Noël, il y a longtemps que je ne le fête plus comme avant. Il n’y a aujourd’hui que moi et ma mère pour se rappeler des moments en famille que l’on a passés et qui sont depuis trop longtemps révolus. Pourtant, il m’arrive de repenser à ces instants là qui sont légers et empreints d’une paix que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

«Rend le moi, Shika ! Ou bien je te fais exploser la tête ! » Il ria comme un con, tel son habitude et repartit de plus belle en courant à travers la ville. Le paquet qu’il tenait dans ses mains en balançant tel un vulgaire chiffon était le cadeau que j’avais trouvé pour ma mère et s’il osait l’abîmé, il en paierait cher de sa peau ! Dévalant les ruelles dans une course-poursuite effrénée, Shikaru avait toujours été plus rapide que moi, alors le garçon tenait aisément la distance et l’adolescente que j’étais à l’époque peinait tout juste à suivre sa cadence. Rapidement, néanmoins, nous quittâmes les grands bâtiments de la ville pour descendre vers les canaux où l’eau qui se jetait plus loin dans la mer coulait doucement. Le soleil se coucherait bientôt à l’horizon, je devais rentrer avant ma mère pour cacher le présent et Shikaru me menait la vie dure.

Mon équipier s’éclipsa d’un bond dans un des canaux, disparaissant sous un pont qui servait de passage entre deux rues parallèles. Sautant à sa suite, mes pieds vinrent atterrir sur l’eau dans un petit clap sonore. Il ne perdait rien pour attendre. Pénétrant sous le pont, la silhouette de Shika était adossée sur la pierre humide, le cadeau sous son bras. On aurait pratiquement dit qu’il me narguait. De sa main gauche, il tenait autre chose, un paquette plus petit que le mien. D’un mouvement léger, il me le lança. « Si jamais c’est encore une autre de tes plaisanteries, je… » « Ouvre le pour l’amour du ciel.» déclara-t-il en roulant des yeux. Je me tus, déchirant le papier maladroitement emballé. Pour le visuel, on y repasserait. Néanmoins, lorsque j’ouvris la boite découvert par l’emballage, le collier qu’il y avait à l’intérieur était magnifique. La perle d’un bleu profond reluisait légèrement et sa chaine était d’un argent pur. Je restai bouche bée, il fallait dire que je ne m’attendais pas du tout à ça. Lui me souriait, tout fier de son coup. Le salaud, il m’avait bien eu, c’était vrai. « Joyeux Noël, rabat-joie. » Et d’un mouvement souple, me lança le cadeau pour ma mère.