Dans les cieux de Kirigakure battait un vent nouveau, celui de la déshérence. Une belle sirène était abattue au plus haut donjon de la citadelle. Flânant comme jamais il ne l'avait fait, son regard vide crevait les nuages de coton. Son corps chétif, tremblait au gré de la brise maladive qui lui faisait houle. Ainsi recroquevillé sur lui-même, il n'était plus qu'une ombre. L'ombre de lui-même. L'ange se perdait encore dans ses questions philosophiques et existentiels, n'ayant comme compagnon que ses pensées, affligées d'horreurs paranoïaques. Livré à cette solitude qui l'étrangle et qui menace de l'emporter que trop souvent. C'était là son lot quotidien d'effroi et d’ennui depuis quelques temps, le tout plongé en un profond mutisme.

Songeant aux évènements récents, particulièrement le décès de sa chère, l'ancienne dirigeante, un fébrile murmure s'évadait de temps à autre de cet égout dorée, Baaka. Il s'en voulait, se maudissait lui-même de ne pas avoir pu réagir. Comment pouvait-il prétendre diriger la force spéciale ? Aussitôt, il rabaissait les pupilles vairons, sans la moindre coulure de bouille pour larmes. L'instinct d'assassin le poussait à déployer ses sens aiguisés, reconnaissant les passants sans nul regard. Il cherchait abris. Non, en fait, il cherchait désespérément une occupation qui saurait lui faire oublier ce chagrin. Puis soudain, se relevant brusquement, le vent portait l'odeur d'un parfait passe-temps. Il était déjà parti. Son Shunshin no jutsu l'avait fait disparaitre dans un tourbillon de flammes. Pour réapparaître perché sur un arbre, au beau milieux de la forêt. Comme libéré d'un poids fâcheux, il se laissa choir de cette monture végétale et toucha terre sans grand bruit. Et marcher, l'air absent, la conscience minée par la rage et l'envie de vengeance, s'emparant d'un corps triste et macabre. Le soleil se mourait dans l'horizon, embrasant les cieux d'une beauté sans égale. Rappelant au bel homme son adoration impie du brasier. Celui qui savait dévorer chairs et souvenirs. Son cœur était un abîme creusé par la peur et comblé par la haine. Cette bête allait exploser aujourd'hui et incendier ce paysage. Pauvre rat marchant inconsciemment vers sa fatale destinée, il allait servir de repas pour apaiser cette profonde méprise.

Le pas léger d'un assassin, le regard d'un prédateur affamé, l'Anbu se réjouissait de ce qu'il y avait au menu en cette fin de journée. La chasse promettait d'être productive. Ses prunelles d'or et d'argent analysaient chaque mouvement de la cible, c'était là les vieilles habitudes d'un Akairyo amoureux du liquide écarlate qui refaisaient surface. Vicieuse inconscience, attachement imperturbable, il avait déjà perdu le self contrôle. Quant à la proie, malheureuse dans ses pas hésitants, méfiante à découvert, les traits de soumission n'allaient point tarder à se dessiner dans son visage de pauvre déserteur égaré. Quelle stupide idée était-ce de s'aventurer dans les forêts brumeuses du village qu'il a déserté, le puissant Kirigakure, connu par ses Oinin et Anbu féroces et impitoyables ! Était-ce assez naïf pour croire s'en sortir sans conséquences ? Décidément... Surgissant de la terre juste sous la victime dans un élan dragonnier, un incalculable nombre de serpents qui s'emparèrent des pieds inévitablement en contact d'un sol hostile, avant de l'enrober totalement dans un temps record. Obstinés, ils s'accrochaient au rythme du mouvement entravé, jusqu'à réussir leur noble mission. Immobilisation étant accomplie, peu après deux dagues volantes prenaient le malheureux pour cible dans un angle mort, s'effritant ou plutôt les parchemins explosifs enroulés autour du manche. Dieu qu'il adorait ce mélodieux crépitement de la feuille dévorée avant l'explosion artistique.

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Deux Shinobis, un seul destin. Seul juge, sa décision est déjà prise, sa sentence est irrévocable. Quelle vie allait-elle s'éteindre en cette belle soirée de printemps ? À vrai dire, les acteurs de cet instant fatidique ne prenaient point la peine de se poser la question. Ils vivaient ce moment mémorable, le temps s'arrêtait presque par respect envers ces gladiateurs. L'univers et la nature témoignaient en guise de fidèles spectateurs. Pour certains, cela représente une forme de dialogue, expression commune, humaine. Seule l'échange physique était capable d'une telle prouesse, unifiant les hommes d'un seul langage. Ceux-là aiment l'affrontement, ils ne peuvent guère s'en passer. D'autres, les partisans de la paix, le perçoivent comme une sorte de violence qui va à l'encontre des valeurs. Cependant, notre héros représentait une tout autre catégorie : la justice sans principes n'est rien d'autre que de la violence aveugle... Mais si la violence aveugle sert la morale... Elle n'est que justice.

Par contre, ce qu'il s'apprêtait d'accomplir, était-ce une forme de justice, ou simple satisfaction personnelle ? C'est d'un tout autre Akairyo à qui on avait affaire désormais, un dragon blessé, la rage le submerge et il perd toute raison. Quoi de plus effrayant qu'une chasse à l'homme pour lui faire oublier toute l'affliction qui rongeait son esprit ? Sincèrement, pour avoir mis en scène cette rencontre, le sort ne devait surement pas apprécier Amatera Hatoma. La bête devait être dans ses pires états, esprit de vengeance, toute notion de haine et de colère se mêlaient pour donner naissance à un dangereux prédateur. Celui qui aime jouer avec sa proie, synonyme de torture et de souffrance, l'héritier de l'explosion allait subir les foudres de sa rancune profonde.

Eh oui ! Le peu de conscience qui lui restait parvenait à ressurgir des informations enfuis au tréfonds de sa mémoire. Il reconnaissait aisément le manipulateur de l'explosion, le double déserteur avait fait entendre parler de lui à de nombreuses reprises. Sa tête était classifiée rang A au Bingo book, cela n'eut que l'effet d'exciter davantage notre protagoniste éreinté. Mudras en mains, un semblable du Terumi ne tarda pas à prendre vie. Ses prunelles scintillantes suivaient chaque fait et geste de la cible. Il fut presque étonné par la vitesse dont elle faisait preuve, quoi de mieux que d'enchaîner avec une vitesse qui lui est supérieure ? Prenant fermement appui sur le pied gauche, au moment où sa future victime atterrissait définitivement au sol, l'homme de la vapeur disparût pour apparaître dans un élan de folie juste derrière l'Amatera, à très peu de mètres, grâce à un déplacement instantané digne d'un maître du Ninjutsu. Rictus aux lèvres, regard à la fois méprisant et amusé, le bras droitement tendu vers la tête du rouquin, il fallait un rien de temps pour qu'une boule de feu surgisse de la main de l'agresseur, visant inévitablement la tête. Peu importe ce qui en résultait, il n'allait point attendre une seconde pour continuer son enchaînement d'attaque, la prochaine serait nuisible.

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Sincèrement, aussi bizarre cela puisse paraître, ce combat l'amusait, grandement. Akairyo prenait un plaisir fou à observer les mouvements de ses ennemis, chaque fait et geste, leur regard. Mais le détail qui l'intéressait le plus, était leur réaction face à une attaque surprise, leur réflexe. Avec les nombreuses guerres qu'il a dû mener, toutes les batailles féroces dont il s'en est sorti vivant, notamment son fameux combat contre Nagato, Uchiha Sasuke ou encore, Deidara -qui fait la pose dans un parchemin de sa collection d'Edo Tensei scellés, l'héritier du clan Terumi a su développer un sens de l'analyse sans faille. C'est donc sans hésitation qu'il pouvait affirmer faire face à adversaire de taille. Cela eut presque l'effet de l'exciter, si bien qu'il affichait déjà un rictus aux lèvres, celui qu'il n'a point laisser paraître depuis la "mort" d'Orochimaru.

Effectivement, la réaction de l'homme au Bakuton venait confirmer sa réputation. Cependant, si Amatera Hatoma était digne d'un grand Shinobi, il n'en était pas moins le cas de notre prodige de sa génération, de loin. Son expérience au combat lui permettait de faire les bons choix, un mauvais pas n'est pas une option ! Le sous-Estimer est synonyme d'échec. L'échec est synonyme de mort.

L’élan de la cible sonnée disparût dans un épais nuage de fumée. Akairyo perdait de vue sa future victime, dieu comme il savait combien cette manœuvre peut être dangereuse. Immédiatement, il laissa échapper deux bombes fumigènes qui auraient l'effet de le cacher aussi bien que celle d'Hatoma cachait son utilisateur des prunelles félines de son assaillant. Le brouillard imposait une ferme emprise sur le champ du combat, surement beaucoup plus que ne pensait notre déserteur adoré. La surprise fut grandiose, ce serait de la plus haute déception que d'attaquer à l'aveuglette, surtout qu'il est fort improbable que l'un ou l'autre soit resté dans sa position initiale. Ceci, Akai en doutait fortement. Heureusement, il avait une précieuse capacité de détection, celle qui lui permettrait d'attaquer à l'aveuglette, là où ça fait mal... La question qui s'imposait, est-ce que le Nukee-nin disposait d'un tel avantage ? Bref, ce n'était point le temps d'entrer dans des réflexions interminables. La position d'un Amatera à sa merci ne lui était que trop perceptible, les cendres s'envolaient toujours quand les pieds d'Hatoma furent objets d'un sol piégé. Effectivement, le sol sous le rouquin se transforma en une coulée de boue aussi soudainement que le saut d'une lionne affamée. La coulée l'emportait à plusieurs mètres - hors de la fumée -, avec la ferme intention de le faire s'écraser à un arbre. Empoignant fermement un grand Shuriken affuté et explosif, Akairyo ne tarda pas à apparaître à une dizaine de mètres à gauche de sa cible, avant de lancer le projectile en direction de l'opposant. Ce dernier, allait-il en moins pouvoir reprendre son équilibre et ses esprits, à temps pour voir l'attaque venir ? Apparemment, l'Anbu s'amusait beaucoup trop, tel qu'il n'avait pas l'intention de passer aux choses sérieuses.

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Itération, en voilà un mot qui ne plait point à notre héros. Admiratif de l'originalité, de la diversification, de tout ce qui est éphémère, sa vie n'est qu'une succession de choix tous aussi différents les uns des autres. Ce serait mentir que de prétendre qu'il était fier de son passé. Akai a clairement fait de mauvais choix par moments, les options qui s'offraient à sa noble personne ne furent pas des moindres, certains ont le mérite d'avoir influencé sur la trame du destin. Des batailles se sont fait déclarer par sa voix de leader incontesté, des victoires se sont enracinés par ses mains rougeâtres de liquide vermeille, des vies se sont éteintes, dont certaines auraient pu briller de mille feus. Des guerres furent gagnés, d'autres perdues... Ses immondes défaites à deux reprise contre Uchiha Sasuke lui revenaient souvent à l'esprit, à chaque fois qu'il empoignait une arme. Il y était si presque... Pourtant, admettons-le, les bonnes décisions ne manquent guère à l'appelle dans son CV. L'ensemble de ses actes ont forgé un vécu des plus abondants, le vécu qui fait de lui le grand homme d'aujourd'hui, respecté et cent fois honoré.

Itération. Apparemment, sa cible du jour aimait bien ce mot. Pourrions-nous parler d'un manque de créativité, ou de moyens simplement limités ? Hatoma tenta la même approche que la précédente, usant encore une fois du fameux Shunshin no jutsu pour apparaître derrière le noiraud, avant d'enchaîner avec un Bakuton. Certes, cela déçût le chasseur, mais ne lui offrait pas pour autant une perspective de parade. Brillant sous l'éclat des gouttes de pluie, son corps réagissait presque aussi lentement qu'une tortue face à la vitesse de l'assaillant. Sombre fin, était-ce ce que lui réservait le destin dans cette sombre soirée glaciale ? Malheureusement, l'homme n'avait absolument aucun moyen de se défendre, il fallait avouer, pour un manque d'originalité, les éléments dont disposait le rouquin étaient indiscutablement efficaces. Étrange sourire aux lèvres, vicieux, Akairyo se faisait exploser littéralement par un simple contact, au simple coup. Il fut déchiqueté.

Ses morceaux se dispersèrent aux quatre coins du champ de combat, dans un envol au ralentit, à peine visible dans l'obscurité qui régnait, la chaire et le sang se transformaient en de vulgaires boules de boues. Le clone fut salement anéanti. Ce ne fut point du sang qui éclaboussa Hatoma, mais de la terre dans toute sa splendeur. Si seulement il avait eu le temps de s'en rendre compte pleinement, de la plus soudaine des manifestations, deux mains s'emparèrent de ses pieds sans défense et tirèrent vers le sol d'une force étrangement faramineuse. La pauvre victime fut totalement engloutie dans la terre, inévitablement. Aurait-elle seulement eu le temps de voir les deux parchemins explosifs qui étaient déposés discrètement sur chaque pied ? Tandis qu'un Akairyo Terumi fier et sûr remontait avec douceur à la surface, à six mètres de l'opposant, le roc autour de ce dernier s'éleva légèrement, formant quatre semblants de pics qui visaient la tête d'un Amatera immobile, près à passer à la charge à n'importe quel moment. Un simple claquement des doigts suffirait à lui trancher la tête, non, plutôt sa simple pensée. Attentif, capacité sensorielle bien active, la voix sereine d'un Anbu satisfait retentit :

• "Amatera Hatoma, spécialisé en Raiton et Bakuton, expert doton... tu t'en doutes bien, la situation t'es défavorable. Un choix fatidique s'offre à toi, je ne doute pas de ton habilité à faire la bonne décision. Rends-toi, si tu tiens encore à ton existence. Bouges le moindre doigt, et je n'hésiterais point une seconde à te réduire au silence éternel. Utiliser le Bakuton ne servira qu'à te suicider. Entres au sol, et cette terre deviendra ton cercueil par mes propres soins. Amatera... t'as encore de belles années à vivre devant toi."
  

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