Une pâle lueur se dégageait de cette flamme, qui parvenait quand même à éclairer les murs miteux de la pièce. Une pile de documents s’entassait chaotiquement, menaçant de s’écrouler à chaque instant. Assis face à un bureau improvisé, constitué de quelques planches délabrées, Haiko semblait perdu dans ses pensées. Un bruit vint le tirer de ses rêveries; il regarda en direction de l’embrasure, avant d’apercevoir sa tante.
« Tu es encore plongée dans tes lectures, hein ? », s’exclama-t-elle, hochant la tête avec peine, mais néanmoins, le sourire aux lèvres.
Le Sunajin fut pris de frissons, avant de porter la main à son visage, comme pour faire disparaître une mauvaise illusion. La femme n’était plus là. Il avait beau y faire, cette maison continuait à le troubler depuis le drame. Le plus souvent, le Juunin passait son temps à la bibliothèque ou en mission, cependant, à cet instant précis, il se rendit compte d’une réalité qu’il avait jusque-là refusé d’admettre; involontairement, l’enfant des cendres fuyait le domicile de sa défunte tante. Il entreprit de sortir, d’aller prendre l’air afin de chasser ces mauvaises pensées. Saisissant une bonne partie de ses documents, il quitta la demeure, refermant la porte derrière lui. La nuit régnait sur le village de Suna, mais l’éclairage demeurait suffisant pour permettre au jeune homme de lire à l’air libre. Après quelques minutes de marche, le ninja trouva refuge dans l’un des parcs qui jonchaient le bastion des forces du sable. Il s’assit sur un banc, déposant la partie de ses lectures à ses côtés. Le silence était, à son grand plaisir, total; même le vent ne parvenait pas à s’engouffrer dans les ruelles de Suna.
Dans cette quiétude, le Shinobi se laissa aller, plongeant à nouveau dans ses études. Cependant, ses pensées erraient toujours, troublées par l’image qui avait précédemment passé la porte. Son salaire de membre de l’Alliance étant plus ou moins conséquent, le Yadomaru se dit qu’il était peut-être temps de changer d’habitat. Enfin, il était tout de même bon de prendre la nuit pour y réfléchir.
De ces lueurs qui brillent dans l'obscurité Ryosuko Uzume
A ujourd'hui en se levant, Ryo » eut clairement compris qu’elle n’allait pas être de tout repos. Une montagne de document, de rapports de mission, et j’en passe. Bref une pile interminable de paperasse l’attendait. La Kunoichis tenta en vain de se motiver, de se hâter à la tache. Mais malgré sa volonté inébranlable, celle-ci fléchissait à la simple vue d’un papier. C’est à s’en demander comment avait-elle pu obtenir de si haute fonction. En ce jour, aucune mission ne l’attendait, sa seule activité devait être d’achever ce retard administratif encombrant. Vêtue de son pyjama, la tête entre les mains, sa bonne volonté parut comme s'être mystérieusement dissipé. Les secondes, puis des minutes et des heures s’écoulèrent sans qu’elle ne parvienne à écrire la moindre ligne. C’était à en devenir fou. Là où d’autre parvenait à réaliser un rapport en moins de dix minutes, la belle eut besoin d’au minimum quatre longes et interminable heures ! Dans le vide apocalyptique de son appartement, la jeunette poussa un hurlement. D’un mouvement sec et déterminé, elle fit chuter l’immense pile. Les rapports semblèrent à de la neige tombante sur son sol. Telle une gamine, elle ne put s’empêcher d’y danser, de sauter dans toutes les directions. Durant l’un de ses sauts de cabri, sa jambe gauche vint glisser sur un des nombreux tas de feuilles provoquant sa chute. La tête face au plafond, un rire commença à se faire entendre. Un rire niais, un rire de gamine. Ryosuko se demanda, quand vais-je enfin définitivement grandir et stopper ces enfantillages ?
Ha pas aujourd’hui ma belle ! fit notre petite schizophrène.
Plus immobile qu’une statue, sans même cligner des yeux, l’utilisatrice du Jiton ne bougea pas d’un cil durant de longs instants. Seul son ventre parvint à l’extirper de sombre pensée douteuse ! Son corps se dirigea presque de lui-même dans sa cuisine. D’un mouvement rapide, elle entrouvrit la porte et se laissa sombrer dans le désespoir. Pas la moindre gourmandise, pas la moindre friandise, seule une salade à l’abandon y traînait. Enfin, c’était surement l’occasion rêvée pour enfin débuter un régime. Fesses contre terre, elle souleva délicatement le bas de son T-shirt et y observa un petit bout de graisse. Cela lui parut être un choc tant elle ne pensait pas s’être tant relâchée ces derniers mois. C’en était trop pour la demoiselle, qui extirpa le petit bout de salade de son enveloppe plastique afin de l’y caler dans un de ses nombreux Tupperwares. Elle se sentit étouffée dans ce logis encombré par de nombreux papiers inutiles et décida d’aller prendre un bol d’air frais. Dehors, le soleil ne pointait désormais plus sa bouille dans le ciel donnant une teinte orangée aux bâtiments. La nuit, son allergie à l’astre solaire n’était absolument plus un problème, de ce fait, elle n’emporta pas son parapluie. Seuls les lampadaires éclairaient sa route. Mais, l’empotée ne sut trop où se diriger et se mit à errer tel un fantôme au travers des ruelles du village. Au détour d’une petite ruelle, son chemin s’arrêta aux alentours d’un parc. Assois sur un banc, elle y vit de dos, un homme qui semblait être du même âge. Celui-ci sembla ne rien faire de bien particulier, pensait-il ? D’humeur joueuse, elle s’avançait sur la pointe des pieds sans faire le moindre bruit. Elle en oublia presque qu’elle était un Shinobi sur l’instant.
— Bouh ! hurla l’idiote à l’inconnue. Hey, tu fais quoi tout seul dans un parc la nuit ? C’est très louche, tu sais !
« Bouh ! », hurla une voix féminine dans le dos de notre protagoniste.
Perdu dans ses pensées, le Sunajin n’avait tout simplement rien vu venir. La surprise fut telle qu’il en perdit l’équilibre, avant de lamentablement s’étaler au pied du banc précédemment occupé. Comble du ridicule, le Shinobi avait, dans sa chute, tenté de se retenir à la première chose qui lui était passée sous la main; la pile de notes, soigneusement déposée à ses côtés. L’intégralité des feuilles virevolta, avant de doucement se déposer sur le corps de Haiko, le visage enfoui dans la poussière de Suna. Une entrée du plus bel effet, cela étant dit. L’enfant des cendres se retourna péniblement, afin de constater l’arrivée d’une jeune femme à la chevelure rousse sur son lieu de travail. Le réverbère éclairait clairement son visage; elle semblait être du même âge que le Juunin.
« Qui… Qui êtes-vous ? », balbutia-t-il, entièrement recouvert de poussière.
Trouvait-elle réellement que la situation du Yadomaru était louche ? Pour lui, l’inverse était également plus que plausible; une interlocutrice, tout droit sortie des ténèbres de la nuit et hurlant à tue-tête. Mais qui pouvait-elle bien être ? Tant bien que mal, le ninja se releva, puis passa brièvement les mains sur ses vêtements, afin d’en séparer le sable qui s’y était accroché.
« Ça ne va pas de surgir sans prévenir, comme ça ? », pesta-t-il, avant de s’apercevoir que ses notes s’étaient répandues à même le sol.
Le jeune homme souffla un bon coup, comme pour prendre son inspiration, puis plongea afin de réunir les feuilles qui s’étaient éparpillées. Un coup de chance que le vent ne soufflait guère, cette nuit; il n’aurait probablement pas eu le courage de courir à leur poursuite aux quatre coins du village. Haiko ne put néanmoins s’empêcher de dévisager la farceuse. Que faisait-elle, dehors, à une heure aussi tardive ? Bien qu’elle semblait résider ici, son visage paraissait inconnu au Sunajin. Elle était seule, mais contrairement à lui, la solitude ne devait pas être son but; son intervention dans le dos du Juunin en était la preuve. La rousse avait, telle une balle, pénétré la bulle dans laquelle l’enfant des cendres prenait tant de plaisir à s’enfermer. Restait à savoir si la balle avait simplement traversé la plaie, ou bien si elle s’y était logée.
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