Kizoku se retourna. Malgré son voyage dans ses pensées, il lui semblait bien avoir entendu une voie. Un homme se tenait à quelques mètres devant lui près du cadavre de l’ANBU. Grand, cheveux coiffés en arrière, roux, habillé d’une longue cape usée, l’expression sur son visage rappelait celui d’un provocateur. D’ailleurs, ses mots ne faisaient qu’illustrer cet air qu’il adoptait. Il ne ressemblait pourtant pas à un de ces bandits qui, parce qu’il sait tenir une épée, se croit en mesure de battre n’importe qui. Celui-là … Dégageait une puissance.

Le Konohajin fronça les sourcils pour ne pas cacher son agacement. Tous ces gens qui posaient toujours la même question « Qui es-tu ? » sans jamais eux même se présenter, quel manque de classe … Toutefois, sa deuxième question se révéla être intéressante, il fallait la méditer. Il sortit, d’une des manches de son large manteau, une carte qu’il tint entre son index et son pouce. En faisant glisser ces deux doigts, la carte sembla se décupler pour en donner une dizaine. Suite à quoi, il les manipula, une carte prit la place d’une autre, et entre temps, il se tenait le menton à la manière d’un penseur. A quoi ça lui servait ? C’était un moyen plus ou moins efficace de réfléchir, d’ordonner sa raison, d’élaborer une stratégie, ce genre de chose. Enfin, il fit de nouveau glisser son pouce et son index, donnant l’impression que son jeu s’assemblait pour ne donner qu’une carte et d’un habile mouvement de la main la fin disparaître. Il était devenu naturel pour lui de faire tous ces petits tours de « magie » si je puis dire. D’ailleurs, Il adorait concentré l’attention des gens sur une de ses mains, comme ça l’autre était libre de faire ce qu’elle voulait sans qu’ils s’en aperçoivent

« Traître, dis-tu ? »

Fit-il de sa voix grave, toujours les yeux rivés sur sa main qui tenait auparavant les cartes. Après ces quelques mots, le vent se souleva de nouveau, provenant de derrière Kizoku et donc en face de l’individu. Pour ne pas être gêné par ses cheveux pris dans la brise, il y passa la main, tout en levant la tête et posant ainsi lentement son regard sur l’inconnu.  

Puis … Plus rien. Le vent s’estompa. Et Kizoku disparut. Si l’oreille de l’inconnu était assez fine pour entendre les signes incantatoires qui se composaient derrière lui, alors il lui serait sans doute possible d’éviter cette fabuleuse technique de vent. Sans crier gare, le vortex se forma dans la main de l’attaquant. Pourquoi cette offensive ? La raison est un outil formidable, la façon dont en tire profit est déterminante, si bien qu’à peine Kizoku avait-il vu le vagabond qu’il s’était déjà décidé à le tuer pour masquer son précédent meurtre.

Dans un combat, un shinobi se doit de réfléchir rapidement, il n’existe aucun entrainement qui permet d’acquérir cette capacité, seul l’expérience est nécessaire. Pour ce que Kizoku a vécu de sa vie en tant que shinobi, il eut la vivacité d’esprit de se rappeler que l’avantage des techniques de types vents résident dans leur rapidité d’exécution, une différence non négligeable qui peut donner l’avantage contre un utilisateur du doton, en revanche, une affinité telle que la terre donne un gain de puissance plus important. Selon son raisonnement, il n’aurait aucun mal à se débarrasser de ces boules de terres qui le prenaient pour cible. Dans la précipitation, il pointa ses mains en direction d’Hatoma, paumes ouvertes et cria :

« Daitoppa ! »

Un puissant courant d’air naquit devant lui et neutralisa les projectiles de boues, ces derniers ne furent pas renvoyer à son utilisateur, elles éclatèrent, preuve des dégâts qu’elles pouvaient occasionner. Ce fut d’ailleurs dans une pluie de boue que Kizoku se redressa et quelque chose avait changé chez lui. Si ce n’était pas ses yeux aux pupilles rouges sang à demi caché par les quelques mèches de ses cheveux qui se promenaient sur son front à cause de la boue, il s’agissait plutôt de ses sombres pulsions, son inconscience qui tirait le contrôle de son corps à lui. Et l’Amatera n’arrangeait rien, cette promesse de meurtre, il l’avait déjà entendu des milliers de fois, pourtant, Kizoku était toujours en vie. En tentant de calmer ses pulsions, il énonça ces quelques mots sur un ton grave et menaçant

« La question n’est pas de savoir qui tu es, mais ce que tu es. Tu penses pouvoir me battre, me tuer, sans savoir ce que je suis, c’est sur ce genre de supposition que repose ta mort. »

Ces mots, ils les avaient déjà sorti contre d’autres shinobis de ce genre, des shinobis qui, parce qu’ils connaissent le ninjutsu, se croient en mesure de tuer n’importe qui. Dans son état actuel, Kizoku réfléchissait moins, il n’avait que pour obsession de blesser son adversaire, mais il n’était pas stupide pour autant. En voyant le bandeau rayé de deux villages, il crut faire face à un « double déserteur », mais maintenant, lequel des deux kage étaient assez stupide pour accepter un déserteur sans craindre qu’il déserte à nouveau ?

Sans plus attendre, Kizoku sortit une carte de sa manche, il la lança ver Hatoma. Une carte, en soi, c’est un objet inoffensif. Peut-être qu’elle était parcourue de chakra, peut-être qu’en plus ce chakra était de nature Fuuton. Cette carte n’avait rien de tout cela, simplement que sa face était habilement recouverte d’un parchemin explosif. Un parchemin explosif qui n’explosa pas d’ailleurs. Vous voyez, focalisé l’attention de quelqu’un sur un objet, une carte, n’importe quoi pour faire un leurre, là réside tous les tours de magie, mais c’est également une excellente stratégie en combat. En effet, Kizoku était maintenant en l’air, au-dessus d’Hatoma, certainement sans que ce dernier s’en rende compte. Il n’hésita pas avant de lancer sa prochaine technique.

« Shin kûgyôku »

Une technique rapide, puissante et efficace. Les fines lames se succédèrent en s’écrasant violement sur le sol, provoquant par la même occasion un nuage de poussière. Kizoku espérait qu’au moins l’une d’entre elle transperce le corps musclé d’Hatoma …

En l’espace d’un instant, Kizoku perdu le fil de sa logique, un trou noir se matérialisa dans sa raison. Alors qu’il s’apprêtait à lancer sa technique de Futon, il remarqua que son adversaire, Hatoma, usa tranquillement d’une technique de Doton. Il existait donc un tel homme ? Celui pour qui voir un parchemin explosif ne lui faisait rien, celui pour qui prendre le risque de voir son corps meurtri par la déflagration d’une explosion ne lui importait pas ? Nan, ce n’était pas encore ça. Simplement qu’il était assez stupide pour négliger ce genre de détail, un détail qui a le potentiel de changer l’issue d’un combat. En effet, il aura simplement eut de la chance que Kizoku ait tenté de leurrer en montrant un parchemin explosif qui n’aura finalement pas explosé.

Tant de pensée, trop même, suffisamment pour que le Jonin n’ait pas le temps de se défendre. Ça se voyait sur son visage, il adoptait un air surpris, comme s’il n’avait rien vu venir. Le dragon de terre percuta le Konohajin, encore en l’air, moment à partir duquel le combat sembla se terminer. Le corps de Kizoku chuta d’une hauteur importante et heurta le sol dans un bruit sourd, à quelques mètres devant le double-déserteur. Ce dernier ne s’empêcha pas de ricaner d’ailleurs, expliquant l’avoir surestimer.

A plat ventre sur le sol, des blessures sur la partie visible de son corps, ses vêtements en mauvaises états, il ne bougea pas. Ses yeux grands ouverts témoignaient de son état anormal. D’un côté, précisément celui de ses pulsions, il souhaitait se lever, prendre le contrôle du combat et vaincre Amatera. Mais de l’autre, il lui était reconnaissant, car il venait de comprendre ce qu’il lui manquait pour accomplir son objectif : la puissance.

« Tu ne sais rien de moi. »

Lança-t-il d’une voix grave. En tentant de se relever, il s’agrippa l’épaule gauche devenue douloureuse et cracha un peu de sang. Il se trouvait dans un sal état, néanmoins ça ne l’empêcha pas de déversé une bonne quantité de chakra assez dense pour qu’il soit visible à l’œil nu.

« Ce combat n’est pas terminé ! »

Finit-il par dire, dans ses yeux se lisait tout un condensé d’émotions et d’état d’esprit. Partagé entre la haine et le désespoir, la détermination et la fatigue, il fonça sur Hatoma, sans avoir préparé de jutsu au préalable. Il s’agissait en fait de ses pulsions qui lui commandaient de se comporter ainsi. Le plus embarrassant résidait dans le fait que s’il restait assez longtemps dans cet état, il perdait la mémoire et ne se souvenait jamais de ses combats …

De nouveau au sol, après avoir subi de plein fouet l’explosion du clone, Kizoku se retrouva dans un étrange état aux allures de rêves. Avec l’impression qu’un violent affrontement venait de cesser dans sa tête, ses idées et ses pensées semblaient s’ordonner. Il paniqua, sa respiration s’accentua, car c’était la première fois qu’il vivait un instant pareil, le retour de sa conscience, la disparition de toutes pulsions. En effet, c’était la première fois qu’un homme réussissait à lui faire reprendre ses esprits par la force de ses coups. Tant bien que mal, il leva la tête,  alors que la fumée provoquée par la déflagration cessa de polluer l’air, il vit Hatoma demander une dernière fois son identité et il sentait comme une sorte d’aura pesante le dominer. C’était la peur, la peur de mourir, jusqu’à présent, il pensait que le manque de discernement de ses adversaires le conduirait toujours à la victoire, mais la situation venait de se retourner, ses propres mots se retournaient contre lui. Tout en se relevant, il continua de fixer le déserteur presque en admiration, puis, d’une voix tremblante, il se présenta.

« Je suis ... Kaosu Kizoku. »

Brutalement, le demi-rêve s’estompa, en s’accompagnant d’un horrible mal de crâne. Une main vint se poser sur tête et il écarquilla les yeux. Ce n’était pas de la douleur physique, le simple fait d’évoquer son nom lui rappelait ce qu’il a vécu.  Ainsi son passé défila, des scènes de violences, puis de joies, puis de nouveau de la violence.  Cette irrégularité devenait un enfer total, il n’y avait qu’un seul moyen pour que cela cesse, trouver la source et l’anéantir, d’où sa cible, le seigneur du pays du vent. La haine regagna le visage de Kizoku. Il calma sa respiration et ferma les yeux. Il ne pouvait pas ignorer l’homme devant lui, qui le considérait de son côté. De par ses paroles, mais aussi parce qu’il ne l’avait pas tué. Et ce n’était certainement pas par courtoisie, il avait forcément quelque chose en tête. Sans perdre de temps et préférant aller droit but, le Konohajin demanda simplement :

« Qu’est-ce que tu attends de moi ? »

Enfin, il rouvrit lentement les yeux. Il s’agissait là d’un signal, son visage était passé d’une émotion à l’autre, il eut un moment de faiblesse, certes, mais cette fois-ci, il était redevenu lui-même et il tenait à ce que son interlocuteur le sache.

Pour répondre à toutes ces questions, Kizoku se devait de bien choisir ses mots, il ne devait pas mourir maintenant. Il garda son air sérieux du mieux qu’il pouvait, en tenant de cacher toutes les émotions qui ravageaient son esprit, à savoir la douleur, la haine, la tristesse, l’angoisse et bien d’autres. Pour commencer, il expliqua la raison de ce meurtre, pourquoi l’ANBU devait tomber.

« Il était devenu trop dangereux pour moi. »

Fallait-il encore qu’Hatoma comprenne pourquoi, Kizoku commença le résumé de sa vie. Fut une époque où son père, Kami Kaosu, brillait à Suna, sa maîtrise de l’art shinobi dépassait bien celle d’illustre ninja. Convoité par le Daimyo du désert, il ne tarda pas à rejoindre sa garde personnelle. Mais quelque temps après, le vieil homme mourra et laissa donc sa place à son fils, rien de plus qu’un gamin, immature, dépourvu de raison. Il commanda l’assassinat de beaucoup de personnes sous prétextes qu’elles menaçaient son territoire, mais il n’en était rien de tout ça. Naturellement, il désigna Kami comme seul responsable de ces meurtres. Ce dernier n’approuva pas ses méthodes et se garda de l’égorger à plusieurs reprises. Au lieu de ça, il partit au pays du fer en exil, il se maria et eût trois enfants, l’aîné étant Kizoku.

Croyant à une vie de tranquillité, Kami ne se soucia pas de ce qui se passait dans son pays natal, ce qui lui couta la vie. En effet, le Daimyo voyait sa place menacée par des opposants, pour reconquérir la confiance de ses sujets, il commença par masquer ses actions arbitraires donc il engagea des mercenaires et leur ordonna le meurtre de Kami Kaosu. Sans tarder, ils rasèrent le village où la cible résidait. Kizoku et son petit frère, Thrys, réussirent à s’enfuir grâce à une tempête de neige. Mais ce fut le moment le plus traumatisant de sa vie, car c’était dans ce même intempérie qu’il perdit son cadet.

Il revoit parfaitement ce moment dans sa tête. Dans la chute de neige brutal et un vent puissant, il peinait à marcher dans la poudre blanche, atteint par la douleur, la peur la plus totale et la fatigue. Il hurlait le nom de ses petits frères, dans l’espoir de le retrouver, sa voix résonnait, mais était à demi recouvert par la violence de la tempête. Kizoku insista sur ce moment de sa vie, les traits sur son visage était totalement déformé, par ce même torrent d’émotion qu’il tentait de cacher.

« Tu n’as pas besoin de tuer ma famille, mes amis et mes amours … Ce … Seigneur s’en ait déjà chargé. »

Il ajouta que plus que tout au monde, il désirait le voir ramper dans son sang, crier à la mort, l’entendre prier pour qu’on le tue rapidement. Enfin, il termina en leva les yeux sur Hatoma, en le fixant avec toute sa méprise. Cet homme avait de l’expérience, il vécut probablement une histoire similaire. L’heure n’était plus au combat, ils pouvaient tous deux s’aider l’un l’autre, partageant –à peu de chose près- le même but.

On n’a toujours le choix, comme dirait l’autre, seulement, pour Kizoku, mourir n’était pas un choix. Il n’arrivait plus à réfléchir, de par l’incroyable tension qu’il ressentait, toutefois, lorsqu’il sentit le léger éclat de sang sur sa joue provoqué par le kunai du déserteur – qui en passant lui arracha quelques cheveux - il eût comme l’impression d’être libéré, comme si cette arme, en le frôlant, venait d’emporter le torrent d’émotion qui le torturait avec elle. Après un temps d’adaptation, son regard passa de la surprise au sérieux. Tuer le Daimyo du vent était sa priorité, n’importe quels moyens seraient bon pour y parvenir, il accepta donc de faire équipe avec Hatoma. Peut-être venait-il d’intégrer la garde personnelle du Hokage, il lui serait tout à fait possible d’agir en toute discrétion. Mais son nouvel allié le savait-il ? Comment abordait la chose sans le frustrer et risquer de mourir dans un affrontement inutile ...

« J’accepte. »

Commença-t-il, gravement. Pour la suite, il fallait lui expliqué qu’il aimait le village de Konoha et que pour rien au monde il voulait passer pour un déserteur. Hatoma l’aide pour tuer sa cible, Kizoku l’aide à son tour pour une quelconque affaire, et tout reviendrait comme avant.

« Toutefois, je … »

Aussi insignifiante soit-elle, quelque chose venait de perturber l’attention de Kizoku. En levant la tête au ciel, il remarqua ce drôle d’oiseau qui tournait en rond, tout seul. Quelque secondes lui permirent de comprendre pourquoi il était là, pourquoi c’était cet oiseau en particulier et la raison pour laquelle il tournait en rond. Merde, pensa-t-il. C’était généralement le symbole pour une réunion d’urgence au village.

« Désolé, je dois partir. »

Un groupe de Jonin devait se trouvait en mission dans un village à proximité. Pour que l’Hokage se donne la peine d’envoyer un Milan jusqu’ici, c’est que la situation devait être grave. De toute manière, Hatoma ne pouvait pas resté plus longtemps, si Kizoku avait vu juste, alors il risquait de se faire prendre par ses compères. Le Konohajin sauta près du corps de l’ANBU et le mit sur ses épaules. Après quelques mudras d’une main, il se donna de nouveau la parole.

« Retrouve-moi dans une semaine à l’auberge d’Otafuki. »

Puis il disparut. Kizoku se mit directement en route vers le village de Konoha. Ce milan noir ne pouvait pas se trouver par hasard, un mauvais pressentiment s’empara du Jonin. Mais chaque chose en son temps, il devait d’abord se débarrasser du corps et changer de vêtement, il ne fallait pas que les autres savent qu’il venait de se battre.