Le soleil était déjà bien haut dans le ciel. La chaleur environnante commençait à se faire lourde pour la majorité des humains et animaux vivants dans ce désert aride. Le feu étant mon élément, faisant partie de moi, la température de Sunagakure me va très bien. Mes pas me guidaient dans le village bien paisible en cette belle journée. J’admets que je m’ennuie beaucoup, cela fait quelques jours que je me trouve en ces murs sans avoir de missions, sans être affectée à une quelconque tâche. Oui, des vacances de temps à autre peuvent faire le plus grand bien, néanmoins ma tendance à désirer de l’action les rendait à double tranchant. Il fallait donc que je m’occupe au plus vite. M’entraîner? Sortir dans les petits villages, aller fréquenter les endroits de jeux, les restaurants, les foires? Qu’est-ce qui m’animait à cet instant, qu’avais-je envie de faire? Les idées plein la tête, je me devais de choisir. En attendant, je continuais ma route, flânant dans les rues, parfois des gens me saluaient et je leur répondais brièvement par politesse, sans m’attarder. Tout cela me mena dans un coin reculé du village, face à une dune de sable. Quelque chose attira mon attention au sommet de cette dernière. Une silhouette y était, une personne semblant assît directement sur le sable. Qui pouvait rechercher la solitude autant que moi? Inévitablement, cela m’intriguait fortement.
Moi qui croyais être une des seules kunoichi en ce monde à être en quête d’endroit isolé, à ne pas désirer se mêler aux autres… Il y avait donc un homme qui pensait de cette même façon! Sautai-je aux conclusions trop rapidement? Pour le savoir, je devais tout simplement m’approcher et aller m’adresser à cette personne, tandis que je n’apprécie pas outre mesure les contacts et trop parler. Les gestes sont tellement plus révélateurs, tellement plus utiles… Je laissai mon instinct me guider, prendre le contrôle de mon corps et de mes réactions. Quelques pas de plus et me voilà à côté de ce loup solitaire. Son habillement me fit penser que je ne m’étais aucunement trompée à son sujet. Caché, il m’était impossible de décrire ses traits, ni même de savoir plus que la couleur de ses yeux. Un souvenir remonta alors, cet homme était un ninja de Suna, je n’avais encore jamais travaillé avec lui comme équipier, mais certains m’avaient parlé de lui, en affirmant que je m’entendrais vraiment bien, puisqu’il n’utilisait sa bouche lui aussi qu’en cas de nécessité. Pas de quoi faire taire ma curiosité naissante à son égard. Il m’avait sans doute déjà remarqué, à vrai dire juste mon habillement jurait beaucoup avec le décor, et ma longue chevelure rougeoyante vaguait au gré du vent, pas discrète. Sans dire un mot, je m’installai à son côté gauche, à une distance raisonnable pour ne pas le gêner. Ma main vint jouer un peu dans le sable frais. Je ne savais pas comment amorcer une conversation. Habituellement, les autres s’en chargeaient à ma place, cependant, c’était moi l’intruse. Je me devais donc de faire les premiers pas, ouvrant réellement la bouche pour la première fois de la journée.
-C’est tranquille ici, non? Il n’y a que les âmes solitaires qui y traînent, affirmai-je, doucement.
Belle introduction, j’en étais un peu fière pour une première. Pour plusieurs, ça devait être juste pathétique, mais pour moi, cela représentait un réel effort. Les mots ne seraient jamais mon domaine, ma nature n’étant pas faite ainsi. La modifier relèverait de la rêverie… Les humains ne changent pas en cours de route selon leurs désirs, ils sont façonnés, modelés par les différentes sociétés, par les évènements qu’ils subissent. Peut-être que tout n’est pas perdu pour moi, mais qu’est-ce que l’espoir? Je préfère m’accepter tel que je suis, et si ça ne plaît pas qu’ils aillent tous voir ailleurs! En attendant d’obtenir une réaction de mon potentiel interlocuteur, je l’observai d’un œil discret. Décidément, ce shinobi m’intriguait beaucoup trop. Qu’est-ce qui pourrait bien résulter d’une telle rencontre? Peut-être gagnerai-je un allié, un équipier ou un ami, qui sait? Divaguer ainsi me fit un peu peur je l’admets, toutefois il y a bien longtemps que ma route n’avait croisé un autre être mystérieux. J’en étais ébranlée, et à la fois un peu joyeuse, je dirais. Douce contradiction.
Dernière édition par Naotaka Take'Ou le Jeu 4 Juil - 12:40, édité 2 fois (Raison : Ajout de la signa)
Thrys Juunin de Suna
Messages : 145 Date d'inscription : 12/06/2013 Age : 30 Localisation : Sunagakure no Sato
Thrys, qui s’était isolé dans un lieu peu fréquenté de Sunagakure no Sato… un lieu qui n’attirait guère les foules… un lieu dénué d’intérêt si l’envie de voir des gens vous animait… Une dune de sable, tout ce qu’il y avait de plus banal… Assis en tailleur dans le sable, tournant le dos aux ruelles qui se trouvaient derrière lui, les poignets posés sur les genoux et les mains retombant légèrement vers le sol, notre héros méditait et profitait de la plénitude de ce havre qu’il s’était approprié. Les yeux fermés, il se remémorait ses actions passées…
Voilà quelques années que notre héros était au Village caché du Sable… Cinq ans… cinq ans que Thrys avait traversé les portes de Suna, et qu’il s’était inscrit à l’académie du village afin de suivre les traces de son défunt père… cinq ans à combattre pour le Kazekage et le Pays du Vent, à apprendre l’art des ninjas et à parfaire sa maîtrise du katana. En repensant à son passé au Pays du Fer, notre héros ne put s’empêcher de frotter de la main droite le fourreau de son fidèle allié, toujours sanglé à sa ceinture. Mifune lui avait tant appris, allant du maniement du sabre à l’apprentissage et au respect des sept grandes vertus du Bushido : droiture, courage, bienveillance, politesse, sincérité, honneur et loyauté. Thrys était parvenu à maîtriser ces sept valeurs essentielles qui ont fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui.
Il remonta alors encore plus tôt dans ses souvenirs, à l’époque où il était un jeune aspirant samouraï. Onze ans à travailler son agilité et sa force. Bien que son père adoptif fût un homme tout à fait remarquable et attentionné, il n’en restait pas moins un samouraï. Malgré son côté très amical, il savait se montrer strict et autoritaire.
Mais cessons de ressasser le passé... il faut se tourner vers le présent, et songer à l’avenir du Monde Shinobi.
Alors qu’il était plongé dans ses pensées, il sentit qu’une personne s’approchait de lui. Ses sens s’éveillèrent immédiatement, et, après s’être légèrement redressé, il concentra son attention sur l’arrivant. Marchant lentement, il fit quelques pas dans sa direction, et après quelques secondes, il vint se poster aux côtés de notre héros, qui n’avait pas bougé d’un cil. Il sentit quelques frissons monter en lui… la situation le gênait, mais il ne devait pas bouger… pas avant que son interlocuteur – ou interlocutrice – ne parle ou ne fasse un geste brusque. Délicatement, elle se pencha vers le sable avant de s’assoir à son tour, à un mètre ou deux de notre protagoniste, puis ne bougea plus. Thrys ouvrit un œil, puis l’autre, avant de rediriger gentiment son esprit vers la réalité. A la périphérie de son champ de vision se trouvait une jeune femme à la chevelure rouge flamboyant et à la tenue qui… attire le regard. Soudain, sa main vint se poser dans le sol avant de glisser dans le sable. Était-elle gênée ? Intimidée ? Bien qu’il ne l’observait pas de façon directe, le Sunajin essayait de décoder les gestes de l’arrivante, afin de savoir quelles étaient ses intentions. Et, après quelques secondes d’un silence des plus pesants, elle finit par briser la glace en déclarant d’une voix calme et posée la tranquillité de ce lieu éloigné.
Thrys ferma de nouveau les yeux, décryptant ces paroles… voilà une façon originale de délier les langues et d’entamer une discussion. Néanmoins elle avait fait l’effort de parler, chose qui impressionnait énormément notre héros, ou même qui l’agaçait par moments… lui qui, de nature, était un homme qui préférait agir seul et sans avoir à poser des questions plus inutiles qu’intelligentes. Il prit alors une inspiration, et prépara alors sa réponse. A le voir ainsi, il était très aisé pour un spectateur extérieur de comprendre que parler représentait un effort considérable. Mais bon… il fallait le faire et puis, sa méditation ne pouvait se poursuivre avec l’arrivée de cette gêneuse :
« En effet, c’est un lieu que j’apprécie par son calme… il rouvrit les yeux, observa les alentours avant de porter son attention sur son interlocutrice. Si seules les âmes solitaires errent par ici, dois-je comprendre que vous et moi en faisons partie ? »
Une réponse plutôt simple, qui ne servait finalement qu’à énoncer la vérité : Thrys était quelqu’un de solitaire… et, à en juger l’arrivée de cette mystérieuse femme, celle-ci devait également partager le mode de vie de notre héros. Le Sunajin, toujours dans sa posture de méditation, prit une nouvelle inspiration, silencieuse cette fois, et continua :
« L’usage veut que la personne souhaitant connaître l’identité de son interlocuteur doit se présenter en premier… Je me nomme Thrys… et ce que vous observez autour de vous est ce que je considère comme mon havre de sérénité… Il observa une fois encore les lieux, et termina C’est ici que je viens pour méditer et libérer mon esprit des pensées qui nuisent à son bien être… et vous, qui êtes-vous ? »
Le dialogue était lancé, et notre héros avait une étrange sensation. Lui qui, en sentant arriver cette femme, pensait que sa présence le gênerait ou même l’énerverait, il vit en elle une sorte de reflet de sa propre situation. Calme et posée…
Thrys attendit donc sa réponse, le regard rivé sur ses yeux et sa posture… après tout, lorsque deux personnes conversent, la gestuelle permet de tout connaître de son interlocuteur.
Dernière édition par Thrys le Lun 29 Juil - 16:48, édité 1 fois
La situation n’avait rien de normale et de sécurisante pour Lina. Elle se trouvait aux côtés d’un shinobi de Sunagakure auquel la Fiery Fire n’avait jamais parlé auparavant. Première rencontre, le premier pas, tout le stress sur ses épaules, pas de quoi l’enthousiasmer. Bref, laissons-la expliquer par elle-même son malaise…
***
Pourquoi n’avais-je pas rebroussé chemin plutôt que de m’installer aussi sur cette dune de sable? Ça ne me ressemblait pas, je ne me reconnaissais pas. Tout cela me troublait mine de rien. Évidemment, mon faciès demeura le même en dépit de cette contradiction naissance, qui m’envahissait, à laquelle je n’étais point préparée. Mes iris ambrés l’observaient alors que ma bouche laissait sortir deux brèves phrases. Moi qui ne parlais que rarement, je savais néanmoins très bien décoder les gestes, puisque je les chérissais plus que tout. C’était ma réelle façon de communiquer. Ce ne fut pas long avant de constater qu’il m’était très similaire, qu’il ne semblait pas vouloir de ma présence en ce lieu. Sans doute me repousserait-il, me demanderait-il de partir afin qu’il soit de nouveau seul, de nouveau bien avec lui-même. En un sens, si cela arrivait, je ne ferais évidemment rien contre. Mon corps se relèverait dans un mouvement souple et me guiderait ailleurs sans un regard derrière, mais intérieurement je sais que cela me décevrait, puisque j’ai enfin trouvé un homme qui me ressemble. On croirait que se tient devant moi un miroir qui reflète non pas le physique, mais l’âme, la personnalité. C’était déroutant et cela me forçait en quelque sorte à ne pas poser les yeux directement sur lui, tandis qu’il m’observait, je le sentais bien. Je devais lui paraître très bizarre, sûrement un peu dérangée aussi. Me comprenait-il? Au fond de mon cœur, je le souhaitais, question de partir sur de bonnes bases. Pourquoi me préoccupai-je autant de ce qu’il pouvait bien penser? Ce constat me ramena à la réalité. Au pire, je devrais faire équipe avec lui au cours de quelques prochaines missions et la relation s’arrêterait là… Au mieux… Hum, nous verrons bien.
Heureusement, il répliqua à mes paroles, même si une forte impression me prit à ce moment, gagnant ma raison. Je le dérangeais, j’en avais la certitude, juste à me rendre compte sa réaction à mes propos et au fait qu’il devait inévitablement ouvrir la bouche. Pourtant, il n’en dit rien, dialoguant le plus naturellement du monde. Le mystérieux ninja commença par lui poser une question à laquelle il possédait sans doute déjà la réponse. Il enchaîna ensuite par des présentations plutôt complètes. Thrys, maintenant ça me revenait, mais lui ne semblait pas me connaître. Ça n’était décidément pas du tout mon fort les tête-à-tête pour en oublier de donner mon nom et de converser ainsi sans réelle gêne… Ou bien étais-je à ce point certaine qu’une réputation me précédait pour sauter cette étape? Après tout, j’étais un ermite, possédant le senjutsu… L’explication devait être un joyeux mélange des deux. Être totalement honnête, j’admettrais que ça me décevait que cet homme n’ait pas la moindre idée de qui je pouvais être. Néanmoins, cela ne m’empêcha pas de répondre à ses questions et de me présenter à mon tour. Le regard dans le vide, contemplant l’étendue de sable devant, c’est ainsi que ma douce voix s’éleva. Peut-être prendrai-je l’habitude un jour de ce genre de situation. Ma main quitta au même instant le sol pour venir s’installer sur mon genou, dans une posture plus appropriée.
-C’est ainsi que les autres me désignent, ceux qui parlent trop, dis-je, le sourire aux lèvres. Il est vrai que cet endroit est un nid confortable, que peu peuvent espérer comprendre.
Ça m’amusait dans un sens comment les humains peuvent être simples d’esprit. C’est d’ailleurs ce trait qui m’encourageait le plus à poursuivre mon but, qui me faisait croire que créer un Nouveau Monde puisse devenir une réalité. Certes, il y a des hommes et des femmes capables d’étonnantes réflexions, qui possèdent un fort charisme et s’en servent à travers leurs paroles. Eux seraient plus difficiles à convaincre sur la vision de l’avenir. Je compte bien leur montrer tous les bénéfices par des actions! Bref, inutile de divaguer davantage. Il me fallait encore me présenter, c’est donc ce que j’entrepris à l’instant.
-Oui, excuse-moi, je n’ai pas l’habitude de me présenter. Je m’appelle Lina, kunoichi et ermite de ce village, terminai-je, en le regardant enfin. Le vent souffla, balayant ma légère chevelure que je dus dégager de mon visage. Estimant que cette pause involontaire avait suffisamment duré, je repris. Enchantée, Thrys. Il est très rare que je tombe sur quelqu’un qui préfère le silence aux mots inutiles.
Quelle serait la suite de cette rencontre? Allions-nous simplement demeurer assis ainsi durant de longues heures, à nous laisser bercer par la brise agréable? À vrai dire, je n’avais pas réellement prévu ce que je faisais. Tout peut donc arriver. Ma curiosité me poussait à rester, à souhaiter approfondir cet échange, primant totalement sur ma personnalité habituelle. Peut-être était-ce parce que j’avais toujours voulu me lier à une personne qui est comme moi… Qu’est-ce qui me dit que lui le désirait bien? Pour le savoir, il me fallait demeurer en place et attendre la suite.
Thrys Juunin de Suna
Messages : 145 Date d'inscription : 12/06/2013 Age : 30 Localisation : Sunagakure no Sato
Un silence pesant s’installait petit à petit… Thrys et son interlocutrice, silencieux et tous deux intimidés par la personne leur faisant face, s’observaient et essayaient de comprendre l’état d’esprit et de lire les pensées de l’autre. Cette rencontre était pour le moins… originale… Notre ninja, qui ne prêtait guère d’attention à ce genre d’entrevue ou à une quelconque forme de dialogue, semblait cette fois-ci plus enclin à parler… La kunoichi paraissait, à première vue, de la même « espèce » que lui. Une femme privilégiant l’action aux paroles… qui prenait garde de ne pas s’encombrer de discours futiles et d’émotions qui, au final, n’apportaient rien d’autre que de la faiblesse. Se montrer heureux ? Triste ou même colérique ? Quel intérêt ? Les émotions sont la propriété de chacun d’entre nous, et les conserver reste la meilleure solution… inutile de les afficher ouvertement afin de gagner l’attention d’un interlocuteur... Thrys l’avait appris par le passé, toutes ces bêtises ne semblaient exister que pour le ralentir, l’agacer…
La jeune femme tourna alors la tête face à l’étendue ensablée qui se tenait devant nos deux protagonistes, puis, tout en cherchant un point à fixer devant elle, elle approcha sa main droite de son genou, avant de répondre à son interlocuteur. Ainsi les autres la considéraient comme une âme solitaire ? Thrys, profitant de son masque qui lui dissimulait la quasi-totalité du visage, esquissa un sourire. Oui, si les dires des habitants de Suna, et des personnes qui auraient croisé le chemin de cette kunoichi, l’avaient désignée de cette manière, alors oui, elle était comme lui. D’une voix douce et sereine, elle apprécia la tranquillité de ce coin reculé du village, avant de regretter le peu d’intérêt que portaient les habitants de Sunagakure no Sato sur ces havres de quiétude. Elle ferma alors la bouche et finit par s’arrêter de cherche un repère devant elle, et ainsi figer son regard. Intrigué par ses paroles et sa gestuelle, notre héros se tourna légèrement vers elle, disposé à dialoguer, et, par pur réflexe, croisa les bras, préférant néanmoins garder un semblant de protection psychologique… après tout, il ne la connaissait que depuis quelques minutes déjà, mieux valait rester prudent.
Alors qu’elle semblait plongée dans une quelconque réflexion, elle constata que son identité était encore inconnue de son interlocuteur. Immédiatement, elle sortit de son état de penseuse et remédia au petit contretemps :
« Oui, excuse-moi, je n’ai pas l’habitude de me présenter. Je m’appelle Lina, kunoichi et ermite de ce village. »
Ainsi son prénom était Lina… peu commun mais sans tomber dans l’absurde le farfelu… Mentalement, il imprima ce prénom et l’assigna sans attendre au portrait de cette jeune femme à la chevelure rouge, qui ne cessait de bouger dans tous les sens à cause du vent. D’un geste lent, elle approcha sa main de son visage et vint dégager une mèche rebelle qui ondulait devant ses yeux, avant de la placer derrière son oreille. Thrys, qui pendant quelques secondes observa son geste, ne put s’empêcher de fixer son regard bleu éclatant. A cet instant, il crut s’observer dans un miroir : ce regard était le sien. Le contraste créé par sa chevelure rouge amplifiait davantage les nuances, le rendant encore plus envoûtant. Notre ninja, qui malgré la testostérone affluant dans son organisme depuis sa puberté, n’avait jamais prêté de réelle attention au sexe opposé, sentit ses oreilles chauffer… il rougissait. Voilà qui le déstabilisa, si bien qu’il se redressa, adoptant une posture plutôt droite, afin de penser à autre chose et dissiper cette sensation qui lui était inconnue. Lina termina alors la phrase entamée quelques instants plus tôt, avant que le vent ne vienne déranger sa coiffure :
« Enchantée, Thrys. Il est très rare que je tombe sur quelqu’un qui préfère le silence aux mots inutiles. »
Son interlocuteur revint à la réalité, et plus particulièrement sur les paroles qu’elle venait de prononcer. « Excuse-moi ? » avait-elle-dit ? Alors que, par politesse, il s’était efforcé de la vouvoyer, voilà qu’elle venait de le tutoyer ? Après tout, peut-être que cela serait plus simple… et puis, ce sont tous deux des ninjas, qui sait, viendra un jour où ils devront faire équipe et effectuer des missions ensemble. Notre ninja, qui avait conservé son sourire, répondit alors à son interlocutrice, d’une voix calme et amicale :
« Alors ravi de te rencontrer, Lina... après avoir tutoyé son interlocutrice, le ninja resta quelques secondes silencieux, réalisant qu’il avait laissé tomber le vouvoiement… et ravi de rencontrer également une autre personne qui a vraisemblablement choisi de s’isoler reprit-il…»
Thrys l’observa alors quelques instants, et se mit à réfléchir… voilà que ses mots venaient de clore la conversation, alors qu’il était plutôt disposé à continuer le dialogue. Voilà une situation plutôt originale : deux ermites qui discutent entre eux. Bon, c’est peut-être plus réaliste qu’un ermite leader d’une association ou d’une collectivité… Néanmoins, il s’empressa de penser à quelque chose afin de poursuivre l’échange, et ne pas laisser s’installer un blanc qui ne ferait que les gêner davantage. Ni une ni deux, il ouvrit la bouche et continua :
« D’ailleurs, je parle d’isolement, mais je préfère néanmoins mettre la chose à plat : il est selon moi important de bien différencier solitude subie et choisie… »
Se lançant dans une réflexion psychologique et philosophique, notre héros se demanda un court instant pourquoi il avait choisi un tel sujet… Mais bon, il s’agissait d’un sujet comme un autre, et qui pouvait seoir (oui, un verbe vachement compliqué ! xD) à nos deux protagoniste.
« Pour ma part, j’ai choisi la solitude de mon plein gré… mon passé m’a appris que l’Homme, bien que parfois amical et bienveillant, pouvait se montrer d’une méchanceté horrible et terriblement blessante… après tout… l’Homme est un loup pour l’Homme, n’est-ce pas ? »
Suite à ces mots, Thrys avait perdu son sourire amical, et resongea aux événements qui le marquèrent à jamais lors de l’examen à l’académie des samouraïs, il y a cinq ans. Il visualisa Hirotsuka et Sotsuke, ces deux jeunes adolescents qu’il considérait comme ses amis… des amis qui n’hésitèrent pas à le trahir et qui essayèrent de le tuer… ces souvenirs étaient douloureux, comme un poignard qui s’enfonce lentement dans le cœur…
Mais qui sait… peut-être qu’avec le temps, notre héros reprendra foi en l’humanité et décidera d’ouvrir à nouveau son cœur aux autres ?
Dernière édition par Thrys le Lun 29 Juil - 16:48, édité 1 fois
Présentations faites de mon côté également, je me demandais bien comment nous pouvions poursuivre cette rencontre sans plonger dans un long silence, demeurant simplement assis près de l’autre, profitant du paysage. Ça ne m’aurait pas dérangé outre mesure, seulement, pour des gens qui venaient à peine de faire connaissance, je présume que cela paraîtrait étrange. Mon imagination était certes débordante, mon don pour l’exprimer ne suivait pas, largement plus faible. Il me vint même l’idée d’invoquer un de mes lions, Shishi, le plus jeune de la meute, qui est encore insouciant et bavard. Il se serait volontiers chargé à ma place de dialoguer, de trouver des sujets et de les exploiter. Beaucoup plus facile ainsi, mais peut-être que cette manœuvre aurait gêné, aurait apporté avec elle des malaises dont je ne voulais pas. Il fallait donc prendre les choses en main moi-même. Parfois, je suis un peu trop rapide sur les déductions, sur les réflexions, un peu comme maintenant. Oh, cet homme ne m’avait pas trompé, comme moi, il préférait l’action, le silence, les havres de paix, bien qu’il me semblait se laisser gagner par l’ennui plus difficilement. Ça n’était pas là mon erreur. En fait, je l’avais sous-estimé dans sa capacité à dialoguer. En effet, je fus agréablement surprise qu’il choisisse d’aborder plus en profondeur un des sujets précédemment soulevés. Un fantôme de sourire prit place sur mes lèvres. L’intéressai-je à ce point pour que ce shinobi veuille se lancer dans une telle conversation? Avoir constaté sa réaction, cette rougeur qui devait être due à la chaleur environnante de mon point de vue, la réponse à cette interrogation m’aurait sauté au visage. Qu’est-ce que je pouvais être naïve!
Thrys me parla davantage de sa vision de la solitude. Dire que cela ne me captivait pas aurait représenté un énorme mensonge. Il possédait une façon d’exposer ses arguments, une manière de converser qui nous forçait presque à l’écouter malgré tout. J’admirais sincèrement cela, connaissant son tempérament un peu mieux. Personnellement, tenir de tels discours m’était impossible. Je manquais de pratique avec les mots et je ne souhaitais pas en acquérir, au grand damne de certains de mes proches, principalement mon père et Kedaka, la lionne ermite qui m’a enseigné le senjutsu. Ils avaient désiré m’inculquer cet art, visiblement c’était un échec cuisant. Bref, tout cela pour dire que mon interlocuteur me charmait totalement, et faisait rejaillir des questions dans mon esprit. Aurai-je le culot de les poser de vive voix? Cette avenue était incertaine pour le moment. Naturellement, celle qui ressortait avec le plus de force ressemblait à ceci : qu’avait-il vécu pour en arriver à avoir une telle vision des humains? Ma curiosité causerait sans doute ma perte un jour, même aujourd’hui, si ma langue se déliait trop. Malheureusement pour moi, j’étais attirée comme un papillon vers la lumière. En conversant d’abord sur moi-même, j’en vins à la conclusion qu’il était ainsi possible que le miroir fasse effet, l’amenant à entrer plus dans les confidences. Qui ne tente rien n’a rien, tel est le dicton après tout… Je me lançais donc. La tête tournée vers lui, mes yeux ambrés perdus dans le bleu des siens, voilà que cette voix qui est mienne retentit de nouveau.
-Je comprends parfaitement la différence. Amusant, par contre, que je n’arrive pas à décider quelle est ma situation par rapport à la solitude…
Une courte pause s’imposait, ce qui me permit de rassembler mes idées. Je ne souhaitais pas non plus passer pour un ermite sorti de nulle part, incapable de s’exprimer correctement, oh non! Certes, mon village a été contraint de se priver de mes services durant plusieurs longs mois, pratiquement cumulables en terme d’année, mais ça n’était pas cela qui m’avait fait régresser dans le domaine du dialogue. Bref, il était temps pour moi de continuer sur ma lancée.
-Je n’ai jamais été portée à aller vers les autres enfants lorsque j’étais qu’une gamine. C’était le reste de la classe qui me voulait comme amie. Je me complaisais de les regarder de loin sans réellement interagir avec eux, affirmai-je, tandis que les souvenirs remontaient dans ma mémoire. Même ma toute première équipe, ces jeunes ne m’ont jamais intéressé, ce qu’ils sont devenus aujourd’hui ne m’importe pas. Ma confiance ne se gagne pas facilement, mon cœur encore moins. Les sentiments jouent trop de tours, et il est vrai que l’humain est imprévisible, précaire, à la fidélité douteuse, pour la grande majorité, terminai-je, la voix plus forte.
Rude, insensible, pensait-il cela de moi après avoir entendu de tels propos? Et puis, pourquoi m’en souciai-je?! J’exposais ma personnalité, à prendre ou à laisser. Il me restait encore une toute petite affirmation à verbaliser avant de pouvoir lui offrir le temps de réagir à tout cela. J’espérais tout de même qu’il ne fuirait pas, ou ne se braquerait pas.
-C’est pour cela que j’ai une idéologie fixe, à laquelle je tiens. Faire réaliser au monde leur erreur, combien il est plus facile de vivre dans l’action, sans se laisser envahir par de trop grandes émotions. La tâche sera très difficile, toutefois je me donne toute ma vie pour y parvenir, terminai-je, plus sereine.
Voilà, pour la toute première fois, une mince partie de mon projet sortait de ma bouche. Même mes invocations n’en savaient rien, puisque ça ne les concernant pas réellement. Leur habitat se trouvait bien éloigné de celui des hommes. Avais-je fait une bêtise en dévoilant ces faits? Un doute me prit, celui d’en avoir trop dit, celui qui me hurlait dessus que le regret s’emparerait de moi éventuellement. Malgré tout, une forte volonté m’animait… La chaleur de mon âme se répandra sur le monde, c’était une promesse!
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