Sherlock & Watson

Pays de la Mer, Île Mère…

Le gong résonnait en cette matinée d’été… il résonnait à intervalle régulier d’un son grave et pesant… une légère brise soufflait, le vent marin passait au-delà des remparts qui entouraient la cité portuaire de Namito, et tandis que quelques archers suivaient machinalement le tracé des murailles, une foule s’était réunie à proximité du port, sur une place dégagée avec en son centre un échafaud, où se tenaient deux hommes. Le premier était plutôt joliment vêtu, long kimono d’apparat, couvre-chef allongé noir symbolisant son rang dans la hiérarchie du Pays de la Mer, arborant le blason du seigneur féodal en place, et tenant dans ses deux mains un rouleau de parchemin. Le second, quant à lui, semblait plus rustique… portant une tunique sombre et un pantalon noir, ses bras musclés nus portaient des plaquettes métalliques, une cagoule noire masquait sa tête toute entière et, entre ses doigts grassouillets reposait une hache à la lame acérée.
Quelle cérémonie…

Autour de l’estrade, plusieurs habitants de Namito observaient la scène, écoutant les déclarations du juge. Haranguant la foule de sa voix désagréable, il rendait hommage à la justice de la cour judiciaire de la cité portuaire, et annonçait l’arrivée du condamné. Oui, vous avez bien lu, du condamné.
Traîné de forces par quatre soldats, deux marchaient en tête, tirant des cordes reliées à une cangue, tandis que les deux autres pointaient le dos du pauvre homme à l’aide de lances, l’obligeant à avancer (N. B : Les cangues sont les outils de torture où les prisonniers étaient attachés par les poignets et au niveau du coup… au Moyen Âge, les villageois les huaient et leur jetaient des fruits… pourris la plupart du temps…). Le regard dirigé vers le sol, la marche lente et lourde à cause des séquelles lors des différentes séances de torture, le condamné suivait péniblement le chemin qui le mènerait jusqu’à l’échafaud. Certains habitants le huaient et lui crachaient au visage, alors que d’autres, plus respectueux, restaient silencieux et l’observait avancer, priant pour le salut de son âme.
Au cœur de la foule, mêlés aux quidams de la cité portuaire, se trouvaient deux étrangers, encapuchonnés et vêtus discrètement, arborant le symbole de Sunagakure no Sato sur leur bandeau frontal respectif. De chaque côté de l’échafaud, faisant face aux deux personnes déjà présentes sur ce dernier, les deux ninjas se tenaient prêts à intervenir. Pour quelle raison était-il ici ? Pour quelle raison se sont-ils déplacés aussi loin de leur désert natal ?
Revenons quelques instants dans le passé…

– FLASH-BACK –

Tandis que Thrys peinait à trouver le sommeil tout en pensant aux horribles songes qu’il fit la nuit dernière, quelqu’un frappa à sa porte, au beau milieu de la nuit. Alarmé par le bruit qui provenait du vestibule, notre héros se redressa sur son lit, alluma la lumière avant de tourner la tête en direction de la porte de sa chambre, attendant de voir s’il n’avait pas halluciné… Les bruits reprirent de plus belle et plus frénétiquement. Sans perdre une seconde, il se leva, se dépêcha d’atteindre l’entrée de son domicile avant de regarder, par pure précaution, à travers le judas. « Un ninja du Sable ? » pensa-t-il en voyant la personne de l’autre côté de la porte qui arborait la tenue officielle des shinobis de Sunagakure no Sato. Il approcha sa main des clefs toujours insérées dans la serrure, effectua deux tours avant d’actionner la poignée et de tirer la porte. L’air désolé de réveiller les gens de si bonne heure, le ninja du Sable salua son interlocuteur, qui ne lui répondit que par un simple soupir, n’ayant plus la force d’ouvrir la bouche. Le messager tenait dans sa main droite un rouleau de parchemin, qu’il tendit immédiatement à son destinataire. Thrys, en voyant le document s’approcher de lui, le récupéra, le déroula lentement tout en fixant son interlocuteur, souhaitant lui faire comprendre qu’il y avait une heure pour tout… et qu’à cette instant de la journée les gens normaux dorment !
Mais bientôt son agacement s’estompa lorsque ses yeux se posèrent sur le parchemin. Un message urgent de la part du Yondaime Kazekage, qui sommait notre Juunin de gagner le Palais Kazekage au plus vite. « C’est une blague ? » songea-t-il en haussant les sourcils, voyant mal son supérieur organiser une réunion à cette heure avancée de la nuit. Néanmoins, et à en juger les explications du ninja messager, le dirigeant du village avait bel et bien exigé que Thrys se présente au palais, et ce sans plus attendre.
Notre héros referma le document, remercia son interlocuteur, et lui proposa d’entrer, le temps pour lui de se préparer. Après tout, il pouvait très bien faire le petit bout de chemin avec le ninja du Sable.

Plusieurs minutes plus tard, et après avoir quitté son domicile, Thrys, accompagné du ninja qui lui avait transmis le rouleau de parchemin, gagna la résidence du Kazekage, qui, bien évidemment, était entièrement vide… à l’exception d’une lumière qui filtrait à travers une fenêtre au dernier étage.
Tout en continuant son chemin notre héros leva la tête et fixa la lueur orangée, avant de pénétrer dans l’imposant bâtiment… Personne… logique me direz-vous… Alors que le Sunajin s’arrêta quelques instants pour profiter du calme du hall d’entrée, chose assez rare dans la journée, le ninja qui était venu le chercher se dirigea vers les escaliers au fond de la pièce, et, après avoir constaté que Thrys tardait lorsqu’il se retourna, il le ramena à la réalité, le priant de le suivre. Chose que fit le jeune homme, sans broncher. Ils gravirent tous deux les marches et finirent par atteindre le dernier palier, où se trouvait le bureau du Kazekage, au bout d’un couloir.

Le Chuunin du Sable s’approcha de la porte, toqua à deux reprises puis après avoir entendu le Yondaime l’inviter à entrer, il ouvrit la voie, puis pria Thrys de s’avancer. « Bon… allons-y alors… » se dit-il en serrant les poings et en se dirigeant vers l’antre de son supérieur.

Le Yondaime Kazekage était un homme redouté par les habitants de Suna… Froid et dénué de sentiments, il inspire la crainte chez ses ennemis et dirige le Village caché du Sable d’une poigne de fer, capable de faire n’importe quoi pour en assurer l’avenir… et même commettre les pires crimes… à la naissance de son troisième enfant, il scella le démon à une queue Ichibi dans le corps de son fils nouveau-né, souhaitant l’utiliser comme une arme de dissuasion qui servirait à protéger le Sable… mais avec les années, l’hôte du démon, rejeté par les autres habitants du village, s’est construit une armure psychologique impénétrable, devenant un adolescent instable qui pouvait à tout moment détruire Suna… Et alors que la plupart des gens dénonceraient le Yondaime comme étant un père cruel, d’autres espéraient que son fils serait le protecteur du Sable…

Mais passons là cette histoire, et reportons-nous à notre intrigue. Thrys passa la porte, après avoir lancé un regard au ninja qui l’avait escorté jusqu’ici, et se présenta à son supérieur :

« Thrys au rapport, Kazekage-sama… vous souhaitiez me voir ? »

L’homme en question, dos à la porte, scrutait le village endormi depuis l’immense baie vitrée de son bureau. Il tourna légèrement la tête sur le côté, de telle sorte à ce que sa voix puisse être entendue de son interlocuteur, et lâcha, tout simplement :

« Tu pars en mission dès ce soir… »

Le Sunajin haussa les sourcils, ne s’attendant pas à une réponse aussi directe. En mission ? Au beau milieu de la nuit ? Bien qu’il aurait aimé demander la raison d’une telle décision, ou même s’indigner d’avoir été appelé en pleine nuit pour cela, il préféra se taire, ne souhaitant guère s’attirer les foudres de son supérieur… De plus, son enfance auprès des samouraïs du Pays du Fer lui avait enseigné le respect de ses aînés. Le père de Gaara se retourna alors, fixa le ninja dans les yeux, puis s’approcha de son bureau, avant de lui désigner une lettre qu’il avait reçu il y a quelques heures :

« Une lettre anonyme m’a été envoyée… notre ambassadeur au Pays de la Mer s’est retrouvé pris dans une histoire de meurtre… et d’après les mots de ce message, ce ne serait pas lui… il attrapa alors un rouleau de parchemin, le déroula légèrement puis prit de quoi écrire, avant de s’asseoir sur sa chaise. Tu pars dès ce soir, avec un autre ninja du Sable, en direction du Pays de la Rivière… un bateau vous attendra, et vous mènera jusqu’à l’Île Mère du Pays de la Mer…  Une fois débarqués à Namito, vous devrez sauver notre ambassadeur avant son exécution…  De nouveaux objectifs vous seront transmis une fois cette étape passée… »

Il plongea alors son nez dans son message, et y inscrivit quelques mots. Il congédia alors le ninja, après lui avoir demandé de patienter dans le hall, là où le rejoindrait le second Sunajin avec qui il formerait un duo. Thrys courba l’échine, fit demi-tour et s’approcha de la porte.
Mais alors qu’il allait la franchir, la voix grave de son supérieur s’éleva et résonna dans ses oreilles :

« L’échec n’est pas une option… »

Thrys s’arrêta sur ces mots, ferma les yeux, avant de quitter définitivement le bureau du Yondaime.
Il descendit les marches, se dirigea vers le hall, avant de se poser sur l’un des sièges, dans un coin dans l’obscurité, et attendit son futur coéquipier…

Une demi-heure après, un homme, lui aussi escorté, traversa le hall d’entrée du Palais Kazekage, puis se dirigea vers le bureau du leader de Suna, tout comme notre héros l’avait fait une heure avant… Thrys les observa passer, sans bouger, puis replongea dans ses pensées, attendant que le Juunin finisse son entrevue avec le père de Gaara…

Une vingtaine de minute après, alors que notre ninja sentait ses paupières s’alourdir, à cause de l’ennui et de la fatigue, des bruits de pas résonnèrent dans les escaliers, le réveillant de sa torpeur. Il se redressa de son siège, tira légèrement sur sa cape afin d’effacer les plis, et s’avança à la rencontre du ninja. Il l’observa quelques instants, puis dit d’une voix calme et posée :

« Toi aussi te voilà dans la peau d’un enquêteur ? Il esquissa un sourire, dissimulé par son masque mais visible par les plis au niveau de ses yeux, puis tendit la main, avant de terminer Thrys Kaosu, et toi ? »

– FIN DU FLASH-BACK –

Le gong résonnait de plus belle, et l’exécution allait bientôt avoir lieu. Tandis que l’homme attaché s’avançait péniblement jusqu’aux pieds des marches qui le conduiraient sur l’échafaud, Thrys lança un rapide coup d’œil à son coéquipier, de l’autre côté du billot, et hocha la tête discrètement, afin de lui faire comprendre que le spectacle allait bientôt commencer.
Derrière sa cape et son manteau, il approcha sa main droite de l’une de ses poches, avant de saisir du bout des doigts deux bombes fumigènes…