Le temps était maussade en ce jour. Capricieux. Enfant à qui on aurait refusé une faveur tirant la grimace. La brise marine, salée et délicate déposa une pointe de chlorure de sodium sur mes lèvres d'une douce caresse. Ma langue rosâtre s'empressa de glisser doucement sur ces deux commissures afin d'enlever ce superflu et je me perdis au delà de la pensée et du temps. L'ombre se rapprochait, l'équilibre se fissurait. Cette douce volute d'air chamboulait petit à petit le peu de sérénité que nous avions réussi à acquérir à un prix douloureux. Funeste. Une esquisse sur mon visage s'étira sur mes pâles joues rosies par le vent vivificateur. Pourquoi mon esprit s'aventurait ainsi à songer au pire. Cet instant était beau, malgré la colère de dame nature grondante au loin.


Mes pas grincèrent, s'enfonçant péniblement dans le sable humide tandis que je m'éloignais de la côte. Le son des vagues vigoureuses s'éteignant peu à peu dans le lointain, l'écume salée faisant place à l'humidité de la forêt endormie. Fines craquelures inaudible sous mes pieds. Hurlement silencieux de la végétation que mon corps piétinait inlassablement de mes frêles pas. La nature est belle. Savante. Mes yeux céruléens se complaisaient à admirer les détails imaginés par cette demoiselle créative. Les courbes sensuelles de la végétation, les multiples teintes de feuillage jonchant la terre. Clapotis de l'eau d'une calme rivière. Un moment paisible et solitaire enclin de nostalgie. Son visage me revint en mémoire. Sa peau douce et sucrée comme un fruit gorgé du dieu soleil. Ce regard aussi verdoyant que le lieu où mon corps se trouvait en cet instant. Cette crinière animale pareille à l'écume que je venais d'abandonner. Un sentiment d'apaisement me traversa, un bien être protecteur. Réconfortant. Mon esprit se complaisait dans ses souvenirs savoureux.


Tandis que ma pensée se perdait dans ses limbes infinies, mon enveloppe astrale se mouvait gracilement sur le sentier tracé au milieu de la végétation. Unique ligne sinueuse semblable à l'imagination d'un bambin esquissant sur la plage à l'aide de la pointe d'une badine. Si mes pas m'avaient conduite jusqu'ici il y avait une raison. Et elle était tout à fait simpliste. Lui. Le village étant en proie à maintes décisions administratives qui me laissaient un goût âpre dans la gorge. Mes oreilles avaient pu entendre les prérogatives que certains candidats au poste le plus prestigieux voulaient instaurer. Un fer de lance rougeoyant au creux de mon ventre. Toujours la même rengaine de haine. De pouvoir. C'était donc naturellement qu'il m'avait fallu m'écarter de cela, prendre de la distance. Hélas ma pauvre personne n'était pas assez puissante ou reconnue pour tenter d'asseoir son point de vue. Je restais une fluette jeune femme hurlant des cris imperceptibles par ces titans rivalisant de force et de puissance.


Guidée ainsi par mes pas surplombés d'une végétation luxuriante au sein de ce minuscule archipel, mon enveloppe corporelle se rapprochait inexorablement du pays du feu. La flamme au creux de mon cœur se ravivant à chaque pas. Chemin me menant vers l'homme habitant mes pensées. Aussi douce qu'avait-pu être cette journée jusqu'à cet instant précis, il me semblait que le temps capricieux tournant peu à peu en un orage grisonnant n'était pas la seule menace à me pointer du doigt. Et il ne me fallut que quelques secondes pour me rendre compte qu'au sein de ce calme végétal rôdait une ombre malsaine.


▬    «  Tiens donc … Que fais tu ici tout seule ma jolie … Tu es perdue … ? »


Une voix masculine avait surgi face à moi, quelques mètres devant mes pas qui venaient de se stopper net dans le sol. Planté sur ses deux pieds légèrement écartés un homme d'une stature imposante se tenait partiellement dans la pénombre végétale. Il fit glisser sa langue sur ses lèvres, animal assoiffé cherchant à se repaître d'une créature égarée. Un crépitement se fit entendre sur mon flanc gauche, suivi du droit. Mon regard observa posément la situation, cherchant une quelconque manière d'éviter le conflit. Cependant au fond de moi ma conscience me susurrait au creux de l'oreille que les intentions de ces hommes semblaient peu ragoutantes.


▬     «  Je ne suis qu'une paisible voyageuse. Je ne possède ni argent, ni objet de valeurs. Vous feriez mieux de passer chemin je n'ai rien à vous apporter »  Ajoutais-je calmement.


▬     «  Mais ce n'est pas grave ma jolie, nous allons nous assurer de cela par nous même ... »


Au moment où ces mots glissaient de ses lèvres entrouvertes comme le venin d'un serpent. Bave du monstre se rêvant à planter ses crocs jaunâtres dans la chair délicate de sa proie. L'homme fit doucement glisser une dague usée. Médiocre. Le long de son bras musculeux. Il l'empoigna fermement, ses jointures blanchissantes sous l'excitation. Durant ce laps de temps aussi rapide qu'un clignement d’œil ses complices m'avaient peu à peu encerclé. Avançant à pas feutrés, trahis par les gémissements de la végétation sous leur poids. Je ne dis rien. Plantée au milieu du chemin ma personne resta sans réaction. Cette journée avait pourtant si bien commencé. Fraîche. Mélancolique. Aucune anicroche n'avait été a déplorer depuis mon départ du village. Il me faudrait donc briser cette monotonie nomade et remettre ces individus à leur place. Instinctivement mon pied droit recula légèrement en arrière du gauche s'enfonçant dans le sol d'un appui sûr. Mes frêles doigts se posèrent sur Awa, mon fidèle bâton, attaché en travers de mon dos, et un à un encerclèrent délicatement le manche de mon arme.

Que le combat commence.

La violence. Mère de ce monde. Douce maîtresse des hommes qu'elles trompent aisément de sa malice. La facilité tentatrice de répondre à un affront par violence que d'y faire face avec jugeote et réflexion est bien souvent le choix de l'Homme, qui dans  sa fainéantise est enclin à en venir aux mains plutôt que d'utiliser un stratagème plus audacieux. Pour des conséquences souvent tragiques et funestes. Faisant de conflits mineurs des querelles sans nom. Délicat flocon tombé sur la neige glissant en aval de la montagne en devenant une avalanche meurtrière. Cette fois-ci ne dérogeait pas à la règle, malheureusement.


Un souffle passa. De bruyantes explosions soulevant un nuage de poussière et remuant le frais humus déposé sur le sol. L'action fut rapide, non sans bruit mais effectivement d'une rapidité étonnante. Et d'une violence sans nom. Les gargouillements sinistres de l'hémoglobine s'infiltrant dans la gorge des individus convulsant légèrement au sol vinrent rompre le silence installé après cette tornade. Pupilles dilatées de panique avant qu'un voile ne vienne les obscurcir à jamais. Ma personne avait toujours abhorré la violence, je n'en voyais nullement l'utilité quand il nous était possible d'emprunter un autre chemin aussi tortueux soit-il. Ainsi cette combustion soudaine de rage funeste me laissa pantoise. Sans voix. Au fond de moi je déplorais qu'il eut agi de la sorte, mais cela ne me choqua pas. Des visions pires que celle-ci avaient été donné à mes yeux. Je me demandais seulement quel genre d'individu pouvait donc faire cela. Fallait-il être dénué de tout sentiment ? De toute intelligence ?


Une main vint se glisser dans ma crinière azurée une fois le déluge passé, replaçant quelques mèches déboussolées par ce vent soudain. L'autre épousseta mes vêtements, à savoir une chemisette en lin blanc cassé pourvu d'un délicat et non négligeable décolleté assorti à un short kaki d'un tissu plus robuste. La poussière retombait délicatement au sol, replongeant dans un doux sommeil et mes yeux  purent entrevoir la personne responsable de ce chaos.


Un homme. Vêtu de noir. Une cape noire. On aurait cru le début d'une pièce de théâtre. Un objet plus scintillant attira mes prunelles et inévitablement mes pupilles reconnurent cette plaque symbolique que nous arborions tous. Pour ma part elle n'était pas disposée sur mon corps en cet instant, voulant éviter les altercations au vu de la médiocrité de la popularité de mon village. J'arquais un sourcil un instant. Perplexe. Etait-il donc dénué de toute intelligence ce déserteur. Ce lâche. De se montrer ainsi au grand jour et de jouer les chevaliers servants. Il n'y avait rien de mieux pour se faire remarquer et ainsi se retrouver avec une ribambelle de personnes vous pourchassant. A sa place j'aurais d'abord patienté tapis dans les buissons afin d'observer si la demoiselle, en l'occurrence moi, s'en sortait vis à vis des ces messieurs. Ne risquant point d'être découverte pour rien.


Pendant que j'observais posément cet individu sorti de la végétation, comme un diablotin sort de sa boîte. Quelques mots étaient sortis avec froideur de ces lèvres. Comme une correction enfantine. La première réponse qui me vint fut un large sourire éclairant mon visage. Les hommes, décidément, ce besoin de supériorité exacerbé à son plus haut point, cela était tellement commun. Mon regard le fixa un instant, le dévisageant quelque peu puis reporta son attention aux cadavres gisant lamentablement au sol, un liquide vermeille nourrissant peu à peu la terre. Tapotant mes doigts sur Awa j'en plantais l’extrémité dans le sol et m'appuyais dessus avant de dire quelques mots:


▬     «  Tout à fait. Je sais me débrouiller seule en effet. » La phrase n'était nullement moqueuse, cela était juste un simple constat établit par un peu de réflexion.

▬     «  Je ne suis pas aussi stupide que tu le penses. Si tu avais attendu quelques peu avant de sortir le grand jeu tu aurais pu voir qu'il ne m'était nécessaire d'aucune aide pour remettre à leur place des brigands de leur rang. » Encore une fois, pur constat.

▬     «  De plus cela t'aurait ainsi éviter de te dévoiler, déserteur. Tout ceci n'est pas très …. Comment le dire sans être vexante.... Disons qu'il y avait meilleure manière de procéder. » ajoutais-je avec un sourire.

 ▬     «  Qu'est ce qui t'as poussé à agir ainsi ? Donner la mort ne semble pas te gêner outre mesure, pourquoi mériterais-je donc que tu t'attardes sur mon sort ?  »

Un petit rire vint ponctuer ma dernière phrase. Il n'y avait pas de moquerie dans cette dernière, ce n'était juste pas la première fois que l'on me prenait pour un être faible dû par mon physique chétif. Cela m'intriguait. En effet, cette homme paraissait rempli de haine et de violence au vu de la froideur et du détachement avec lequel il avait exécuté  sans une once de pitiés ces individus. Et pourtant il m'était venu en aide, bien que je n'en eu nullement besoin. Il y avait donc nécessairement une parcelle de bon en lui, et ma curiosité souhaitait en savoir un peu plus à son sujet. Certes ce ninja était déserteur, mais a quoi bon vouloir obéir à des autres beuglés par une personne dite toute puissante, jugeant que tous les individus de sa catégorie devaient être capturés et ramenés au village ou bien simplement, exécutés. Mon village par son passé fut sujet à désertion, comment ne pas vouloir quitter une telle tyrannie. Aussi, pour ma part je préférais attendre avant d'agir.


Un peu de patience, tout vient à point à qui sait, attendre.

Le mépris. Il était loin d'être nouveau pour moi. Frêle enfant venue d'une île éloignée il m'avait été maintes fois donné d'essuyer les remarques, moqueries, insultes d'autrui dans ces périodes de tension. Cette volonté de vouloir rabaisser une personne, asseoir son autorité, s'affirmer supérieur. Divin. Quelle était la finalité de telles actions ? Je n'en avais jamais trouvé la réponse si ce n'est que l'Homme est égoïste et se voit obliger de tout ramener à sa petite personne qu'il pense suprême.


Coite. Je ne dis rien face à la montée d'agressivité du fauve me faisant face. Feulement de rage et de mépris. J'avais fait une boulette, pour changer. Mon sourire quitta un instant mon visage, par politesse néanmoins ces paroles ne m’atteignirent en aucun cas. Cela ne me fit ni chaud ni froid. Si l'on venait à prendre en compte les jugements hâtifs de toutes les personnes qui étaient données à croiser notre route leur mots rongeraient notre cœur jusqu'à n'en laisser que de minables miettes.


La maladresse était quelque chose d'habituel pour moi, j'étais un être très sociable, voire trop. De ce fait les mots se bousculaient contre mes lèvres et celles-ci usaient de familiarité ou du ton humoristique dans des situations où cela pouvait sembler étrange. Inattendu. Entraînant comme en cette instant la colère de l'individu, tantôt un silence malhabile. Une main glissa dans mes cheveux, une teinte carmin pointa sur mes joues. Je replaçait alors maladroitement ma crinière azurée, mal à l'aise. Gênée.


Plusieurs secondes passèrent où nous nous jugeâmes l'un l'autre. Ne bougeant point, la tension était palpable et  mes pupilles devinèrent aisément la pulsion meurtrière le dévorant peu à peu. Le mien placide, calme comme la mer après la tempête. J'éprouvais de la peine pour lui je dois dire. Cet homme contraint à la solitude, à la haine du monde, à l'incompréhension. Jugés pour des actes passés sans prendre le temps de savoir s'il avait pu changer. Évoluer. Mes mots avaient été malhabiles et il aurait mieux valu que je tourne encore ma langue dans ma bouche afin de les affiner avant de les laisser s'en échapper.


▬     « Je m'exprime mal » dis-je avec un sourire confus. Cherchant les bons mots.


▬     «  Les rencontres ce n'est pas mon fort... » Soupirais-je
▬   « J'use de familiarité et cela est déplacé. Désolée. Nous avons une manière différente d'appréhender les choses mais ni l'une ni l'autre n'est la bonne je suppose ... »
Un léger sourire en coin s'afficha sur mon visage. Cherchant à montrer que les mots que j'avais auparavant prononcé n'étaient que de  la maladresse de ma part et non d'une envie de le rabaisser.


Les mots eurent du mal à me venir. Ne sachant trop qu'ajouter aux cinglantes remarques qu'ils m'avaient faite, ne voulant le contrarier encore. L'odeur de l'hémoglobine imbibait déjà le sol et je ne voulais en aucun cas recourir aux mains pour finir cette entrevue. Lui, utilisateur du Bakuton, fuyard de Kiri et Kumo. Ma mémoire farfouilla dans ses tiroirs emplis d'information. Hatoma. tel était son  nom. Enfin si ma mémoire était bonne. Un passé qui m'était inconnu, seules les raisons de son départ du village étaient autrefois parvenues à mes oreilles. La mort. Un combat avec lui aurait été sans doute plus qu' intéressant. Explosif. Mais également dévastateur. Finalement, mes yeux plongèrent dans les siens et un sourire franc s'afficha sur mon visage.


▬     «  Tu t'appelles Hatoma c'est cela ?  Je suis Yûna Shizuku. Merci de m'être venu en aide. Je m'excuse si je t'ai offensé »


Il aurait sûrement fallut commencer ainsi. Les bases auraient été plus stables. Ma curiosité se demandait encore pourquoi m'était-il venu en aide. Petite voix grattant à la porte de mes lèvres, avide d'information. Cet homme me trouvait égoïste, cependant qu'y avait-t-il de plus individualiste que d'ôter la vie. De prendre quelque chose qui ne nous appartient pas et de le broyer ainsi en poussière. Sans tenir compte des conséquences. Ne voyait-il pas que si j'agissais à la manière dont il l'avait fait précédemment nous serions déjà en train de nous battre. Sans raison valable. Juste, tuer. Éliminer un nuisible.


Sans doute pour lui était-ce de la naïveté que de penser ainsi. Seulement il s'agissait d'autre chose. Si ce monde était empli de colère et de haine cela était simplement car pour la plupart des cas l'on répondait à un coup par un autre. L'intensifiant un peu plus. Pure loi du Talion. Transformant quelques mots déplacés en querelle sanguinaire. Le serpent se mordant fermement la queue, ne lâchant jamais prise.


Peut être fallait-il ouvrir son esprit à penser d' une autre manière ?


Écouter, comprendre.

Étrange. Ce mot revenait  à maintes reprises dans les limbes de mon esprit depuis l'arrivée de cet énergumène. Ma frêle main toujours posée sur Awa, nous nous faisions face. Deux fauves guettant la moindre opportunité. Alertes. Prêts à bondir au moindre signe de faiblesse de l'adversaire. Pour ma part cette idée ne m'enchantait guère, bien qu'il soit recherché mon but était autre en cette période et il ne faisait que ralentir ma route. Le loisir de le pourchasser s'offrirait peut être à moi dans d'autres temps mais cela aurait été bien sot de ma part que de me jeter dans la gueule du loup en cet instant sans connaître plus en détails ses capacités.


Un sourire intérieur naquit suite à sa tirade. La tension était à son paroxysme et cet homme ne semblait pas enclin à la joie, aussi gardais-je cela pour moi. Le paradoxe qu'il soulevait de par son interrogation fit naître au creux de ma gorge une douce et irrésistible envie de rire qu 'un soupir profond et posé vint étouffer. Quelques minutes auparavant cet individu intervenait pour me sauver la vie et désormais il me demandait s'il ne fallait pas me tuer. Dans ce cas ci, pourquoi m'être venu en aide précédemment. La réponse était peut être tout simplement là. S'il avait jugé que ma vie méritait d'être sauvée, d'avoir dérangé sa personne afin d' éliminer ces nuisibles, où était l'intérêt de par la suite tacher le sol de mon sang. De plus, cela ne lui aurait valu que d'avoir plus de personnes cherchant à l'éliminer. Son discours n'avait à mon humble avis que peu de sens et s'il ne comprenait pas que ma mort ne lui apporterait rien si ce n'est qu'ajouter des individus souhaitant l'éliminer, son intelligence devait être assez médiocre. Ma compréhension de cette personne était assez maigre malgré les efforts entrepris, il me fallait bien le confesser.


▬     « Peut être la raison qui t'as poussé à me venir en aide plutôt que de passer ton chemin ? »


Ce désir de tuer dans le regard. Cette soif quasi animale. Mon corps était totalement hermétique à ce genre de parade, qu'espérait donc ce renégat à agir ainsi alors que ses jointures blanchissantes entrelaçaient fermement son arme métallique. Aucune inquiétude ne naquit en moi, aucune pression. Rien. Le néant. Mon éducation et l’entraînement qui m'avait été inculqué était tellement différent de ce que cette homme dégageait. Roquet montrant les crocs alors qu'une personne lui tend la main afin de lui proposer son aide. Tout ceci me paraissait tellement futile et je m'y voyais totalement indifférente. Ma main libre glissa dans les vagues azurées de ma chevelure.


▬     « L'affrontement n'est pas la solution ici. »


Ma patience avait des limites. Il était impensable que ma journée soit consacrée à être plantée sur mes pieds immobiles au milieu de ce sol funeste. J'avais d'autres occupations et s'il n'avait rien de plus à m'apporter que des menaces et des aboiements furieux cela ne m'intéressait guère. Aussi altruiste sois-je, si l'on ne veut pas de moi mon corps passera son chemin et mes lèvres ne perdront pas plus de temps à tergiverser avec une personne qui ne prend même pas la peine d'écouter et surtout de réfléchir aux mots qu'elles lui apportent.


Malgré qu'il eut piqué ma curiosité de par son acte premièrement généreux, amenant à s'interroger à son sujet et aux dires que l'on tenait sur sa personne. S'il ne donnait de lui même d'autres raisons de prouver qu'il y avait du faux là dedans, cela était son choix. J'avais juste gracieusement offert une oreille attentive à ses dires. A l'écoute. Mais le tumulte de l'action s'était peu à peu évaporé, et ma curiosité se rendormait peu à peu n'ayant rien à se mettre sous la dent. L'eau retrouvant son calme après la chute d'un galet. Cette situation ne dépendait que de lui maintenant. Cet homme devait faire un choix :


Me combattre, me laisser poursuivre ma route ou alors je ne sais quel autre tour pouvait-il bien cacher dans son sac.


Le choix était entre ses mains.