La veille de Noël, quartier Uchiha

Parcourant les rues avec enthousiaste, le petit Sasuke âgé de six ans s’émerveillait devant les multiples décorations ornant les maisons et les magasins. Les habitations éclairées de mille feux, les chants joyeux, le clan souriant et l’accueillant avec entrain, tout cela contribuait à faire illuminer les iris sombres du jeunot. En ce jour spécial, il cherchait des plantes et des fleurs hivernales. Pourquoi faisait-il cela? Que pouvait bien faire un garçon à vouloir constituer un bouquet? En fait, il désirait ensuite le donner à sa mère comme cadeau. La voir lui sourire, puis sûrement le gratifier un doux baiser sur le front, entendre sa voix mélodieuse le remercier… Il aimait tant Mikoto. Cette femme au grand cœur le rassurait constamment, lui offrait tout l’amour que porte une maman pour son chérubin. Heureux, le gamin souhaitait faire plaisir à sa famille en ce temps de l’année, puis les habitants du quartier semblaient tous disposés à l’aider sans rien demander en retour. Comment résister à sa bouille d’ange de toute façon? De ce fait, le futur déserteur allait visiter chaque personne possédant un jardin d’hiver, sollicitant leur générosité pour lui couper quelques petites branches ou fleurs. Après une dizaine de rencontres, toutes plus concluantes les unes que les autres, son bouquet était satisfaisant, très beau de son point de vue. Plusieurs femmes l’avaient aidé à le présenter d’une belle manière. En dépit de la saison, il était parvenu à obtenir des couleurs, et non seulement du vert et blanc. Ça emplissait son cœur de joie. En ce temps de l’année, tous volaient au secours des autres, même pour ce genre de choses bénignes. Le plus jeune représentant de sa lignée s’efforçait de faire attention maintenant, ne courant plus dans tous les sens, tandis que ses petites mains tenaient fermement son présent. Pourvu que sa maman l’apprécie!

Content et un brin fébrile, il se dirigeait à présent vers une boutique particulière, tout sourire. Sasuke possédait un peu d’argent de poche, que sa mère lui donnait lorsqu’il faisait des progrès sur les arts ninjas, mais également lorsqu’il exécutait quelques tâches ménagères, allégeant son fardeau à elle. L’Uchiha pourrait donc offrir un cadeau à son aîné qu’il admirait tant et à son père. Enfin arrivé, ses iris noirs s’émerveillèrent devant l’enseigne décorée pour ce temps des festivités. Après quelques secondes, il poussa délicatement du pied la lourde porte puis entra. Le marchand le salua poliment en dépit de son jeune âge. Un peu gêné, il répliqua à son tour un marmonnement de bonjour. Le propriétaire de l’endroit laissa tranquille l’enfant pendant qu’il regardait la marchandise. Toutefois, un gros problème vint rapidement pointer le bout de son nez. C’était bien caractéristique des mômes d’agir sans trop penser au préalable, sans faire de priorité ou de plan. Lorsqu’il voulut prendre une des armes du présentoir, la constatation lui frappa au visage. Ses deux mains s’occupaient déjà de tenir son magnifique bouquet… et il refusait de simplement le déposer là pour que celui-ci devienne moins beau, que ça ruine la façon dont les plantes et les fleurs étaient disposées. Avoir eu un pot… Soupirant, il se résigna à devoir rentrer chez lui et cacher le tout pour revenir terminer ses achats. Seulement, la magie de Noël opéra alors. À cette époque, le Konohajin était plus chanceux qu’aujourd’hui. Une voix le retint, puis il se retourna surpris vers la personne. Attendre, mais pourquoi? L’homme alla dans son arrière-boutique. Des bruits de métal et de verre arrivèrent jusqu’aux fines oreilles du noiraud. Après plusieurs minutes, le marchand revint avec un très beau pot, décoré pour la fête, entre les mains.

-Je te l’offre, tu peux mettre tes fleurs dedans, affirma-t-il, souriant.

Sans perdre de temps, l’ébène remercia le commerçant, puis déposa le bouquet dans le vase prévu à cet effet. L’admirant un peu, il put ensuite toucher à tout ce qui se trouvait dans le magasin sans se priver. Sa première idée pour Itachi c’était un large shuriken. Vu comment son aîné est doué avec les armes, ça lui ferait sans doute plaisir à recevoir, puis le petit se dit qu’il pourrait également l’observer durant ses entraînements. Il aimait tellement passer du temps avec son frère, constater à quel point il est un excellent ninja. En fait, il aspirait à devenir meilleur, plus puissant. Néanmoins, lui n’avait pas encore son sharingan… décevant. Sa bouille craquante prit inconsciemment une moue triste, avant que rapidement la joie du moment de l’année ne revienne en force. Désormais, il ne lui restait plus qu’à trouver un cadeau pour son père… et ça allait être difficile. En fait, Sasuke appréhendait beaucoup l’instant de le lui donner. Verrait-il dans les yeux si sévères de son paternel enfin de la fierté, ou plutôt cette éternelle indifférence à son égard, cette constante comparaison avec le plus âgé des deux enfants? Ça lui nouait le ventre, l’empêchait de bien songer à ce que son géniteur aimerait et avait besoin. Ses pas devinrent incertains, il regardait la marchandise sans réellement la voir. Heureusement, le généreux homme s’en rendit compte, puis demanda à l’enfant pour qui était ce prochain présent.

-Fugaku, répondit-il, ne l’appelant jamais papa.

Le commerçant conseilla alors au noiraud de prendre une sacoche d’arme, puisque cet objet est toujours utile pour n’importe quel ninja. Sasuke acquiesça, puis paya ses dépenses. Ravi, il se dépêcha de rentrer à la maison avant que sa famille ne revienne. Enfin, le gamin devrait éviter Mikoto qui ne sortait presque jamais, mais avec elle ça serait facile. Il cacherait tout dans sa chambre jusqu’au lendemain. Qu’est-ce qu’il avait hâte!

Noël, domicile de Sasuke

Déjouer sa mère la veille avait été comme prévu. En rentrant, elle s’approcha pour venir l’accueillir. Le petit lui avait simplement demandé poliment d’attendre, et la belle femme l’avait écouté. Ainsi, personne ne savait que le plus jeune de la maisonnée préparait tranquillement dans sa chambre les cadeaux pour tous. Oh, un brin naïf, évidemment, puisque Mikoto se doutait bien de quelque chose. En mère aimante, elle fit semblant, souriante, comme toujours. Il ne fallait pas briser la magie du moment! Bref, en se réveillant très tôt en ce matin de Noël, Sasuke débordait de joie, comme tout enfant ayant une famille aimante à ses côtés. Déjà ses beaux rêves le mettaient particulièrement de bonne humeur, avec en prime le fait de recevoir des cadeaux, de prendre part à un repas spécial avec ses proches et d’offrir ses présents le portaient sur un nuage. Il se jeta, au sens figuré, en bas de son lit, s’habilla rapidement puis courut vers la cuisine sans prendre le temps de replacer ses draps ni même de ramasser ses vêtements de nuit. L’enthousiasme le guidait purement et simplement. Le Konohajin souhaitait que cette journée soit parfaite, premier Noël depuis deux ans que son père serait là. En tournant un coin, sans savoir pourquoi l’enfant se retrouva sur les fesses. Après un « Itai », il leva doucement la tête. Itachi se trouvait juste devant lui, la mine découragée. Aussitôt, les joues du plus jeune prirent une teinte rosée, puis il baissa la tête, penaud. Sa moue contrariée était des plus craquantes. Il murmura un « désolé », tout en demeurant assis au sol. S’il y avait bien une chose que l’ébène détestait, c’était de se ridiculiser devant son aîné. Ça l’embêtait beaucoup…

-Fais attention Sasuke, ne te blesse pas en ce jour.

Une main apparut dans le champ de vision du moins âgé. Un peu boudeur, il mit quelques secondes avant de la saisir, content, au final, que son frère l’aide. Une fois debout, la gêne demeurait visible sur le visage du moins grand. Itachi invita d’un geste son cadet à le suivre. Instantanément enthousiaste, celui-ci s’activa. Plusieurs questions bouillonnaient dans son esprit, mais il se retint de les exprimer de vive voix. Son frangin était plutôt du genre mystérieux de toute façon, alors il n’y répondrait sans doute pas. Ils sortirent dans le jardin de la cour arrière. Le futur maître illusionniste désirait faire plaisir au petit en s’entraînant avec lui, en jouant aussi à la cachette. Débordant de joie, Sasuke accepta d’office, établissant l’importante règle que les techniques ninjas sont interdites. Il ne voulait pas de « tricherie » aujourd’hui! Leurs jeux débutèrent, ils s’y adonnèrent une bonne partie de l’avant-midi, jusqu’à ce que leur mère vienne les chercher. L’heure du dîner était arrivée. Les garçons l’écoutèrent donc, puis tous trois se dirigèrent vers la cuisine. Mikoto fut la première à s’installer à genou à table, Itachi ensuite, mais le noiraud nota l’absence de son paternel à la réunion. Pourquoi, se demanda-t-il. La seule femme expliqua qu’il rentrerait plus tard, pour le repas principal du soir. Déçu, mais satisfait de la réponse, il prit place. Le membre de l’ANBU fut celui qui discutait le moins durant tout ce moment. Taciturne, le jeune Uchiha s’interrogeait réellement à savoir comment il faisait, alors que c’était Noël. L’excitation le poussait à beaucoup s’exprimer, pourquoi son aîné était-il différent? Tant de questionnements pour un enfant… Bref, le reste de la journée fut similaire, les garçons passèrent du temps ensemble, puisqu’ils n’en avaient plus souvent l’occasion.

-Votre père est rentré! annonça joyeusement l’ex-kunoichi.

Arrêtant aussi net toutes leurs activités, le duo se dirigea vers l’entrée principale, un démontrant plus de gaieté que l’autre. Le soleil déjà bien bas dans le ciel, les célébrations étaient sur le point de commencer. Sasuke arriva le premier. Malheureusement, Fugaku n’accorda son attention qu’à ses enfants que lorsque l’aîné pénétra dans la pièce. Très peu de paroles furent échangées, et le moral du cadet descendant progressivement. Ça le blessait tellement cette indifférence, comme s’il n’était bon à rien. Tout tournait toujours autour d’Itachi, autour de son talent. Son ombre, voilà ce qu’il représentait pour sa famille… Une pointe de jalousie de plus en plus présente s’imiça dans son esprit. Son rêve de le surpasser prenait de l’envergure. Ainsi, il prouverait que lui aussi était un digne héritier de sa lignée! Au moins, le gamin n’eut pas le loisir de songer à cela plus longtemps que sa maman invita la maisonnée à table. Cette fois, le repas fut nettement plus silencieux que le précédent. L’homme posait parfois des questions à l’agent double, ça s’arrêtait là. Mikoto tâchait tant bien que mal de faire parler tout le monde, sans grand succès. Déjà pas très loquaces les mâles du clan Uchiha, en les réunissant ça ne changeait pas. Une fois les assiettes vides, les quatre se murent jusqu’à la pièce principale, la plus décorée. Les cadeaux emballés s’y trouvaient tous, même ceux qu’avait préparés le noiraud. Étonné, une timidité se saisit ensuite de lui. Il réalisa que sa mère savait depuis le début. Cette dernière demanda à tous de s’asseoir, puis elle amorça la distribution des surprises. Le plus jeune en premier, l’excitation s’empara à nouveau de son petit corps lorsqu’il développait ses présents. Des livres sur les arts ninjas, des armes, tout un nécessaire pour débutant.

La suite, l’ébène ne s’en rendit pas trop, occupé à contempler ses nouveaux articles, à s’amuser avec. M’enfin, cela jusqu’à ce que la mélodieuse voix féminine se fasse entendre, annonçant que ces cadeaux venaient de Sasuke. Les yeux ronds, il la regarda s’approcher pour lui exprimer sa gratitude pour lui avoir offert un bouquet de fleurs. Ses joues prirent une teinte rosée tandis que comme il l’avait imaginé, elle lui fit la bise sur le front. Elle tendit ensuite le paquet à Itachi. Au moins, lui parut aussi content de recevoir ce shuriken. Il remercia son jeune frère. Là, ce moment représenta l’un des plus stressants à vie pour l’enfant : son papa allait ouvrir le sien. Quelle serait sa réaction? À date, il conservait cette expression totalement détachée, comme s’il s’en fichait royalement. Déjà inquiet et vexé, ça fut pire lorsque, la sacoche en main, il leva à peine les yeux pour le regarder, lui. Le gamin baissa la tête, mal à l’aise. Une présence le sortit de sa torpeur.

-Merci Sasuke d’avoir pensé à toute la famille. Tu as un grand cœur mon fils, termina Mikoto, le ton rassurant, même fier.

Elle le prit alors dans ses bras, lui offrant tout son amour maternel. Il s’y abandonna, aimant beaucoup avoir son attention à elle. Peut-être était-ce mieux lorsque Fugaku était absent, mais, en y réfléchissant, ce Noël représentait le meilleur jusqu’à présent.

-Merci maman, murmura-t-il.