~J'ai le souvenir de sentir le pas pesant, Alourdi par la tristesse, d'êtres vivants, devinant dans la pluie d'un petit matin, l'ombre d'Humains vissée, serrée par le chagrin~
Il y a trois ans de cela~
Nous nous retrouvons au temps où le temps vivait en harmonie, dans une mélancolique journée d'hiver dont la pluie ne cessait de chuter. Au beau matin, les sombres nuages cotons se mélangeaient dans un spectacle grisâtre. Parfois, voire souvent, la scintillance des éclairs retentissants par-ci par-là venait colorier l'atmosphère d'une douce étincelle accorte. Pourtant de mauvais présage pour certains, les humains faibles comme ils étaient ne pouvaient que se consterner devant mère nature, trembler suite à ses faramineux grondements tonnerreux et subir sa colère sans fin. Forte, elle s'abat avec fureur, dévastant inévitablement tout ce qui l'entrave en guise de tempête enragée. Le vent emportait le solide et le liquide dans un élan de folie, combien de temps les arbres allaient-ils encore résister ? C'est dans de telles conditions climatiques qu'une terrible bataille avait lieux. Deux groupes de Shinobi s'affrontaient dans un sanglant échange de coups. Certains pour la gloire et le prestige de leur village, d'autres pour la simple reconnaissance, l'honneur ou voire même, cette pseudo paix, celle qui a valu tant de vies et de sacrifices, demeure malgré tout, l'éternelle cause des conflits engendrés.
Brillant à l'éclat de chaque goutte de pluie, l'envol des dagues se faisait peu discret. Mélodieux crépitement d'une feuille dévorée, explosion artistique, les opposants s'acharnaient sur un champ en ruine, triste amas de décombres. Le sol trempé de marre putride de groseille péguante, reflétait une désastreuse manifestation écarlate. Son bandeau du pays du son était peu visible, non pas seulement à cause de la météo, mais aussi des éclaboussures de sang jaillis des victimes par sa lame vicieuse. Mauvais pas, moindre malentendu, et l'ange reçoit la férocité perçante du leader des antagonistes en pleine cuisse, provoquant le cri de douleur d'une bête furieuse. Armé, il s'offrait lui-même comme appât avant d'abattre son coup fatidique au cou de l'assaillant.
En ce jour mauvais, portant le sceau de la mort, l'homme de la vapeur allait mal. Tout retourné, abattu. Il parvint tant bien que mal à se reprendre, seul survivant du conflit. Les robinets de sangs atteignaient leur apogée, contrairement à l'arrosoir céleste qui lui doublait de recharge. Décidément, les champs étaient bien servis. Avec sa blessure et dans ces conditions, l'homme aux prunelles d'or et d'argent n'allait pas tenir longtemps. L'incertitude et la désolation s'emparaient de sa faible conscience refroidie, tandis qu'il traînait péniblement sa jambe inanimée en cherchant désespérément un endroit où s'abriter. Fort heureusement, le destin semblait l'apprécier puisqu'il ne tarda point à débarquer par pur hasard devant une grotte à l'entrée étroite. Quelques mètres en profondeurs, les parois s'élargissaient pour offrir un espace en guise de protection plus ou moins chaleureuse -bien que de temps en temps, des rafales glaciales parvenaient de s'y introduire. Saignant comme jamais, le noiraud se maudissait de ne pas rapporter la boite de premiers soins, que tout Shinobi devrait avoir à sa disposition en temps normal. Soupirant de soulagement, le repos n'allait pas durer, sa précieuse capacité sensorielle repéra une source du Chakra qui s'approchait. Ses doigts s'emparèrent de la seule arme qui lui restait, l'empoignant fermement, une chose est sûre, dans son état, s'il s'engageait dans un autre combat, le prodige de sa génération allait y rester.
Yûna Shizuku Juunin de Kiri
Messages : 22 Date d'inscription : 18/04/2014 Age : 32
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Capricieuse. La météo en ce jour n'était vraiment pas clémente, les nuages grondaient férocement. Leur colère s'abattant en une pluie diluvienne qui ne semblait avoir de fin. Les perles ruisselaient au sol, s'amoncelant pour former de sinueux serpentins irrésistiblement attirés par la gravité. Empruntant un inexorable chemin retournant à la mer. Au milieu de ce déluge nous avancions péniblement, les pattes palmées de mon amie s'enfonçant dans la boue face au vent.
▬ « J'aime bien l'eau mais faut pas pousser non plus ! » Dis Umi sur un ton revêche
Un sourire s'étira sur mes lèvres et tournant la tête de quelques degrés mes prunelles observaient le ciel, des larmes de ce dernier ruisselant sur mon visage. Délicatement je les essuyais en replaçant ma capuche ainsi que ma cape protectrice de la pluie et m'étirais quelque peu, faisant grincer les cuirs de la selle sur laquelle mon corps se trouvait. L'imposante créature sur laquelle mon enveloppe corporelle se trouvait n'était autre que mon compagnon le plus fidèle et ancien. Une femelle loutre de plusieurs mètres de long. Environ quatre sans la queue et un peu plus de six mètres avec celle-ci. Ma main flatta gentiment son encolure avec un clapotement aquatique et le mustélidé s'ébroua.
▬ « Encore un peu de courage et nous serons rentrées. »
Le chemin pour atteindre le village n'était plus très long comparé à ce que nous avions déjà traversé, revenant d'une mission dans un petit pays éloigné du continent principal. La fatigue me tirait petit à petit vers elle, Morphée m'appelant à elle. Mon corps se faisait plus flexible, poupée de chiffon ballottée par les mouvements réguliers de la marche de ma monture inhabituelle. Un sursaut me tira de cet endormissement lorsque ma tête tomba plus violemment en avant de sa lourdeur. Mes yeux clignèrent plusieurs fois d'affilée, tentant de résister à cette douce mélodie que procurait les gouttes de pluie.
La marche se stoppa nette. Ronchonnant quelques peu mon esprit sorti doucement de sa torpeur suite à l'arrêt de cette berceuse corporelle. Félinement mon corps s'étira lentement, puis mes sourcils se froncèrent. Umi avait relevé la tête et humait l'air à nos alentours. Bientôt le mammifère se redressa sur ses pattes arrières prenant de la hauteur, mes mains s’agrippèrent à sa fourrure détrempée pour ne pas perdre l'équilibre. Attentive aucun mot ne s'échappa de mes lèvres, laissant patiemment faire mon acolyte.
▬ « Le sang. Du sang humain. » ajouta-t-elle, la bouche entrouverte afin de mieux capter les odeurs, révélant une bouche emplie de crocs carnassiers.
Le temps ne permettait hélas pas de pouvoir suivre une trace avec beaucoup de précision. Mais nous arrivâmes tout de même à l'épicentre de cette odeur funeste. Les pattes d'Umi s'enfonçaient dans une boue noirâtre,collante, emplie d'hémoglobine coagulée tandis que gisaient autour de nous des corps épars. Sur mon perchoir mes yeux se posèrent avec attention sur ces derniers, un affrontement féroce avait eu lieu il y a peu. De son museau mon invocation poussa doucement un corps encore tiède. Son regard battait les horizons et mon corps pouvait aisément sentir la contracture de ses muscles puissants, prête à bondir au moindre bruit. Avec douceur ma main se posa sur son cou, enfonçant mes doigts dans ses poils, la rassurant. Il ne devait pas y avoir beaucoup de survivants et au pire leur état ne nous mettrait point en danger.
D'une pression des talons mes jambes la motivèrent à poursuivre une trace. Tête au sol elle avançait lentement mais sûrement. Et bientôt à quelques mètre de nous il fut possible d'apercevoir à la lumière d'un éclair une fissure dan la roche. Une entrée mince. Posant pied à terre je m'avançais vers cette dernière et me glissais par l'ouverture. Cette entrée ne permettait pas à la loutre de s'y glisser et un gémissement rauque se fit entendre lorsque j'y eus pénétré. Un sourire éclaira mon visage, elle se faisait du souci.
De petites flaques ponctuaient un chemin sur le sol telle une partition. Une personne avait trouvé refuge en ces lieux, meurtrie. Quelques secondes à peine s'écoulèrent avant que mes pas ne me guident à l'endroit où ce dernier avait du mettre de longues et pénibles minutes à se traîner comme un animal blessé extirpé d'un piège à loup. La noirceur était présente en ces lieux, fortement éclairés de court instant sous les frappes du Dieu de la foudre. Mes yeux purent l'apercevoir. Tenant son arme, acculé dans un coin, prêt à mordre. Mes pas s'avancèrent encore un peu et mon corps s'accroupit deux mètres face à lui.
▬ « Je ne te veux aucun mal. Je ne te connais pas. De plus, qui serais-je pour m'attaquer à un infirme. » Je souris et lui présentais mes fines mains ouvertes, vides. « Je n'ai pas d'armes. » L'une d'elle se glissa sous ma cape et ressortit avec une trousse que je posais au sol et fit glisser à lui sur le sol rocailleux. « Tiens, il faut te soigner. »
Finalement je retirais ma capuche révélant mon visage dans cette sombre caverne.
▬ « Je m'appelle Yûna. Je veux t'aider n'aie crainte. »