La capitale du pays de l’eau était immense ! Elle se démarquait de toutes les autres car près de la plupart des bâtiments importants, de magnifiques cascades d’eaux creusaient la roche. Curieusement, la brume ne noyait pas la ville comme à Kiri, Nobu pouvait admirer distinctement les majestueux bâtiments qui se mêlaient aux chutes d’eau. De nombreux petits fleuves longeaient les rues, l’eau scintillait et regorgeait de poissons de toutes les couleurs. Sur la carte, le junin suivait le trajet qui menait au palais, lorsqu’il elle lui indiqua qu’il se trouvait juste devant, il leva ses yeux claires et découvrit le lieu où résidait le seigneur féodal. Il ressemblait à un gigantesque temple, construit à moitié dans la roche, en hauteur, et bordé de deux des nombreuses cascades, il fallait s’y rendre en empruntant de grands escaliers. Sans tarder, il grimpa une à une les marches, ce qui se révéla plutôt fatiguant, d’autant plus qu’il portait une épée large assez lourde dans son dos. Une fois en haut, on lui ouvrit les portes du « palais-temple », qui donnait accès à un grand hall, dont les murs s’ouvraient à certains endroits aux chutes d’eaux. L’endroit était très silencieux, on entendait que le  bruit apaisant des cascades. Au moment où Nobu se montra, le Daimyo était déjà prêt à partir. Il s’approcha, entouré de sa suite, et les multiples conseillers murmurèrent entre eux, sans doute parlait-il du shinobi de Kiri. Le seigneur, habillé de sa tenue officiel, le visage déformé par la fatigue, souria faiblement à Nobu.

- Si le Mizukage n’a envoyé qu’un seul homme pour ma défense, c’est que vous devez être quelqu’un de très puissant. Lança-t-il.

- Quelques-uns de mes hommes établissent actuellement un périmètre de sécurité, soyez sûr que rien ne vous arrivera, rétorqua Nobu en s’inclinant.

- La diligence nous attend. Termina le Daimyo sur un ton ferme.

Le Fubuki se redressa et prit les devants. Il avait pour mission d’escorter le seigneur du Pays de l’eau en direction d’une des îles de l’archipel au sud. Beaucoup de brigand désirait sa mort. Ils se rendirent au port attitré de la ville à seulement quelque kilomètre d’ici. L’endroit était très grand et il aurait été impossible de compter le nombre de bateaux tellement il y en avait. Ils grimpèrent dans un grand navire de guerre à la coque très résistante. Nobu s’avança sur l’avant du pont et apporta le pouce et l’index de sa main droite à sa bouche, il fit un long sifflement qui ressemblait à un cri d’oiseaux. De suite, deux shinobis apparurent en face de lui. Il s’agissait de Naoko et de Kukotsu, des amis de longues dates. Eux aussi étaient parvenus au grade de Junin, ils étaient fiables. Le premier était encore très jeune, blond aux yeux verts émeraude, il excellait dans les techniques de suiton. L’autre, plus grand, brun aux yeux chocolat préférait le combat musclé au corps à corps, il possédait une force immense couplé à une très bonne vitesse.

Sur une table, Nobu étala la carte du pays de l’eau et y dessina le trajet qu’emprunterait le bateau. Il pointa du doigt une zone très sensible. Sur le bout de parchemin, il s’agissait d’un endroit ou une île était très proche des terres au sud de la capitale, formant une sorte de détroit. L’île n’était pas mentionnée car trop petite. Inutile de penser à simplement la contourner, ça prendrait trop de temps.

- Ce détroit est désert, il n’y pas d’habitation car le terrain est trop accidenté. Si j’en voulais à notre seigneur, c’est clairement ici que j’attendrais de tendre une embuscade. Quand on y passera, vous quitterez vos position et vous me rejoindrez sur le bateau, prenons un maximum de précaution.

L’idée approuvée, les deux acolytes disparurent aussi vite qu’ils étaient venus pour de nouveau vérifié les alentours.

En approchant du détroit, la nuit tomba. Nobu avait oublié de tenir compte de l’obscurité et il eut un léger pic de stress quant à la suite des évènements. Le seigneur se trouvait dans sa cabine, sa garde rapprochée faisait des rondes sur le pont et à l’arrière de l’imposant Navire. L’endroit sensible ne laissait que très peu d’espace au bateau. Le détroit décrivant un chemin à prendre très précisément, car il était entouré de roche émergeant de l’eau. Du côté droit, les terres du pays de l’eau, du côté gauche, l’île inhabitée. Naoko et Kukotsu rejoignirent Nobu, un silence insoutenable fit monter la tension.

En entrant dans le détroit, une soudaine brume brouilla la vision des trois Kirijins. Le stress qui s’était emparé de Nobu s’intensifia. Il scrutait les environs, tous ses sens aux aguets. Le capitaine avait ralenti l’allure du vaisseau, pour avoir plus de facilité à manœuvrer si jamais un obstacle, tel qu’un rocher, se rendait visible. Mais il dut faire face à tout autre chose qu’un rocher. C’est Naoko qui signala la présence de deux femmes. Lorsqu’il entendit l’une d’entre elles criait, il n’attendit pas avant de sauter. Nobu tenta de le retenir.

- Attends, c’est peut-être un piège ! Le prévint-il

En vain, le plus jeune courrait déjà sur l’eau, en maintenant une éjection constante de chakra sous la plante de ses pieds.

- Ouvre l’œil. Ordonna le Fubuki à Kukotsu. J’ai un mauvais pressentiment.

En effet, cet endroit était supposé désert, il n’y avait aucune habitation aux alentours. Pourquoi deux femmes se trouveraient là ? Se baigner ? Il était pourtant reconnu comme dangereux de plonger par ici, d’autant plus qu’il faisait nuit. Nobu ne trouva rien pour justifier la présence de ces gens. Apparemment, l’une d’entre elles avait perdu connaissance. En y réfléchissant bien, ça ne pouvait être qu’une ruse pour les attirer. Et voilà maintenant que Naoko venait de se précipiter dans la gueule du loup.

- Naoko ! Reviens tout de suite ! Hurla Nobu.

Le concerné se retourna, croyant avoir entendu la voix de son ami. Malheureusement il était bien loin maintenant, il se tourna vers les jeunes femmes et tendit la main vers celle qui était encore consciente.

- Je viens vous sauver, ne perdons pas de temps, le bateau arrive bientôt. Fit-il en souriant.

Sur l’embarcation, le raffut acheva d’attirer l’attention du Daimyo. Il sortit de sa cabine.

- Que se passe-t-il ? Commença-t-il, Shinobi de Kiri, je vous somme de me répondre !

Le regard de Nobu se tournait vers l’endroit où avait disparu Naoko, puis vers le Seigneur. Agacé par la situation, il le pria de se remettre à l’abri. La seule chose à faire était d’attendre. Si jamais les deux Kirijins restant se dirigeaient vers Naoko, le navire serait sans surveillance.

Naoko pris la demoiselle inconsciente sur son dos en demandant à son amie de ne pas bouger, puis il fit sa technique de déplacement rapide pour se rendre sur le bateau. Sans écouter un mot de ce que son chef disait, il repartit comme il était venu ramener l’autre personne. Il s’assura qu’elles étaient hors de danger et donna des explications à Nobu. Celui-ci se caressa la barbe, réfléchissant à la suite des évènements. Restant silencieux, il s’approcha de la tête du pont et tenta, tant bien que mal, de distinguer le navire volé au travers du brouillard.

- Qu’est-ce qu’on fait ? Intervint finalement Naoko.

L’interpellé fit un geste de la main comme pour lui demander de se taire. Il voyait enfin l’embarcation en question. Elle bloquait le passage et on pouvait devinait les intentions des bandits qui venaient de l’arracher aux jeunes femmes. Hors de question de détruire le bateau, les débris les retarderaient trop.

- Naoko, va prévenir le capitaine de s’arrêter, Kukotsu, tu surveilles le Daimyo et tu fais en sorte que rien ne lui arrive. Ordonna-t-il

Nobu se défit de sa longue veste. Les conditions pour une attaque furtive étaient parfaites. Les shinobis de Kiri s’entrainaient tout le temps dans la brume, et pour cause, le brouillard entourait le village en permanence. Le Fubuki sauta du bateau et courra sur l’eau en direction des criminels, il se servit des pans de rocher aux alentours pour grimper sur le navire, toujours dans le silence. Il compta une dizaine d’hommes, âgés d’une trentaine d’années pour la plupart. Certains affichaient des balafres sur le visage ou sur le torse. Leur visage de taureau enragé laissait croire qu’ils étaient habitués à faire le « sale boulot », sans pour autant qu’ils soient très intelligents. Nobu créa quatre clones aqueux. Et il les dispersa un peu partout usant de sa furtivité pour ne pas se faire repérer. Une fois qu’ils furent tous positionné, ils passèrent à l’action. Le premier coupa l’encre, les deux autres ainsi que l’original tentèrent d’assommer les criminels.

Nobu resta concentré dans ses manœuvres. Peut-être y-avait-il plus d’homme, peut-être l’un d’entre d’eux étaient plus dangereux que les autres, il pouvait se passer tout un tas de choses, raisons pour laquelle Nobu garda tous ses sens aux aguets.

La crainte de Nobu se concrétisa. Sur le bateau pirate, les hommes n’eurent aucun mal à se défendre des clones, et un groupe d’individu s’approchait à grande vitesse près du navire du Daimyo. Soudain, le brouillard s’illumina, d’une lueur rougeâtre. Le Fubuki sentit sa respiration s’accélérer.

- Oh non …. Souffla-t-il.

Des centaines de projectiles enflammés percèrent la brume et se dirigèrent à grande vitesse sur le détroit tout entier. Les kirijins comprirent tout de suite que c’était le résultat d’une technique ninja. Naoko ouvrit grand les yeux devant ce ciel de cauchemar, il plia ses jambes tremblantes, prêt à se battre, de son côté, Kukotsu assura la défense de l’arrière du navire, soudainement peu rassuré. Seul Nobu se tenait sur le bateau pirate. Dans la hâte, notre junin sauta sur le mât dominant de l’embarcation et s’empressa d’exécuter tout un tas de signe. Il finit son incantation en criant le nom de sa technique de rang A, le Suiryuuben. Depuis l’eau de la mer, entre les bateaux, une orbe gigantesque aqueux se matérialisa depuis laquelle tout un tas de fouets d’eaux se jetèrent sur les flèches de feu. Ils étaient contrôlés et pouvaient toucher plusieurs d’entre elles. Seulement, il y avait trop de ces projectiles, certains atteignirent leurs objectifs. Désemparé, Nobu fit face à un tout autre problème, un des criminels se jeta sur lui en dessinant un large mouvement avec deux katanas. La cible fut forcée de sauter. Il atterrit sur l’eau en glissant et provoquant des vagues sur ses côtés. Dans le même temps, il lança un autre jutsu.

-Suiton, Mizuparra ! Cria-t-il.

 Il cracha un puissant jet d’eau en direction du mât sur lequel il se trouvait précédemment achevant de le détruire, malgré que la brume l’empêchât de voir s’il avait touché sa cible. Il temporisa en regardant derrière lui mais n’eut le temps de rien voir, le déserteur arrive sur lui avec une vitesse fulgurante depuis le haut et lui matraque la tête en joignant ses poings. Nobu fut projeté à plusieurs mètres sous l’eau. Sous le choc, il ne réagit pas et resta au fond de l’eau.

De son côté, Naoko tentait tant bien que mal de combattre les bandits en essayant d’éteindre les flammes qui grignotaient l’embarcation, il alternait entre coup de pied et jets d’eaux. Kukotsu était en meilleur position, il usait de son excellent taijutsu pour repousser un à un les criminels hors du pont, ses mouvements étaient rapide, ses coups puissants et il semblait ne pas s’épuiser. Bientôt, le navire fut bousculé par de grandes vagues et il manqua de peu de toucher les nombreux pans de rochers qui l’entourait. Un énorme dragon aqueux surgit de l’eau et s’écrasa sur le bateau pirate, l’anéantissant complètement. Dans l’élan de l’action, Nobu cria les noms de ses partenaires. Ils tournèrent tous deux la tête vers le second champ de bataille et comprirent tout de suite ce que leur demandait leur chef. Kukotsu s’approcha de l’imposante cabine du Daimyo pour mieux le défendre et Naoko se jeta à l’eau derrière l’embarcation. Il cracha de puissants jets d’eau dont la force fit avancer le navire. Nobu coupa les sangles qui retenaient son épée large rangée dans son dos et fonça sur le nukenin, un rapide échange de coup le fit reculée. Le déserteur s’effaça dans l’ombre, sans afficher la moindre peur. Le junin se retourna et repoussa les derniers criminels qui tentaient un dernier assaut. Le bateau se dégagea rapidement du détroit.

Haletant, Nobu apparut dans un nuage de fumée sur le pont. Sans écouter les commentaires de ses compagnons, il s’empressa de regarder derrière lui. Parmi le chemin étroit du détroit, entouré des nombreux rochers, il distingua le regard perçant et assoiffé de sang du nukenin. Probablement le chef de la bande, étant le seul à maîtriser le ninjutsu.

- Nobu ! S’inquièta Naoko, qu’est-ce que c’était que ça ?

L’interpellé lui lança un regard inquiet, incapable lui-même de répondre à la question. Ils instaurèrent des tours de gardes jusqu’au lever du soleil, répondant aux nombreuses questions des conseillers du Daimyo, ainsi qu'aux deux jeunes femmes, qui n’arrivaient pas à dormir. Le seigneur lui-même se montra troublé le lendemain, il se cachait la moitié du visage derrière son éventail, sans dire un mot. Le voyage se termina sans plus d’encombre. Sur l’île, Nobu et ses compagnons assistèrent à la cérémonie d’accueil du Daimyo. La mission terminée avec succès, ils décidèrent de rentrer au village sans plus tarder. Sur le chemin, tandis que Naoko et Kukotsu se chamaillaient, Nobu ne pouvait s’empêcher de repenser à ce nunkenin, il lui faudrait en discuter auprès du Mizukage.