente de lui répondre d'un signe de tête.

Le soleil avait laissé place depuis déjà plusieurs heures à l'obscurité, il n'était pas rare que le Boss réunisse des ninjas dans la nuit, pour des missions d'importances variables. Il fallait se dépêcher, le Kage n'était pas vraiment un modèle de patience, et c'était peu de le dire. Et c'est pour cette raison que je courais de toits en toits alors que le badauds, quelques mètres plus bas, n'apercevaient pas même mon ombre. Beaucoup sortaient des restaurants, certains avaient les joues plus rouge que d'autres. Les ravages du saké. Cette constatation m'arrache un soupir de lassitude, moi qui voulait retrouver quelques camarades de missions et boire un coup dans un bar... Ma soirée était fichu. Alors que je traversais le village, je finis par me trouver devant la tour du Raikage. Celle-ci était gardé par toute une unité de ninja, sans compter les Anbus camouflés sur les toits. Me reconnaissant, ils me laissèrent passer sans difficulté. Je montais ensuite les multiples marches pour finalement arriver en haut, dans le bureau du Boss. Mabui ma salua poliment et alla annoncer ma venue au ninja à la tête de Kumo, avant de m'introduire dans la salle. Elle referma la porte derrière elle.

La pièce était relativement grande et une grande verrière était visible derrière le Raikage qui était légèrement affalé sur la table, il écrasait quelques papiers avec son coude. A travers la vitre, le village éclairé de milles feux luisait dans la nuit légère, l'air était encore doux. Mon regard se fixa sur le Boss, il avait l'air ennuyé, son chapeau jaune et blanc reposait à sa droite.  Ennuyé oui, mais pas énervé semble t-il. Son bureau serait en plusieurs morceaux dans le cas contraire. Nous n'étions que deux dans la pièce, une mission en solitaire. Cela faisait quelques temps que je n'en avais pas effectuer. J'avais l'habitude de travailler en équipe, mais je n'avais rien contre renouer avec mes anciennes habitudes. Le Boss, tourna un regard fatigué vers moi. Oula ça ne devait pas aller si fort que ça apparemment. Ce regard, le même que celui qu'il avait eu lorsque son frère, Killer-Bee avait été attaqué. Bien sur, aujourd'hui, son regard me semblait tout de même bien plus serein que lors de ce triste épisode. Brisant le petit silence qui s'était installé, il s'adressa à moi de son habituelle voix grave.

-"Darui. Tu pars ce soir pour une mission de rang A. Lors d'une précédente réunion, j'avais averti les Jônins de la menace grandissante d'un continent, voisin du notre, bien que séparé par une mère. J'avais envoyé plusieurs ninjas sur place. Un seul est encore vivant, son rapport indique que la situation semble bien plus délicate que prévue. Tu quittes Kumo se soir et tu te rends dans la ville portuaire de Oaks. Une petite embarcation t'attend. Tu devras traverser la mer, à l'est de notre position et une fois arrivé, tu prendras contact avec le dernier Kumojin. Je veux tout savoir, leur situation, leur nombre, leur puissance militaire... Tu devras réussir Darui, c'est un impératif." Me dit-il de sa voix puissante et de laquelle tous doutes semblaient absents. Il me tendit ensuite une carte, qui me serait sans doute utile pour la traversée.

- "Bien sur Boss." Je lui réponds en m'inclinant légèrement. Je disparu ensuite dans un Shunshin no jutsu, un petit nuage de fumée se dégageant devant le bureau du Raikage. Je réapparu devant l'entrée de la porte du village. Inutile de parcourir une plus grande distance avec ce jutsu, autant conserver toutes ses forces.

Je contrôle rapidement mon matériel, j'avais emporté tout mon attirail lorsque j'avais quitté mon appartement, une petite dizaine de minutes plus tôt. Je vérifiais aussi la sangle qui retenait mon katana dans mon dos, celle-ci semblait parfaitement fixé. Après un dernier regard pensif vers la Lune presque pleine, je courus vers les montagnes qui entouraient de manière naturelle le village de la Foudre. Je savais que la mission allait durer plusieurs jours.

J'adoptais un pas de course rapide, mais pas trop non plus, si la mission était aussi délicate que le Boss me l'avait dit, je devais m'attendre à une très sérieuse résistance, ou plus encore. J'avais envie de combattre un adversaire digne de se nom. Les temps de paix n'étaient malheureusement pas fait pour les ninjas. Alors que je bondissais de pierres en pierres, je voyais le paysage changer tout doucement. Alors que les premiers rayons du soleil venaient éclairer mon visage nullement marqué pas la fatigue, une petite brise marine flatta ma peau. La ville d'Oaks ne devait plus être loin. Et effectivement, après quelques minutes, j'aperçus les quelques bicoques en bois défraichis. La ville semblait plus se rapprocher du village mais peu importe, des affaires plus urgentes que le tourisme locale accaparaient mon esprit.

Alors que je traversais rapidement la petite ville, j'eus tout juste le temps d'apercevoir quelques ivrognes qui se relevaient difficilement des rigoles dans lesquelles ils étaient tombés, durant une nuit un peu trop agité. Ma course prit fin lorsque je mis le pied sur l'embarcadère. Quelques bateaux se trouvaient là, certains en meilleur état que d'autres. Je repérais assez facilement le petit navire qui allait m'être utile pour la traversé, le symbole du village caché de Kumo était gravé dessus. Il y avait une petite cabine, suffisante pour m'abriter des vagues qui balaierais le pont si la traversée s'annonçait plus difficile que prévu. Heureusement, j'avais des notions de navigation en haute mer, rien de transcendant non plus, n'exagérons pas. Le temps était au beau, et la brise était là, j'avais de la chance, le temps était idéal pour traverser la mer.

Ce fut donc aux premières lueurs que je larguait les amarres, déterminé à connaitre la cause de la disparition des Kumojins. M'éloignant rapidement de la côte et me dirigeant grâce à la carte marine que m'avait fourni le Raikage, je relâchait complètement les voiles pour une prise au vent maximale. Le navire prit de la vitesse, malgré son petit gabarit, il brisait les vagues sans problèmes majeurs. Ma veste de Jônin blanche et sans manche se retrouva rapidement gorgé d'eau. Mais au milieu de toute cette étendue, j'étais dans mon élément, dans un de mes éléments du moins. Accompagner les fluctuations du vents en tenant ou en donnant du mou aux voiles, ramer lorsque celui-ci faiblissait. A midi, je m'accorde une petite pose, juste le temps d'avaler une ration de combat. Je ne cherche pas à la savourer, il n'y a rien à savourer de toute manière. Je repris ensuite la barre pour le reste de la journée, et c'est dans les alentours de dix-neuf heures, alors que le soleil s'était fait plus rougeoyant et qu'il déclinait peu à peu que j'aperçois enfin la terre. Le temps avait été très favorable durant toute la traversée.

Le rivage était assez rocailleux si bien qu'il me fut un peu malaisé de ranger le navire. Mais j'avais finit par dégoter une petite crique qui conviendrait parfaitement, j'avais attaché le bastingage à une pierre sur le rivage et l'ancre reposait au fond de l'eau, pesant de toute sa masse sur le fond marin. Sautant sur le rivage, je mis les pieds sur le nouveau continent.

Mettre le pied sur un nouveau continent, foulé que par un nombre très réduit de ninja. Cela était enthousiasmant, découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles formes de pouvoirs sans doute, voilà qui était très intéressant. Dommage que toutes ses futurs découvertes avaient été entaché du sang de nos alliés. Je consulte une fois de plus la carte que m'a confié le Boss, je ne suis pas très loin du camp de base, une falaise peu difficile à franchir nous sépare. Celle-ci longe tout le littoral, enfouissant ses pieds dans l'eau salé de la mer. Ne perdant pas une minute de plus, je bondis jusqu'au bas de la falaise, elle doit faire une vingtaine de mètre de hauteur ce qui en fait un obstacle relativement peu important. Décidant de garder l'ensemble de mon chakra pour plus tard, je ne sais toujours pas à quoi m'attendre, autant être aussi prudent que possible, je commence à grimper à la seule force de mes bras et de mes jambes. Les prises sont nombreuses et je parviens à évoluer de manière sécurisé sur la roche. Monter les jambes, pousser, se soulever, attraper une nouvelle prise avec mes mains. Des gestes répétitifs devenus une habitude.

Il me reste moins de cinq mètres à grimper lorsqu'une forte odeur de mort et de décomposition me prit à la gorge. L'odeur de putréfaction flottait dans l'air, elle était synonyme de bataille et de combats sans pitié. N'éparpillant pas mes pensées inutilement, je franchis les derniers mètres aussi vite que je le peux, attiré par une curiosité un peu morbide de savoir. Savoir d'où provient cette odeur, et surtout de qui elle vient. Je réalise un dernier saut, plus haut que les autres pour enfin franchir la barrière rocailleuse. Mes pieds se stabilisent facilement sur le sol herbeux.

Il me faut moins d'une seconde pour apercevoir tout ce sang, et les morceaux de corps qui jaillissent du liquide ci et là. Une telle violence... La maison en bois qui servait de refuges aux ninjas est elle-même recouverte pas une grande quantité de sang. Comment est-ce possible? Faire preuve d'une telle cruauté était inimaginable. Sans compter que les ninjas semblaient être assez nombreux, ils s'étaient fait massacrés ni plus ni moins, ça n'avait pas été un combat mais une exécution.. C'était un spectacle macabre et véritablement terrifiant. Une fois de plus, ma maîtrise et mon sang-froid me permit de dégager mon esprit de la torpeur dans laquelle il était entré malgré moi. Et le pire dans tout ça, c'était que c'était des hommes qui avaient perpétrés cette extermination, je n'avais aucun doute là dessus. Les animaux chassaient pour se nourrir, ils répondaient à leurs besoins primaires. Non, l'ampleur de ce carnage dépassait l'entendement. En tant que ninja, j'avais été confronté à la mort à de nombreuses reprises... Mais ses gars là, n'avaient peut-être même pas eu le temps de se défendre. Des années à s'entrainer, jour après jour, à gravir les échelons doucement... Tous ses efforts pourquoi? Périr sur une terre inconnue et loin des siens? Une fin que personne ne pourrait narrer qui plus-est?

Non peut-être pas finalement, dans une marre de sang, se tenait le seul homme encore debout. Il était couvert de sang, si bien que je ne pouvais pas déterminer si le liquide venait du lésion du Kumojin ou de ses frères tombés plus tôt. Oui, il s'agissait du ninja de Kumo, sans aucun doute celui qui avait envoyé la missive au Raikage. Le symbole de son bandeau pouvais attester de son village : Kumogakure-na-sato. Il murmurait des propos incohérents, il était encore sous le choc. Aussi pâle qu'un cadavre. Pourtant le léger mouvement de sa poitrine montrait bien que derrière cette apparence hagarde, se cachait bien un être vivant. Alors que je m'approchais doucement de lui, il releva rapidement la tête et tourna les yeux dans ma direction. Il ne semblait pas me voir, comme si son cerveau refusait d'analyser de nouvelles informations. Il avait aussi des cernes immenses, sans doute n'avait-il pas pu fermer l'œil depuis le carnage. Et puis finalement, alors que j'étais tout près de lui, ses yeux papillonnèrent un instant avant d'accrocher mon regard. Il regarda ensuite derrière moi et s'exclama avec un air alarmé et terrifié sur le visage :

"Darui...san...  Où est...l'armée ?" Prononça t-il tout tremblant qu'il était.

Il avait un regard vide, comme s'il avait pu constater toute l'horreur de la situation. Il en fallait beaucoup pour mettre un combattant expérimenté dans un tel état de faiblesse psychologique. Qu'-avait-il pu voir bon dieu pour le mettre dans un tel état. La situation était préoccupante, très inquiétante même. Mes sourcilles se froncèrent pas automatisme. Je devrais alerter le Raikage dés que possible mais j'avais encore bien trop peu d'éléments pour solliciter l'envoi d'une plus grande force de soutient.

- "Raconte moi ce qu'il s'est passé.." Je lui réponds en éludant sa question et en posant une main que j'espérais réconfortante sur son épaule.