« Oui, je souhaiterais me rendre à Suna. »

Expliqua Kizoku à un guide. Ce dernier jeta un coup d’œil au bandeau de shinobi de Konoha qu’on lui tendait en plissant les yeux et il posa tout un tas de question, pour s’assurer que l’homme devant lui n’était pas dangereux. Il préférait procéder ainsi, car même si l’alliance supposait la possibilité de circuler librement dans les différents villages cachés, un peu de méfiance pouvait éviter bien des problèmes. Le guide se laissa convaincre, ne trouvant aucune forme de violence chez l’élégant Juunin. Le départ était fixé très tôt le lendemain, ce qui laissait le temps à notre héro de se reposer dans le petit village situé sur la frontière. Il prit en effet le temps de réfléchir durant la nuit. Il était face un problème, un grave problème qui compromettait son objectif, le seigneur du pays du vent. En tuant l’ANBU de Konoha qui l’avait aidé à obtenir tout un tas d’informations sur sa cible, il détruisit en conséquence ces mêmes informations. Un fuinjutsu en était sans doute l’origine. Enfin, tout était à refaire !

A la sortie du village, plusieurs hommes vêtus de sombres bures encapuchonnées attendaient accompagnés de quelques bêtes de sommes. Il faisait encore nuit lorsque Kizoku arriva, le départ fut immédiatement annoncé. Ils s’enfoncèrent dans le désert et assistèrent à un magnifique levé de soleil qui aurait valut aux dunes de sables tout un tas d’éloge. Ce moment de joie fut de courte durée, car l’air plutôt frisquet au départ devint vite brûlant. Et lorsque la nuit tomba, le thermomètre s’inversa de nouveau, il faisait froid à présent. Kizoku supporta dignement ces changements de températures infernales et essaya de ne pas faire pâle figure face aux hommes du désert qui avaient l’habitude.

Deux jours passèrent et ils arrivèrent finalement à Suna. Kizoku subit tout un tas de contrôle avant de se voir attribué un pass, après quoi il put enfin pénétré dans le gigantesque et atypique village caché du sable. Il chercha tout d’abord un hôtel pour s’y reposer, puis il démarra sa récolte d’informations. Pour se faire, il lui fallait trouver quelqu’un de bien informés. Il s’installa sur la terrasse d’un café, en commanda un, et observa les gens passer.

* Quelle jolie visage*


Pensa-t-il directement en voyant la kunoichi s’approcher de lui. De suite, il se décida à changer de comportement. Kizoku voulait montrer une fausse image de lui, une image qui amènerait les gens à le voir comme une personne stupide. Il souhaitait juste être décrédibiliser dans ses désirs de vengeance, « masquer » ses intentions meurtrières. Il était prêt à faire le pitre, à défaut d’abandonner son éternelle élégance, sa classe indiscutable et son indescriptible beauté. Bon … Toutefois, il pourrait éviter d’en faire trop … Car maintenant, juste une seconde avant que la jeune Sunajin prenne place, le Junin se trouvait à ses pieds, un genoux à terre, un regard brillant et rempli d’amour (presque effrayant), et surtout, un bague ma foi éclatante de mille feu sortie de nulle part. Il prit presque instantanément la parole pour ne pas laisser parler sa cible, avec une voix moelleuse, qui semblait résonner en faisant écho avec ses sentiments.

« Impossible ne pas se souvenir de la femme la plus belle qu’il m’ait été donné d’admirer. Que le soleil s’efface derrière le rayonnement de votre beauté. Que le témoin témoigne de la délicatesse de vos mains et de leur pouvoir de soigner les maux. Entamons un voyage dans le monde sous le statut d’époux, je me battrais vaillamment contre les criminels et vous soigneriez mes blessures. Une vie pleine de fantaisie et de rêve nous attend. »

On pouvait se poser plusieurs questions. A commencer par … Où avait-il pu se procurer une bague aussi lourde de diamants ? On pouvait douter de la sincérité de l’amour pour chaque jeune fille qu’il rencontrait. Mais le problème, c’est qu’il jouait très bien, peut-être trop bien. Si bien que quelque seconde après l’énoncé de ses paroles improvisées, il prit son interlocutrice dans ses bras assez rapidement pour ne pas qu’elle ait le temps de réagir. Et il adopta une posture tout droit sorti d’un vieux film d’amour qui nous ennuierait rien que d’y penser.

« Êtes-vous prête pour connaître le paroxysme de votre bonheur ? »

Fit-il avec assurance. Mais il se doutait bien de comment les choses allaient le passer. La victime se doutait certainement que la bague n’était qu’une illusion. D’ailleurs, les gens autour d’eux fixaient la scène, la plupart avait ce que l’on pourrait appeler « la goutte de l’exaspération », vous savez, la goutte de transpiration sur la tête qui représente le désarroi …

Cette jeune fille n’était pas très amusante, malgré sa beauté. Pour ne pas paraître plus ridicule qu’il ne l’était déjà, Kizoku l’imita et s’assit à sa place. Quelle dommage qu’elle n’ait pas été tenté  d’accepter sa demande en mariage. Mais après tout, il reconnaissait que personne ne l’aurait fait dans ce genre de condition. Il but quelque gorgée de son café et tenta de reprendre son sérieux. Ce qui d’ailleurs, le rendait encore moins crédible après son délire.

« Qui suis-je ? Qu’est-ce que je veux ? Voilà de bien vastes questions … »

Kaede Shimizu. Un nom typique de Suna, venait-il de trouver la bonne personne ? Il était tenté de la faire venir dans un coin peu fréquenté et de la piéger dans un Genjutsu pour lui soutirer tout un tas d’informations, après son petit jeu, elle ne pouvait se doutait de rien. Enfin, le comble aurait été qu’elle soit un shinobi d’un rang élevé. Mais en l’observant plus en détail, il ne pouvait pas concevoir que c’était le cas. Pour ne pas faire d’erreurs, il tenta déjà une première … Enfin une deuxième approche.

« Je suis Kaosu Kizoku, shinobi du village caché de Konoha. Je suis à la recherche d’un homme qui veut du mal à Suna. Je sais de lui qu’il tente de manipuler les gens de ce village pour obtenir des informations sur le seigneur du pays du vent. »

Il faisait en fait allusion à lui-même. Pour être sûr de réussir son coup, il lui fallait être malin et gérer chaque détail pour que ce mensonge paraisse le plus vraie possible. Pour contraindre une personne à lui faire perdre tout soupçon, il fallait faire d’elle un enjeu. Peut-être que vous comprendrez mieux avec la suite. Pour commencer, Kizoku sortit un jeu classique de carte à jouer. Il déposa sur la table plusieurs combinaison dont lui seul connaissait l’intérêt. Il aimait bien se servir des cartes pour réfléchir, pour ordonner sa pensée. Pendant qu’il manipulait son jeu, il continua de parler.

« Vous savez … Ce genre de personne, j’entends par là, un manipulateur, cherche les cibles les plus faibles, il regorge d’imagination pour que sa présence ne soit qu’un souvenir incertain et pour que ça devienne le cas, il se comporte  d’une manière étrange, il adopte un comportement différent de celui que laisse penser son  apparence, aussi spontanément que la cible ne dira ne jamais l’avoir vu, par peur d’être décrédibilisé. Un de vos amis pourrait-il croire que je vous ai demandé en mariage en vous promettant de faire le tour du monde ? Ça parait ridicule alors qu’en ce moment même je suis en train de vous expliquer comment fonctionne les pires des manipulateurs. »

Puis, il mélangea ses cartes, il fit quelques « tricks » qui se voulaient impressionnants pour quelqu’un de pas habitué. Puis, il posa le paquet complet sur la table, il tira la première carte, il la fixa, puis leva doucement les yeux vers Kaede.

« Pour piéger cette personne, j’ai besoin de penser comme elle … J’ai besoin de connaître … »


Il temporisa en retournant la carte, son motif était en fait une photo de Kaede.

« … Ses cibles. »

Le faciès de Kizoku affichait maintenant un air très sérieux. Il venait d’entrer dans la phase de déstabilisation de sa victime. Son regard rouge et intense ne cessa de fixer Kaede pour la rendre la plus mal à l’aise possible. Il fallait affaiblir son mental, lui donner l’impression qu’elle était vulnérable.

« Je ne vous ais pas dit le plus important. »

Fit-il, l’air grave. Ce n’était pas terminé, il devait achever son travail. Il venait petit à petit de construire une situation angoissante, il essayait maintenant d’en faire un enfer pour la Sunajin, que son rythme cardiaque augmente, qu’elle ait du mal à réfléchir. Il déposa doucement la carte sur le dessus du paquet, il attrapa le jeu et le rangea dans une poche intérieure de son long manteau.

« Il nous observe en ce moment. »

Ce n’était pas une question de reconnaissance de chakra, expliqua-t-il, il pouvait y parvenir selon deux méthodes. Soit il se fondait dans la foule, et dans ce cas, il pouvait être un passant, un homme qui prend son café, le serveur du restaurant, soit il espionnait de façon plus traditionnelle, en se cachant et en gardant un œil sur eux par l’intermédiaire de techniques de shinobis. Kizoku tentait de faire en sorte que chacune de ses paroles pèsent plus lourd au fur et à mesure qu’il parlait. Il baissait le débit de ses phrases, il utilisait une voix de plus en plus graves et rapprochait doucement son visage de celui de Kaede.

« Qu’est-ce que vous savez sur le Daimyo du pays du vent, plus j’en saurais sur lui, plus j’aurais d’élément pour piéger notre homme. »

Oui, « notre » homme, car maintenant, Kaede était devenu un enjeu de la situation, elle était concerné. A quoi pensait-elle ? Le plan de Kizoku fonctionnait-il ? D’autant plus que son comportement avant que la conversation ne commencer devrait lui mettre la puce à l’oreille. Si le manipulateur en question existait vraiment, alors sa demande en mariage était toute justifiée. Il l’aurait faite non pas parce qu’il était lui-même le manipulateur, mais pour faire croire au « faux » manipulateur qu’il n’était pas l’homme qui le recherchait.