L'ennui. La chose qui poussait l'homme à réfléchir sur lui-même. J'étais là, assis sur un banc en plein village. Je m'ennuyais tellement. Pas de cobaye Pas de bras au plan spirituel. Donc pas de création de ninjutsu. Pas de laboratoire en bon état dans les environs. Donc pas d'expérience. Pas d'ouvrage passionnant sous la main. Pas envie de faire comme les abrutis et de chercher les conflits pour passer le temps. Le vide total. J'étais là. Je regardais les gens passer. Je les analysais. Je tentais de les comprendre. De cerner leurs caractères. Leurs ambitions. Une lecture froide en somme. Ce n'était pas compliqué. Les gens me parlaient beaucoup plus quand ils fermaient leurs grandes bouches. Cette activité que je pratiquais depuis l'enfance était surement la chose la plus ennuyeuse que je faisais dans ma vie. Mais je ne savais pourquoi, c'était ce que je faisais le plus souvent quand je n'avais rien à faire. Mes pas me conduisaient toujours à un endroit assez fréquenté. Un bar. Un banc. Un parc. Evidemment, j'étais masqué. J'avais revêtu l'apparence plutôt banale d'un homme, assez grand. J'ai néanmoins gardé ma chevelure qui tombait sur le visage assez fin de ce qui était un chevrier. Il avait fait une mauvaise rencontre le pauvre. J'avais troqué mon habit habituel pour vêtement plus discret. Cela ne me dérangeait pas beaucoup. Mon apparence m'importait peu. De toute façon, je n'étais plus homme depuis bien longtemps.
Je venais de rentrer d'un voyage où j'avais rencontré une charmante recrue. Bien que mentalement divisé, elle promettait d'être un sacré Kunoichi. Je repensai à elle un moment. Je devais retrouver Kubikiri. J'allais simplement attendre que quelqu'un l'a trouve pour aller ensuite la voler. C'était une tactique avantageuse pour moi. Presque aucun effort. Je n'avais qu'à demander à mes divers observateurs de porter une attention particulière à cela. Les armes légendaires. Très honnêtement, seul Kusanagi m'intéressait. Elle me faisait rappeler mes serpents. Etirable et mortelle. Nombre de fables circulaient à son sujet. Mais je n'en croyais aucune. Les analyses du métal montraient que rien de spécial ne se dégageait de l'épée. Et je parierai volontiers que les mêmes résultats seraient trouvés si j'analysai n'importe quelle épée légendaire, ou un trésor du Rikudo. Il y a malheureusement des choses que l'on ne pouvait atteindre. Enfin, que le commun des mortels ne pouvait espérer toucher. Mais je n'étais pas le commun des mortelles. Je nourrissais l'espoir secret d'atteindre un niveau de puissance semblable au Dieu des Shinobi. Mais j'étais loin du compte. Qu'à cela ne tienne, j'étais immortel, j'avais tout mon temps.
Mon attention se redirigea sur la foule. Effilée. Peu de gens. Ils passaient sans faire regarder autour d'eux, en fixant là où il mettait les pieds. Alors que je m'apprêtais à tomber dans le stéréotype de la personne qui philosophait en regardant le comportement solitaire des individus d'une foule, quelque chose lécha ma main. Au vue de la taille, de l'humidité et du bruit que cela faisait, c'était un serpent. Cela était assez courant. Je dégageai une sorte d'aura qui les attirait. Certains me fuyaient, généralement les inférieurs, c'est-à-dire tout serpent ne faisant pas partie de la Grotte Ryuchi. Exception faite des serpents blancs. Je ne pouvais les considérer comme inférieur. Ces magnifiques créatures étaient aussi belles que rare. C'était pour eux que j'avais abandonné mon enveloppe humaine. J'étais devenu un immense serpent blanc. D'ailleurs, le reptile m'ayant lécher la main en était un. Un joli spécimen. Il me regardait avec allégresse, comme-ci il me recherchait. Je ne comprenais pas le langage des serpents qui n'étaient pas originaire de la Grotte Ryuchi, mais celui-ci se semblait heureux de me voir. Ses pupilles dilatées montraient son excitation. L'inspirerai-je ? J'ouvris la paume de ma main et il y entra. La foule autour de moi regardait avec dégout. Je le ramenai près de mon visage. Il était petit, vraisemblablement dans son adolescence. Ses yeux transperçaient les miens. J'enlevai le camouflage à ce niveau pour que mes iris puissent faire de même aux siens. Nous restâmes quelques temps ainsi. Un sourire se dessinait alors sur mon visage. Mignon. Je n'accordais ce terme dans le sens mélioratif qu'aux serpents blancs - et au cadavre du Sandaime -. Cependant, le reptile semblait entretenu et domestiqué. A qui pouvait bien-t-il être ?
Quel calme. C'en était affligeant. Elle qui s'était éclipsée son village caché pour la ville voisine en espérant un peu d'action, elle était déçue. Non pas que les cris de poissonniers l'intéressent, non. Mais s'il pouvait se passer quelque chose dans sa journée, n'importe quoi, elle s'en contenterait. Malgré l'habitude, Hotarubi avait parfois du mal à ne supporter que la compagnie de son serpent pendant des jours complets. Et là, comble, il avait disparu. Et elle le sentait. Aussi bien au niveau psychologique que physique, puisque le vent s'engouffrait dans sa tunique et lui caressait son cou dénudé de tout reptile. La brune n'avait toujours pas compris la raison de la disparition de son protégé. Tout s'était pourtant passé comme toujours.
Elle était à peine entrée en ville, de son pas de sénateur peu pressé, que ce cher Dokuga s'était éclipsé dans sa manche. Chose habituellement courante, la brune n'avait rien dit. Elle était habituée au contact froid de leurs peaux si différentes. Si habituée qu'elle ne remarqua pas tout de suite l'absence de ce dernier, tant cela était imprévu. Il avait du glissé de sa manche et partir en chasse d'un rongeur frais ou de quelconque bestiole. Il allait revenir, elle en était persuadé. Il faut dire que l'animal a prit de véritables petites habitudes de pacha, et qu'il est bien difficile de retourner à la vie sauvage après ça. Enfin, tout ça pour dire qu'elle était persuadé que l'animal allait revenir en se tortillant élégamment sur lui même. Mais ça, c'était il y a bien une heure.
Une heure et toujours rien. Voilà qui avait commencé à l'inquiéter, notre petite Kuze. Elle qui faisait toujours sa forte tête, elle était outrée de voir que son compagnon ne soit pas revenu s'enrouler sur sa nuque. Voilà qui était bien étrange. Ni une, ni deux, elle s'était alors lancé à la recherche de ce tout petit serpent perdu dans cette foule de géants bipèdes. Pauvre petit. Hotarubi ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Il devait être inquiet, effrayé. Peut être lui avait-on marché dessus ! Oh le monstre ! Si jamais quelqu'un avait osé écraser de son vieux pied cloqué ce cher Dokuga, elle le réduirait en pâtée. Pour sûr ! Et c'est tout en trottinant, l'esprit envahi de pensées très peu objectives que la jeune Kunoichi finit par ''flairer'' la piste de son cher ami. Un morceau de mue sur le sol, ça ne trompe pas. La demoiselle avait donc accéléré la cadence, percutant les quelques touristes dans la précipitation, avant de finalement retrouver le serpent. Vous n'imaginez pas sa surprise lorsque celle ci le repéra dans la main d'un inconnu, lui susurrant des mots doux. Et dire qu'elle s'était inquiété pour Môssieur, alors que Môssieur allait parfaitement bien. Non mais, il mériterait de finir en sac à main tiens ! Malgré son petit excès de colère, elle s'approcha de l'étranger dont les longs cheveux noirs glissaient en toute liberté sur ses larges épaules et se posta , l'air hésitant. Non pas qu'elle était timide ou quoi que ce soit, juste que... cet homme, il l'intriguait. Était-ce son aura, sa carrure, ou l'univers qui semblait s'être arrêté de tourner quand elle avait posé les yeux sur lui ? Elle n'en savait rien, mais un frisson bien particulier parcourra son échine. Il releva les yeux, et quels yeux. Deux pupilles fines, d'un noir obscur, plongés dans un iris vert des plus impressionnant. Était-ce une tare, une maladie héréditaire ? Son regard lui rappelait celui de Dokuga. D'ailleurs, Dokuga !
Hotarubi cligna des yeux plusieurs fois dans l'espoir de revenir sur terre et tendit sa main vers le serpent, son serpent.
« Dokuga ? »
Reconnaissait-il son nom ? En tout cas, le reptile perçut la voix de la jeune femme et,l'associant à du positif, se tourna vers elle. Néanmoins, celui-ci hésita bien quelques secondes avant de changer de support, ce qui étonna la Kunoichi. Décidément, cette journée était bien étrange. N'osant reporter son regard dans celui plus que fascinant de cet être inconnu, elle se concentra sur ses cheveux. Quelle tignasse, il avait. Enfin, il fallait qu'elle s'explique. Elle ne pouvait pas débarquer comme ça, comme une de ces illuminés.
« Hotarubi est désolée. D'habitude, il ne s'éloigne que pour manger. »
Pendant ce temps, le petit blanc avait reprit son rôle d'écharpe, sur le cou de sa protectrice.
« Mais vous n'avez rien d'une souris... »
se permit-elle de rajouter, en un murmure.
Orochimaru Nukenin
Messages : 113 Date d'inscription : 08/03/2014
Fiche ninja Rang/lvl: SS - 81 XP: (86/400) Ryos: 2147
A peine m'étais-je poser cette question qu'une femme s'arrêta non loin de moi. Je posai mes yeux sur elle. Normalement, il y a deux types de réaction lorsque l'on voyait mes yeux : la peur, qui est suivi de près par la fuite, et mon identification, qui est aussi suivi par la fuite. Il était vrai que cela était un de mes principaux traits. Mes yeux. Mes cheveux. Ma peau. Ceux qui savaient à qui appartenait ces trois particularités prenaient généralement la fuite pour prévenir les autorités. J'étais surement trop dangereux pour eux. Mais cette femme ne bougea pas. Jeune. Des cheveux noirs. Des yeux d'une lumière obscure. On voyait du premier coup qu'elle n'était pas comme le commun des mortels. J'y décelai un certain intérêt pour des choses peu communes. Enfin. Cela n'était que l'intuition d'un vieux serpent. En parlant de serpent, la femme appela le reptile blanc qui se trouvait dans ma main. Elle l'avait nommé. Dokuga. Il lui appartenait donc. Intéressant. Une personne ayant pour animale de compagnie un serpent blanc. A part moi et Kabuto - récemment - je ne connaissais personne qui avait fait ce choix. Mon regard resta plongea dans le sien. Même quand son Dokuga partit la rejoindre. Elle m'intriguait. Qu'elle genre de personne pouvait avoir ce genre de hobby à part moi ? En tout cas, l'animal semblait l'apprécier. Encore heureux. Maltraiter cette espèce devant moi reviendrait à commettre un suicide.
Elle parlait d'elle à la troisième personne ? Intéressant. De nombreux hommes d'esprits disaient que cela cachait une enfance isolée. D'autres disaient que c'était le signe d'une mésestimation de soi. Certains allaient même parler de mauvaise constitution psychique. Moi je ne disais rien. Chaque chose était unique. Chaque généralité cachait une infinité de particularité. Et mon but n'était pas de dire, mais de chercher. Chercher. Le serpent ne s'éloignait que pour aller chercher sa nourriture d'après les dire de la femme. Elle ne le domestiquait donc pas entièrement. Cela m'avait l'air d'être un bon compromis. Il gardait ainsi des réflexes sauvages. Hélas, il gagnait aussi un sens de l'amitié vers l'homme. Elle marmonna quelque chose dans sa barbe inexistante. Je ne pus entendre que le mot souris. Elle en cherchait une ? Pour nourrir son adorable reptile surement. Je n'avais malheureusement rien de tel sur moi. Rien de comestible non plus. Nous étions dans un endroit relativement peuplé, il devait y avoir nombre de rongeurs assez conséquent dans les parages. Néanmoins, je ne me sentais pas l'âme d'un chasseur pour le moment. Le serpent et sa maitresse allaient devoir se débrouiller seuls.
Je continuai à fixer la femme et son écharpe vivante du regard. Inutile de prendre la peine de cacher mes yeux sous un subterfuge. Elle les avait vus. Les retirer de tout regard serait beaucoup plus suspect. Je stoppai de la regarder pour coller ma vue sur le mur d'en face. Rien ne s'y trouvait. Je voulais juste qu'elle puisse admirer mon profil. Non. Qu'elle puisse comprendre qu'il n'y avait aucun subterfuge dans mon regard, que cela était mes vrais yeux. Pas de lentille. Que mes véritables yeux. Toujours sans la regarder, je lui dis :
« Tu as nommé ton serpent ? Tu l'as depuis longtemps ? »
Les réponses ne m'intéressaient guère. Mais je n'avais rien d'autre à faire.
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